Ernest Shackleton : oser l’impossible est la seule attitude raisonnable

Les potentialités de l’esprit humain sont presque infinies. Celles de notre corps le sont beaucoup moins…
Coincé entre ces deux réalités difficilement conciliables, notre volonté oscille entre le zéro et l’infini. Cruelle alternative.
Mais l’Histoire de l’humanité met parfois en exergue quelques personnages qui surent outrepasser la faiblesse du corps et mettre leur volonté à l’unisson des ambitions de l’esprit.
L’explorateur Sir Ernest Henry Shackleton (1874-1922) symbolise l’archétype même de ces êtres humains qui nous démontrèrent que défier l’impossible est la seule attitude raisonnable.
Entre 1914 et 1917, Shackleton dirigea une expédition dans l’Antarctique officiellement appelée Imperial Trans-Antarctic Expedition, mais qui est plus connue sous le nom d’expédition Endurance (le trois-mâts qui donna son nom à l’expédition).
Cette longue expédition ne fut pas la première en Antarctique, ni la dernière.
Mais elle fut unique.
En effet, après un naufrage du navire dans les eaux glacés de l’océan Antarctique, l’équipage de l’Endurance (28 hommes) parvint à survivre pendant de nombreux mois grâce au courage et à la lucidité de leur capitaine : Sir Ernest Shackleton.
Rien ne leur fut épargné…
Vingt deux mois de galère par des températures dépassant parfois les -45° ! Mais ils survécurent tous…
Voici leur ahurissante histoire en quelques lignes.
Cette étonnante expédition initiée en 1914 avait à l’origine un double but :
– six hommes devaient accompagner Shackleton et traverser à pied l’Antarctique en passant par le Pôle Sud (soit 3 300 kilomètres…),
– pendant ce temps, le navire Endurance devait contourner le continent austral en allant de la mer de Weddell à la mer de Ross.
Naturellement, rien ne se passa comme prévu et l’Endurance se retrouva définitivement engoncé au milieu d’innombrables blocs de glace qui se refermèrent sur la coque. Prisonniers, les membres de l’équipage durent s’occuper comme ils le pouvaient.
Neuf mois plus tard (le 27 Octobre 1915), la pression exercée sur la coque par la glace fut telle que toute la membrure de L’endurance se déchira.
Les hommes quittent le navire et dérivent pendant près de 1 000 kilomètres. Ils s’installent sur un premier bloc dérivant, puis ils installent un second bivouac lorsque le premier s’avéra être trop dangereux.
Trois mois plus tard la glace commence à se craqueler et les hommes d’équipage mettent leurs canots à l’eau afin de s’échapper de cette prison glaciale balayée par les blizzards.
Ils débarquent enfin sur l’île Elephant le 18 Avril 1916.
Mais leur « odyssée pétrifiée » ne s’arrête pas là…
Quelques jours plus tard, Shackleton organise la construction d’un abri, puis il décide de partir avec 5 hommes à bord d’un canot afin de trouver du secours.
Ces « damnés des glaces » rameront pendant 1 300 kilomètres dans les mers les plus hostiles du Monde avant de trouver refuge en Géorgie du Sud. Comme le hasard fit qu’ils arrivèrent du mauvais côté de cette île gigantesque, ils durent encore marcher pendant plusieurs jours avant de retrouvez un embryon de civilisation auprès des baleiniers installés le long de ces côtes hostiles.
Ils peuvent enfin donner l’alerte, et un bateau chilien parvient à récupérer le reste de l’équipage alors qu’il ne leur restait plus que… deux jours de vivres !
L’expédition Shackleton fut donc un échec, pire : un désastre…
Mais ce qui marqua profondément les esprits c’est que le courage et le sens de l’organisation de Shackleton permit de sauver tout l’équipage, alors que ces valeureux marins vécurent pendant de très longs mois dans l’endroit le plus inhospitalier qui soit sur notre planète, et dans les pires conditions imaginables.
Pétrifiés dans la glace et totalement affamés pendant un an et demi, ils devaient normalement périr les uns après les autres. Ou devenir totalement fous…
Mais, grâce au charisme et à la volonté d’un homme -Sir Ernest Shackleton- ils réussirent à maintenir en eux cette petite flamme qui ne vacille jamais. Cette petite flamme qui brasille dans le cœur de chaque femme, de chaque homme, et qui nous remémore dans les moments difficiles : « courage ! Tiens bon ! Ne baisse jamais les bras… ».
Cette flamme là est unique. Et grâce à Shackleton et à son indomptable courage, nous savons désormais que nous sommes tous capable d’oser l’impossible, tout en nous remémorant que chaque réponse est déjà une nouvelle question.
Il faut simplement le vouloir et ne jamais donner crédit à ceux qui prétendent qu’il est plus simple de renoncer…
Si vous désirez en savoir plus sur cet explorateur de l’impossible, nous vous recommandons la lecture de : Sir Ernest Shackleton : grandeur et endurance d’un explorateur (1874-1922) par Brigitte Lozerec’h (Editions du Rocher).