Article dans « Le Populaire du Centre »

 

Oksana & Gil Prou au Festival de SF de Bagneux en 2010

Limousin d’adoption et ancien cadre supérieur à la FNAC, Gil Prou écrit avec Oksana des oeuvres de science-fiction.

Lui, 61 ans, a été enseignant et surtout cadre à la FNAC. Elle, 28 ans, est actrice de cinéma pornographique. Improbable tandem, qui pourtant fonctionne, témoin son travail d’écriture.

Gil Prou, Parisien pur jus, est venu vivre en Haute-Vienne voici deux ans. Et comme il s’y sent bien, il n’a pas l’intention de repartir. Passionné depuis toujours par – entre autres ! – la cosmologie, la physique fondamentale, les « littératures de l’imaginaire » – comme il les appelle – il rencontre Oksana par le biais d’une connaissance commune et sympathisent.

Et, surtout, tous deux se découvrent des centres d’intérêt commun, dont l’Egyptologie.

Du coup, à partir de 2007, les voilà qui se mettent à écrire à quatre mains un roman de science-fiction, empreint de poésie et de philosophie et dont l’intrigue se déroule sur… trois millions d’années !

« Cathédrales de brume« , préfacé par le réputé astrophysicien Jean-Pierre Luminet, est accepté par l’éditeur Rivière Blanche (492 pages, 28,50 euros) : http://www.riviereblanche.com/cathedrales.htm  

Séduit, le musicien David Sabre, qui porte le projet Dawn & Dusk Entwined (dark ambient) a crée une ambiance sonore collant à l’ouvrage et édité un CD : http://www.myspace.com/cathedralesdebrume

Encouragé par de bonnes critiques, nos deux compères ont récidivé cette année en publiant un thriller d’anticipation chez Interkeltia, « Katharsis » (400 pages, 16,50 euros), récit à suspense dans lequel une mystérieuse organisation menace de faire disparaître l’humanité. Il est préfacé par le philosophe et naturaliste Yves Paccalet : http://www.interkeltia.com/Fiches-livres/f-katharsis.htm

Ils ont également écrit une nouvelle pour une anthologie baptisée « De capes et d’esprits« , qui sortira cet hiver chez Rivière Blanche, et viennent de terminer un essai, « Les métamorphoses d’Eros« , qui « met en lumière le concept de « vision holistique du monde » », précise Oksana.

Ce n’est pas tout : le duo assure que le réalisateur Jan Kounen (« Doberman« , « Blueberry« , « 99 francs« ) a entre les mains leur propre scénario de « Cathédrales de Brumes » et se montre intéressé.

Toujours à propos de « Cathédrales… », des tomes 2 et 3 sont en projet. Attendus impatiemment par leurs fans !

Le lien vers l’article : http://www.lepopulaire.fr/editions_locales/limoges/le_decapant_duo_de_la_sf@CARGNjFdJSsGExIDChk-.html

Interview Oksana (dec 2009) pour Dailynord.fr

Oksana (photo Yves Cham)

Oksana, star du X et écrivain

Par Nicolas Montard • le 09 décembre 2009 • Dans la catégorie DailyUne, Petite histoire Lis moi avec webReader

Je suis née à Maubeuge, je vis à Valenciennes, j’ai reçu de nombreux prix pour ma carrière d’actrice, je viens de sortir un bouquin. Qui suis-je ? Vous ne savez toujours pas ? Il fallait peut-être préciser le genre de film : pornographique. Oksana vous exclamez-vous derrière votre écran avant de vous reprendre « non, je te jure, je savais pas ma chérie… ». A 27 ans, l’une de nos plus fières représentantes dans le monde du porno est désormais écrivain. DailyNord ne pouvait pas laisser passer l’occasion d’en parler.

oksana Actrice pornographique et écrivain. La dualité peut faire sourire, il faut bien l’avouer. Une actrice porno n’a forcément rien dans le ciboulot, c’est bien connu. Alors, écrire un pavé de près de 500 pages, on y croit à peine. Vérification faite, sur la couverture figure un autre nom, celui de Gil Prou. Ouais, ben ceci explique cela. Elle a juste mis son nom là-dessus pour faire vendre. Eh bien non, assure Oksana, auteur de Cathédrales de Brume : « Avec Gil, ça fait quatre ans qu’on se connaît, explique Oksana. On a d’abord mis deux ans à écrire le projet. Et ensuite, on s’y est mis. Moi, je m’occupais plus de côté émotionnel, Gil du côté plus technique. Et on échangeait nos textes. » Pour donner une histoire de science-fiction autour d’un naufragé de l’espace à la recherche de son univers. Une thématique pas si étonnante que ça selon la jeune femme : « L’univers et le sexe sont deux choses qui passionnent le monde. »

« La pornographie n’est pas un crime »

Sexe. Nous y voilà. Car pour le moment, la célébrité d’Oksana ne vient pas de ses écrits (qui ne sont pourtant pas mal, voir l’encadré, car on a lu le bouquin). Mais de ses exploits filmés. Salope 3, Madame, La Veuve, Oksana, flic en uniforme, pas besoin de faire un dessin, on ne regarde pas Oui-Oui fait du ski. Oksana est actrice pornographique. Et le revendique fièrement quoique puissent en penser certains esprits étriqués : « Déjà, la pornographie n’est pas un crime. Ensuite, ce n’est pas dégueulasse, tout dépend comment c’est fait. Alors, les gens qui me jugent… C’est marrant ça : le sexe, tout le monde pratique, mais c’est encore tabou en 2010…. C’est du plaisir. Alors pourquoi se cacher ? »

Pourquoi pas en effet ? En tout cas, Oksana n’a jamais eu envie de se planquer. Née à Maubeuge, titulaire d’un DEUG MIAS (Mathématiques, informatique et applications aux sciences), elle est tombée dans le monde du sexe assez tôt. « J’avais envie de découvrir ça. Pour moi, c’était une expérience. » Elle tourne alors dans son premier film à 21 ans, avec le hardeur Manuel Ferrara, qui deviendra une star outre-Atlantique. Elle, sera repérée par le pape du porno Marc Dorcel. En 2005, elle commence à collaborer avec lui. Et c’est l’enchaînement. Elle passe dans les médias, à la télévision, parraine des salons érotiques, etc. Et joue parallèlement dans une vingtaine de films. Seulement ? Faut dire que celle qui habite à Valenciennes a quelques exigences qui ne plaisent pas forcément au milieu : « J’ai toujours choisi mes films, je n’ai pas tourné n’importe quoi. Jamais de gonzo (porno sans scénario) et j’ai toujours imposé les préservatifs sur les tournages. »

Oksana TV, antenne sensualité

Exigeante l’Oksana ? Faut dire qu’à l’entendre, le porno n’est pas juste bon à assouvir quelques pulsions. « On peut faire du bon porno, assène-t-elle. Les gens n’achètent pas forcément que pour le X. Ils attendent d’autres choses aussi : une vraie histoire, un vrai scénario en dépassant l’angle caricatural. Et surtout amener un peu plus d’émotion. » Volonté qui peut prêter à sourire mais à laquelle Oksana croit dur comme fer sans mauvais jeu de mots. Au point de créer sa propre société de production, Oksana TV, à peine un mois au compteur : « Je compte désormais produire mes propres films, confirme celle qui était encore en tournage il y a quelques jours en Belgique. En fait, je commençais à avoir du mal à trouver mon épanouissement dans la production française actuelle. » Trop usine à fric et ne laissant pas de place à la sensualité. « Oksana TV me permettra également de faire des vidéos plus personnelles, de petits reportages, ce sera plus épanouissant. Avec des gens qui ne sont pas forcément issus du X, c’est intéressant. »

Des Valenciennois pensent qu’elle se balade nue…

Epanouissant certes. Mais on se doute qu’Oksana compte aussi les euros. D’autant qu’elle sait qu’une carrière pornographique ne dure pas toute une vie. Et, contrairement à ce que l’on peut penser, tourner dans un film X ne rapporte pas des milliards. « C’est plus le téléchargement d’images sur internet par exemple qui est une rentrée d’argent. Ou les shows en discothèques. Mais je ne me plains pas, je gagne bien ma vie. » En diversifiant ses revenus et en jouant sur son nom, à l’instar de ceux qu’on pu faire deux autres égéries du porno, la nordiste Brigitte Lahaie ou la célèbre Clara Morgane ? Elle ne s’en cache pas. Et cela a-t-il pu l’aider pour trouver un éditeur, Rivière Blanche, à son nouvel opus ? « Peut-être. En tout cas, je n’ai pas hésité à mettre ce pseudo. Alors si bien sûr des gens peuvent avoir des a priori, finalement, je m’en fiche. Je ne m’occupe pas du qu’en dira-t-on. Je vis ma vie. » En n’hésitant pas à se balader dans Valenciennes, où elle vit actuellement. Sans crainte ? « Ça se passe super bien dans la rue, sourit-elle. Bon, parfois, après une exhib dans une émission où je n’ai rien sous le manteau, des gens croient que je me balade comme ça, je leur explique que je m’habille quand même ! » Elle peut désormais ajouter qu’elle écrit. Deux autres tomes sont d’ailleurs en préparation.

Le blog d’Oksana, Oksana TV (interdit aux moins de 18 ans)

DES CATHEDRALES BIEN EDIFIEES

cathedrales La question vous brûle les lèvres : que donne l’alliance d’une star du porno et d’un ex-responsable de filiales de la FNAC ? Eh bien, au risque de décevoir les détracteurs, Oksana et Gil Prou tirent bien leur épingle du jeu avec leurs Cathédrales de brume. Un roman de science-fiction avec lequel les deux auteurs voulaient faire passer les messages suivants : «nos différences nous enrichissent »,  «l’être et le paraître »,  «la sensibilité et les émotions ». Les messages passent : notre naufragé de l’espace, accompagné de sa sentinelle électronique, s’avère au final un compagnon plutôt agréable à la lecture. Alors, bien sûr, ne nous excitons pas, Cathédrales de brume n’est pas le roman du siècle, il arrive à l’intrigue de parfois s’enliser, notamment à cause d’un style parfois trop littéraire. Mais le roman a largement sa place en librairie et séduira les aficionados du genre.

Cathédrales de Brume, éditions Rivière Blanche. Disponible à la FNAC par exemple.

 

Interview pour le site Mythologica.net

Nous vous proposons aujourd’hui un entretien avec deux auteurs assez atypiques de la scène imaginaire française : Oksana & Gil Prou. Auteurs de Cathédrales de Brume nous leur avons posé quelques questions afin de mieux comprendre quel a été leur processus d’écriture, quelles ont été leurs influences mais aussi de leurs projets futurs. Maintenant j’arrête mon blabla et je leur cède la place…

Mythologica.net : Bonjour à tous deux et merci de prendre le temps de répondre à ces quelques questions. Votre bébé, Cathédrales de Brumes, est en librairie depuis quelques temps déjà. La chronique sur le site se trouve d’ailleurs ici. Comment deux personnes au parcours et au style si différents en sont venus à écrire de la science-fiction, et surtout ensemble. En ce qui te concerne Oksana comment en vient-on du film de charme à la science-fiction (même si je me doute que cette question t’a déjà été posée cent fois…) et toi Gil pourquoi après avoir dirigé la FNAC te tournes-tu vers l’écriture alors que tu aurais pu réaliser énormément d’autres choses. Le rayon SF de la FNAC n’étant même pas très important pour eux…

Oksana : Bonjour Mythologica et merci pour la chronique !

J’aborde simultanément le X et la science fiction comme un même univers, mystérieux à découvrir, à décrypter et à enrichir. Tout devient possible ainsi. Dans le domaine du sexe et de la cosmologie on est très loin d’avoir fait un tour d’horizon complet. Le sexe et l’univers symbolisent un sujet universel qui passionne le monde depuis la nuit des temps. Dans ce contexte unissant sensualité, émotion et émerveillement devant les beautés du cosmos, les horizons transgressifs proposés par la SF se déploient sans cesse devant notre imagination.

C’est pour cette raison que notre premier roman est souvent empreint de sensualité et d’une fantastique envie de découvrir l’autre. Et ceci même si l’autre est un extraterrestre à la pensée fragmentaire ou un crocodile géant !

Enfin, j’ai toujours été intéressée par l’écriture. Récemment, j’ai réalisé des reportages et rédigé des chroniques pour la version française de la revue « Les filles de Penthouse ».

Gil Prou : J’ai quitté la FNAC en 2000. Trois tours du monde plus tard, j’ai décidé de poser mon sac et de me consacrer à l’écriture car mes activités précédentes ne m’avaient vraiment pas laissé le temps nécessaire. J’avais déjà fait quelques essais littéraires, il y a très longtemps, lorsque je collaborais à la revue « Actuel » (essentiellement des chroniques de disques). Mais ce désir de partager avec les lecteurs des émotions se noyant dans une intrigue fantasmagorique devint très forte au fil du temps.

Oksana et Gil Prou : Comme nous nous connaissons depuis plusieurs années, l’idée d’écrire ensemble s’est insensiblement imposée à nous. Nos personnalités étant très différentes (c’est le moins que l’on puisse dire !) et nos centres d’intérêts étant très proches, l’osmose littéraire se concrétisa presque immédiatement.

Naturellement, nous aurions pu coécrire des récits mêlant sexe, argent, pouvoir et vengeance. Ce cocktail réussit généralement fort bien…

Mais notre ambition était toute autre car nous souhaitions développer dans nos romans une approche très personnelle de la vie que l’on pourrait définir comme étant une sorte de « paradigme de l’iceberg » que l’on peut résumer ainsi en quelques lignes. Tout comme nous ne voyons que 10% de la masse d’un iceberg lorsque nous naviguons près de lui, toute la complexité de la vie se réduit souvent aux apparences, parfois même à la surface des apparences… Etant tous les deux passionnés par la cosmologie et la gravitation quantique, nous pouvons confirmer que ce constat se vérifie éloquemment dans ces domaines scientifiques qui nous obligent systématiquement à « élargir le regard ». Cette ambition nous convient totalement.

M.net : L’intrigue du roman surprend un peu, surtout quand on lit entre les lignes et que l’on ne s’arrête pas aux premières impressions. Avez-vous souhaité utiliser un scénario pour développer vos idées un peu plus profondes ou bien l’inverse ?

Oksana : J’aime quand on peut lire entre les lignes… Dans la vie il ne faut jamais s’arrêter aux apparences. Derrière chaque visage il y a une âme différente, et cette âme est rarement le strict reflet du visage. L’Homme a souvent l’impression de maîtriser le monde, mais beaucoup de chose lui échappe car il omet de franchir la fragile surface du miroir de ces mêmes apparences qui polluent notre sensibilité et nos capacités de réflexion.

Gil Prou : Dans notre démarche créative, ce fut l’inverse en réalité car, en façonnant les différentes péripéties et en écrivant le roman, des images  cinématographiques nous venaient continûment à l’esprit. Nous avons donc écrit un scénario qui s’inscrit dans le strict prolongement du récit.

Oksana & Gil Prou : Par ailleurs, notre roman est plutôt conçu comme un conte car il mêle inextricablement des réalités cosmiques et des fantasmes intimes. Condamné à errer dans l’espace pendant plusieurs millions d’années sans pouvoir bouger ni mettre fin à ses jours, notre héros doit rêver son destin et le façonner à sa mesure. C’est pour cette raison -et en raison du caractère atypique de notre postulat de départ- que nous poussons jusqu’au paroxysme les ahurissantes potentialités de la Théorie des cordes, de celle du « multivers » et des trous noirs.

Nous sommes donc très éloignés du space opera classique et avons cherché à mettre un peu d’onirisme et de poésie dans cette tragédie humaine hors norme.

On peut signaler aussi que certains ingrédients caractéristiques du space opera sont développés ici dans un cadre qui annonce une quête plus ambitieuse encore (ce roman devrait se poursuivre dans le cadre d’un « triptyque » s’immergeant dans les arcanes du multivers). La préface de Jean-Pierre Luminet met parfaitement en exergue certains de ces points.

M.net : Comment se passe l’écriture à quatre mains ? Cela a-t-il par moment créé des dissensions ou bien le principe a-t-il été facilement mis en place.

Oksana & Gil Prou : Ecrire à quatre mains est extrêmement facile lorsque les deux auteurs se partagent bien le travail. Dans notre cas le principe est simple : Oksana s’occupe principalement de l’humain et des émotions et Gil s’occupe principalement de l’environnement matériel et des péripéties. Ensuite tout va très vite : identification d’une idée de départ, organisation des grandes articulations du récit, puis mise en place des principales péripéties.

Puis on écrit un premier jet (le résultat est généralement assez décevant) et on retravaille le texte. Encore et encore… Par phases successives l’épure originale prend forme et le travail le plus excitant commence alors : donner vie à l’ensemble !

Cela occasionne d’innombrables discussions, mais jamais de dissensions.

Cette façon de travailler nous convient parfaitement car elle nous permet de mettre en œuvre une véritable alchimie qui se nourrit de nos différences. Et l’arithmétique de nos émotions et de nos imaginations cumulées s’étoffe toujours un peu plus à chaque phase de l’écriture.

M.net : De fortes connotations écologiques sont lisibles dans ce roman. Etait-ce une volonté de votre part de défendre ces théories ? Faites-vous autre chose parallèlement pour défendre cette cause ?

Oksana : L’écologie et la problématique de l’environnement sont des sujets qui nous passionnent. C’est quelque chose qui nous concerne tous !

Notre planète est de plus en plus polluée. Les guerres et la pauvreté croissent sans cesse. Tout le monde ne vit pas confortablement sur notre planète. C’est le moins que l’on puisse dire. En 2009, un milliard d’êtres humains ont faim et un enfant meurt toutes les cinq secondes en raison d’une eau insuffisante ou trop polluée !

C’est aberrant et honteux pour notre XXIe siècle. Une fois que nos ressources seront épuisées et que la Terre ne suffira plus à assouvir nos fantasmes de domination et de conquête, où irons-nous ?

Nous penserons alors à nous implanter sur une autre planète. Pour refaire les mêmes erreurs ?

Je pense que si des extraterrestres étaient susceptibles de voir cela, ils ne feraient certainement pas notre connaissance et ne comprendraient pas notre logique et l’étrange façon que nous avons de nous servir de notre… intelligence !

Gil Prou : Nous aimons la Nature dans son sens le plus large : les animaux, les plantes, la beauté des paysages. Ceci apparaît clairement dans notre blog : www.oksanaetgil.skyrock.com .

Naturellement l’aveuglement humain actuel nous révolte et nous redoutons les effets catastrophiques de la disparition de la biodiversité et de la salutaire différence qui existe entre les êtres depuis les aubes du précambrien. Nous sommes tous les deux perpétuellement en quête d’altérité, et cette quête passe aussi bien par la philosophie que par la sensualité…

C’est pour cette raison que, dans « Cathédrales de brume », nous faisons la part belle à des êtres vraiment différents. Nous les aimons ; et nous revendiquons clairement ce choix.

Oksana & Gil Prou : Dans le même ordre d’idée, certaines des intrigues amoureuses du roman sont résolument « décalées ». Mais, là encore, la culture des différences symbolise une volonté d’appréhender l’autre dans sa totalité et non par le prisme biscornu des apparences. Cette démarche est typiquement néoplatonicienne car elle s’articule sur la prééminence de l’Un et l’acceptation totale de la « coïncidence des opposés » chère à Nicolas de Cues…

Pour répondre à la dernière partie de la question, nous pensons que si nos romans aident certains lecteurs à se poser quelques questions importantes sur eux-mêmes et leur relation aux autres, nous n’aurons pas perdu notre temps.

Chaque réponse est une nouvelle question. Et l’arborescence est sans fin.

M.net : J’ai vu également qu’un groupe de musique s’était inspiré de votre roman à tous deux pour sortir un album. Comment cela s’est-il passé et les deux projets ont-ils finit par se nourrir ?

Oksana & Gil : En écrivant le scénario de « Cathédrales de brume » (le titre du screenplay est « Soliloquium in splendor ») nous imaginions les différentes scènes tout en nous efforçant d’y inclure une musique qui mette en valeur les séquences les plus fortes émotionnellement parlant.

La musique de certains groupes de Dark Ambient nous venait immédiatement à l’esprit : Lustmord et Raison d’Être par exemple.

Nous cherchions donc une musique qui pourrait constituer une bande originale de film. Le label suédois Cold Meat Industry (www.coldmeat.se) nous apporta la solution en nous faisons découvrir les atmosphères martiales et envoûtantes de « Dawn & Dusk Entwined ».

Nous avons contacté David Sabre via MySpace. Nous lui avons présenté le synopsis de l’intrigue, puis nous nous sommes rencontrés.

Trois mois plus tard les 27 morceaux étaient composés, chacun reprenant une péripétie ou une séquence du scénario.

Nous sommes très fiers de ce partenariat qui symbolise parfaitement les connivences que l’on peut concrétiser entre des domaines et des disciplines différentes. Schopenhauer prétendait que « l’architecture est de la musique congelée » (Le Monde comme volonté et comme représentation) et cette image nous plaît bien car elle corrobore notre volonté -dans nos romans comme dans nos vies- d’évolution perpétuelle entre des mondes différents, des sensibilités différents. Des univers différents.

Ceci explique aussi l’étrange accointance littéraire réunissant une star du X passionnée par la cosmologie et un amateur de Dark Metal passionné de poésie.

M.net : Comment a été reçu ce premier roman à la fois par les journalistes et chroniqueurs mais aussi par le public car je crois que vous vous déplacez sur les salons pour rencontrer vos lecteurs…

Oksana : Notre premier roman a été plutôt bien accueilli par celles et ceux qui l’on lu entièrement.

Notre approche étant assez atypique, certaines personnes sont déroutées au début, mais le dialogue avec les lecteurs lors des salons permet d’expliquer la raison d’être de certaines péripéties ou l’emploi (dans le premier roman en tout cas) d’un vocabulaire qui peut paraître exagérément luxuriant.

Gil Prou : Par ailleurs, nous n’avons nullement pour objectif de plaire à tout le monde… Mais si nos romans permettent l’ouverture d’un débat ou de discussions sur des problèmes de fond, nous aurons remplis notre mission.

La rencontre avec nos lecteurs -ou nos futurs lecteurs- est un instant privilégié et particulièrement fécond. C’est pour cette raison que nous participerons à plusieurs festivals de SF.

M.net : Je crois qu’un second roman est d’ores et déjà prévu chez un autre éditeur. Pouvez-vous nous en dire plus à la fois sur la date de sortie mais aussi sur le contenu ?

Oksana : Notre second roman : « Katharsis » sort effectivement au mois de mars 2010 aux Editions Interkeltia : http://www.interkeltia.com/Fiches-livres/f-katharsis.htm . C’est un roman de SF fondamentalement différent car il se situe dans un avenir proche et prend la forme d’un thriller écologique. Le thème étant cruellement d’actualité et l’ensemble des données prises en compte étant tout à fait réaliste et crédible (une seule information utilisée dans le récit est volontairement exagérée d’un facteur 10), le philosophe et écologiste Yves Paccalet a immédiatement accepté de rédiger une préface pour « Katharsis » après avoir lu le manuscrit.

Il y a effectivement une évidente synergie entre son essai le plus célèbre : « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! » et notre roman.

Gil Prou : Ce thriller évoque un chantage à la finalité apocalyptique -dans le sens congru du terme « apocalyptique »- si les gouvernements des principaux pays refusent d’obtempérer à une triple requête visant à protéger notre planète et nous-mêmes du drame environnemental et social qui couve.

Nous n’en dirons pas plus, mais cette intrigue nous place à l’aplomb de notre propre abîme. Et tous les éléments enrichissant les différentes péripéties du roman sont déjà en germe dans notre société en 2009.

M.net : Quels sont les prochains évènements auxquels vous avez prévu de participer, afin que vos lecteurs puissent vous rencontrer ?

Oksana & Gil Prou : Nous participerons aux 6eme « Rencontres de l’Imaginaire » à Sèvres (12 Décembre), puis au festival « Zone Franche : les Mondes Imaginaires » à Bagneux (13 & 14 Février 2010).

Par ailleurs, nous serons en dédicace le samedi 20 Février (à partir de 15h 30) à la librairie Gibert Joseph située à l’angle du Bd St Michel et de la rue de l’Ecole de médecine. Nous devrions être avec Kurt Steiner, Alain Blondelon et P-J Herault.

D’autres dédicaces devraient suivre.

M.net : Merci en tout cas d’avoir pris la peine de répondre à ces quelques questions et je vous laisse bon courage pour la suite de vos aventures science-fictionnelles.

Oksana & Gil Prou : Merci beaucoup d’avoir pris part à notre aventure en nous consacrant cette interview !

Entretien réalisé par Deuskin

Interview pour Fantastinet (6 Octobre 2009)

Allan : Bonjour Oksana et Gil. Je vous laisserai d’abord, si vous l’acceptez, passer par la terrible épreuve de l’auto-présentation, pour nous indiquer votre parcours si cela ne vous gêne pas.

Gil : Après des études supérieures en Egyptologie à la Sorbonne et une participation à l’aventure de la revue Actuel au début des années 70, j’ai occupé plusieurs postes à la FNAC. J’ai dirigé le Département Disques de la FNAC Montparnasse, puis la filiale chargée de l’importation de tous les produits culturels. Fin 2000, j’ai entamé trois tours du monde -une quarantaine de pays visités- en privilégiant l’Asie du sud-est et la zone Pacifique (principalement Mélanésie et Micronésie).

J’écris des romans avec Oksana depuis 2007.

Je me passionne pour les sciences de la Nature, la philosophie, la poésie. J’aime aussi les musiques sombres (Dark ambient, Doom, Dark metal) et le contact avec les civilisations oubliées (Antiquité) ou que l’Homme moderne souhaite oublier et qualifie parfois de « peuples premiers ».

Oksana : Epicurienne, j’aime les plaisirs de la vie. Je suis connue pour avoir tourné dans des films à caractère pornographique. J’ai participé également à des clips musicaux (Tony Sad, Stumy Bugsy), rédigé des chroniques pour la version française de Penthouse, présenté la dernière des Nuz avec Laurent Weil.

J’ai eu aussi un petit rôle dans le film Truands de Frédéric Shoendoerffer aux côtés de Philippe Caubère et Benoît Magimel.

J’aime ce qui est insolite. L’exhibition et les jeux entre partenaires par exemple sont des choses qui pimentent ma vie. Pour moi la provoc… c’est naturel ! Sans cela, la vie paraît si terne et tout le monde se préoccupe stérilement de son voisin pour choisir son chemin.

Après des études scientifiques, j’ai mis en pratique mes cours de philosophie et j’ai cherché le sens absolu de l’expression « libre-arbitre »…

Allan : Pouvez-vous nous raconter comment s’est déroulé votre rencontre ?

Oksana & Gil : Nous nous connaissons depuis plusieurs années. Constatant que nous avions de nombreux points communs et une vision totalement désinhibée de la vie, nous avons rapidement forgé le projet d’écrire ensemble. En fait, nous n’avons pu concrétiser cette ambition qu’à partir de 2007. Depuis cette date nous avons donc coécrit deux romans parallèlement à nos autres activités.

Et nous ne comptons pas en rester là si le public accueille favorablement nos deux premières fictions.

Allan : Oksana, cela n’est pas trop dur de faire passer le message que ton parcours ne se limite pas au cinéma adulte ? Quel accueil reçois-tu en général quand tu parles de tes projets d’écriture ?

Oksana : J’adore quand c’est dur ! Non, ce n’est pas un problème. J’assume pleinement mes choix. Chacun voit en moi ce qu’il a envie de voir. J’aime diversifier mes activités, quelles soient érotiques ou non. Ce n’est vraiment pas un obstacle pour moi. Nue ou vêtue, je me sens la même personne…

Nous avons reçu beaucoup de messages d’encouragements et d’admirations pour ce projet totalement atypique. Jusqu’à présent, mes interlocuteurs ont été séduits autant par le concept que par le contenu en lui-même.

La diffusion d’un premier chapitre sur le site de l’éditeur à été une étape test qui s’est révélée très positive.

Allan : Vous êtes tous deux férus de cosmologie : pour les novices, pouvez-vous indiquer ce dont il s’agit ?

Oksana & Gil : La cosmologie est la branche de l’astrophysique qui étudie l’ensemble de l’univers, ses origines et son évolution. La cosmologie est en relation directe avec la gravitation quantique qui élabore les théories d’unification des quatre grandes forces universelles. Elle s’inscrit aussi dans une logique d’ensemble qui intègre les plus récentes découvertes de la Physique fondamentale, la Théorie des cordes en constituant le plus illustre exemple. Les théories cosmologiques les plus avancées examinent les scénarii décrivant ce qui a pu se passer avant le big bang, tout en s’efforçant d’élucider la nature réelle de l’énergie sombre et de la matière noire qui représentent 96% de la masse totale de notre univers.

Cette matière scientifique innovante, déroutante et parfois totalement fantasmagorique (imaginer ce qui a pu se passer avant le big bang aurait été presque blasphématoire il y a une trentaine d’années), est pure délectation pour nous…

Allan : Comment travaillez-vous ensemble ?

Oksana & Gil : Nous partons d’une idée simple, puis nous examinons différentes péripéties qui structurent peu à peu l’intrigue. De discussion en discussion nous élaborons le profil des principaux personnages, leur caractère, leur histoire. Puis, chacun travaille de son côté. Lorsque la synthèse nous convient, nous rédigeons un premier jet.

C’est à cet instant que le gros travail commence, car il faut revoir sans cesse ce qui a déjà été écrit, étoffer l’ensemble, éliminer les parties inutiles, chasser les répétitions. Cela prend beaucoup de temps…

Quelques mois plus tard, le récit définitif prend progressivement forme et tous les efforts préalables disparaissent. Seul reste alors le plaisir.

Allan : Comment vous partagez-vous le travail ?

Oksana : Je m’occupe principalement de l’humain, des émotions, de la sensualité. Je veille aussi à la crédibilité de nos personnages en laissant toujours transparaître les faiblesses, les fêlures intimes. Je travaille et peaufine les caractères en tenant compte des interactions entre les personnages.

La démarche est différente -mais tout aussi exaltante- dans le cas de créatures extraterrestres. Là je laisse parler totalement mon imagination…

Gil : Je prends en charge le contexte matériel et la mise en œuvre de nos idées communes. En liaison avec Oksana, j’élabore aussi les enchaînements entre les différentes péripéties tout en validant nos choix techniques et scientifiques. J’assume aussi le choix d’un vocabulaire, parfois issu du domaine poétique, qui s’efforce de traduire au mieux les métaphores que nous affectionnons tout particulièrement.

Allan : Votre actualité immédiate va être marqué par la parution dans la collection Rivière Blanche de Black Coat Press de « Cathédrales de Brume« . Comment le définiriez-vous ?

Gil : Cathédrales de brume est simultanément une odyssée cosmique et une ahurissante errance intime. Condamné à survivre plusieurs millions d’années sans pouvoir bouger ou mettre fin à ses jours, un naufragé de l’espace recrée des univers personnels muables et luxuriants : ses « cathédrales de brume ».

Parfois la réalité heurte l’onirisme en créant une étrange eurythmie. Avant la chute…

Oksana : Une « sentinelle » électronique et sensuelle établira une vraie complicité avec le naufragé de l’espace et du temps. Elle le stimulera et l’aidera à optimiser son imagination afin de créer des mondes oniriques et flamboyants.

Ainsi, la réalité et le rêve se mêlent inextricablement jusqu’à l’instant magique où tout devient possible…

Dans notre roman, nous avons voulu mettre en valeur la notion de grandeur infinie, combinant étroitement ainsi l’émerveillement de l’esprit et la beauté du cosmos.

Allan : Que vouliez-vous essentiellement montrer à travers ce roman : la peur de l’homme face à l’éternité ou la fragilité de l’homme dans l’univers ?

Oksana & Gil : Le point de départ de notre démarche fut le suivant : la pensée humaine se heurte toujours à trois barrières infranchissables :

–      la brièveté de la vie,

–      la faiblesse du corps par rapport aux potentialités de l’esprit,

–      le carcan des verrous intellectuels et des barrières psychiques que nous consolidons sans cesse autour de nous.

Dans Cathédrales de brume, nous façonnons la destinée d’un humain débarrassé des deux premières contraintes. Nous avons examiné ce qu’il pourrait faire de cette liberté nouvelle, désormais affranchie des contraintes du temps. Le résultat est déroutant car l’âme humaine est toujours infiniment plus complexe que le fallacieux jeu des apparences.

Optimisant les possibilités offertes par l’ahurissant postulat de départ que nous avons choisi, nous avons développé cette idée jusqu’à son paroxysme en forçant notre héros à revivre tous les moments cardinaux vécus par les cent milliards d’êtres humains nés avant lui.

Ce supplice sans nom (car les moments de plaisir sont infimes en regard des souffrances subies) symbolise la réflexion de René Char : « le visible n’est que l’épiphanie de l’invisible ». En revivant fugacement les destinées de tous les hommes, notre héros explore les labyrinthes d’une créature incroyablement fascinante, riche et inquiétante… lui-même !

Allan : L’intelligence artificielle qui accompagne Amaranth, notre survivant va d’une certaine façon « s’éprendre » de ce dernier : c’est le franchissement ultime de l’homme par rapport à la machine ?

Oksana : L’Amour se joue des apparences. Humain ou intelligence artificielle… quelle importance ! Dans notre roman, nous poussons jusqu’au bout cette quête d’altérité qui va bien au-delà de l’humain. Seule notre capacité de transgression permet d’avancer et de s’exhausser au-delà de la lie du quotidien. Cathédrales de brume symbolise donc l’absolue nécessité de transgresser afin d’endiguer l’horreur d’un châtiment sans fin.

Pour prendre un exemple que je connais bien, l’univers du X, du sexe et de la séduction, symbolisent souvent des choses qui nous dépassent. Nous formons notre éducation sur des acquis que nous ne remettons jamais en cause. Nous façonnons ainsi des « verrous intellectuels » qui sclérosent nos possibilités et nous empêchent de penser par nous même.

Or -à l’échelle humaine, comme à l’échelle de l’univers- la réalité est bien différente. Beaucoup plus riche que le simple miroir des apparences, elle est complexe, pétrie d’émotions ; envoûtante.

Allan : Amaranth va d’ailleurs être coincé entre une réalité difficile à appréhender (l’éternité) et un monde onirique qu’il va pouvoir modeler au travers de ses cathédrales de Brume : cela pourrait donner une impression de « lâcheté », non ?

Gil : Exact. Mais dans sa situation (prisonnier emmuré vivant pendant plusieurs millions d’années) qui pourrait lui en tenir grief ? Par ailleurs, la connivence liant réel et virtuel émerveille sa vie et lui donne enfin un sens congru.

Allan : La préface est écrite par l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet, connu pour ses publications sur les trous noirs : ce doit être pour vous une grande source de satisfaction de voir ce spécialiste préfacer votre roman ?

Oksana & Gil : Absolument. Mais cette démarche est assez logique si l’on prend en compte la diversité des écrits de Jean-Pierre Luminet. Il s’intéresse à la poésie, à l’art, à la science-fiction, à la musique. Jean-Pierre illustre cette capacité d’acquérir une vision holistique du monde que nous mettons en exergue dans notre second roman.

Nos chemins devaient se rencontrer…

Allan : Vous évoquer régulièrement dans votre récit la Théorie des cordes et celle du multivers. Pourquoi ?

Oksana & Gil : Ces deux théories fondamentales sont particulièrement fécondes pour des écrivains de SF. Par ailleurs -et en complément de la préface de Jean-Pierre Luminet- nous avons rédigé une courte postface qui donne quelques informations utiles sur ces sujets.

Allan : En parallèle du roman sortira un disque s’appuyant sur l’univers de Cathédrales de Brume : le disque sera vendu avec ?

Oksana & Gil : Non, et ceci pour des raisons techniques. Mais notre partenariat avec le groupe « Dawn & Dusk Entwined » nous permettra de promouvoir simultanément le disque et le roman. Nous sommes très satisfaits de cette synergie nous permettant de créer un lien entre le monde de la musique et celui des littératures de l’imaginaire. Comme nous avons écrit aussi un screenplay complet d’après l’intrigue de « Cathédrales de brume », la musique de « Dawn & Dusk Entwined » concrétise ce que pourrait être la musique d’un film reprenant le même thème.

Allan : Vous avez écrit un scénario s’inspirant de Cathédrales de brume… Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Oksana : L’intrigue du roman ayant été conçu d’une manière très « visuelle », l’écriture d’un scénario s’inspirant étroitement de cette ahurissante odyssée devint rapidement une évidence pour nous. Nous avons donc écrit un screenplay complet avec les dialogues.

Le roman étant assez long (200 000 mots) et l’intrigue s’étirant sur trois millions d’années, le screenplay est structuré en deux scénarios se complétant. Si un producteur s’intéresse vraiment à ce projet très atypique, il concrétisera probablement cette adaptation cinématographique en deux films.

Gil : Les quelques professionnels du cinéma qui ont déjà lu ce scénario évoquent un « Mahâbhârata du futur » ou une « Odyssée intérieure ». La comparaison est probablement excessive, mais nous l’apprécions à sa juste valeur…

Allan : Votre deuxième roman, « Katharsis », est prévu pour Mars 2010 aux éditions Interkeltia. Pourquoi dans si longtemps ?

Oksana & Gil : Afin de ne pas égarer nos futurs lecteurs car les deux récits sont fondamentalement différents.

Allan : La thématique est plus immédiate, puisqu’abordant des notions écologiques d’une part et économiques d’autre part : la multiplication des romans sur l’urgence écologique est-elle à votre sens une prise de conscience de la situation actuelle ?

Oksana & Gil : Probablement. Et si de nombreux auteurs évoquent les drames latents qui obscurciront l’avenir de nos descendants, cela provoquera peut être un électrochoc.

Chaque goutte d’eau est utile à l’océan…

Allan : Il s’agira à la lecture de la quatrième de couverture d’un roman tant politique que de SF : doit-on comprendre que pour vous la SF est engagée ?

Gil : Certains auteurs de SF sont engagés. Pour nous, la politique, le dogmatisme et l’idéologie ne présentent aucun intérêt.

Le contexte actuel est gravissime et la 6eme extinction de masse est peut être déjà en marche. Il est évident que la politique n’apportera aucune solution pérenne car les hommes politiques sont tous obnubilés par une chose : leur élection ou leur réélection. Or les mesures à prendre afin d’être réellement efficaces seraient tellement impopulaires qu’aucun d’entre eux n’acceptera de prendre un tel risque.

Le problème de notre planète et de la Nature est dans l’Homme ; et la solution est dans l’Homme.

Chercher ailleurs serait inutile ; voire dangereux.

Oksana : C’est pour cette raison que nous avons demandé au philosophe et écologiste Yves Paccalet de rédiger la préface de notre second roman. Après l’avoir lu, il n’a pas hésité car notre récit éclaire d’une façon complémentaire et crue son célèbre essai : « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! ».

Là encore, notre rencontre avec Yves nous permit de concrétiser une ambition qui se symbolise avec la notion d’ouverture aux autres, de quête d’altérité et l’émergence d’une véritable vision holistique du monde.

Et ce n’est certainement pas du côté des militants politiques que l’on peut trouver cette « ouverture » aux autres…

Allan : Vous êtes présents sur Facebook mais surtout sur votre blog mis à jour régulièrement avec des articles notamment sur la cosmologie : tout cela doit vous prendre un temps fou non ?

Oksana & Gil : Nous travaillons 365 jours par an…

Allan : Maintenant, je suppose que vous avez d’autre projet en cours… Pouvez-vous nous en parler ?

Oksana & Gil : Si nos lecteurs apprécient nos deux premiers romans, nous n’en resterons pas là. Mais ce n’est pas à nous de préjuger.

Allan : Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Oksana & Gil : De rester nous même tout en apportant du plaisir et du divertissement à nos futurs lecteurs. Ce sera déjà beaucoup…

Allan : Le mot de la fin sera :

Oksana & Gil : Dans nos romans, nous nous employons à « hausser le réel d’un ton » pour reprendre la synthèse de Bachelard (L’air et les songes) tout en gardant notre capacité d’émerveillement devant la beauté du monde.

Si quelques uns de nos lecteurs partagent cette ambition après avoir lu nos romans, nos efforts n’auront pas été vains. Et nous serons contents.

Interview réalisée par mail par Allan pour Fantastinet.

Mise en ligne : 06 octobre 2009