Chronique de « Cathédrales de brume » sur Psychovision.net

Des mondes oniriques...

Voilà le texte intégral de la chronique de « Cathédrales de brume » que le site www.psychovision.net vient de mettre en ligne :

L’espace. Que connaissons-nous de l’espace?

Cet infiniment grand au dessus de nos têtes. Si grand que l’on a du mal à le voir, à le penser dans son entier.

Dans cet infiniment grand, une capsule spatiale à la dérive. A l’intérieur un homme seul, ou presque. Un homme qui porte le nom de Amaranth Heliakthor, pétrifié dans son sarcophage et condamné à vivre dans cette quasi solitude. Quasi solitude oui car à ces côtés une sentinelle électronique veille, une sentinelle programmée pour vivre quelques plus de mille ans. C’est peu, trop peu quand on sait qu’Heliakthor, par le biais de substances étranges, est condamné à vivre une éternité. Et il faut bien l’avouer une éternité sans mouvement, dans le silence de l’espace, c’est long, très long…

Cathédrales de Brume est le premier roman, d’Oksana et Gil et il nous plonge dans un univers absolument fantastique. Au vu de ce que je disais en introduction, vous aurez compris que le principal enjeu de ce roman, c’est le temps ! Ce temps qui passe, ce temps que l’on ressent, ce temps réel, historique.

Il va m’être difficile de vous résumer ce livre qui a été pour moi, qui lit peu de Science-fiction, une véritable révélation et qui m’a complètement réconcilié avec le genre.

Difficile à résumer tout d’abord car il n’y a pas d’histoire au sens où on l’entend habituellement. Non pas qu’il ne s’y passe rien, au contraire, mais on est loin des batailles intergalactiques, des complots entre extraterrestres et humains (genre de trucs que j’adore !). Non, on est ici dans une sorte de huis-clos, une sorte de long monologue qui nous fait éprouver le temps et l’espace !

Alors bien sur Heliakthor va rencontrer des extraterrestres, croyant un moment pouvoir combler sa solitude. Mais non, la réalité du roman est tout autre.

Quant il rencontre ses autres habitants de l’espace extragalactique, il est encore plus déstabilisé, en effet dans l’espace tout n’est pas en quatre dimensions ! Et voilà les auteurs qui nous expliquent comment on peut appréhender et vivre avec 10 dimensions ou plus…

Alors bien sûr dit comme ça, ça fait un peu Hard-Science ! C’est vrai, difficile de le nier, certains passages sont plutôt de cette trempe, sans doute du au fait qu’Oksana a poursuivi des études supérieures de mathématique, mais c’est aussi admirablement bien expliqué, passionnant et surtout d’une poésie folle !

Oui, Cathédrales de Brume n’est pas un roman de SF comme on pourrait s’y attendre, non, il s’agit avant tout d’un grand poème fantastique, sublime, magnifique soutenu par un style excellent, même si parfois on aurait voulu quand même un peu plus de légèreté ! Il m’aura quand même fallu trois longs mois pour venir à bout de ce magnifique poème mais il est clair aussi qu’il m’a fait l’effet d’un coup de poing en pleine tronche, on le prend vraiment en plein tête !

Donc, vous l’aurez compris il y a la notion de temps et de solitude qui est en jeux ! Mais pas uniquement, car Oksana et Gil vont bien plus loin, en nous proposant un voyage qui n’a pas de limite ni sur le fond, ni sur la forme d’ailleurs (je tiens encore ici à souligner la qualité d’écriture des deux auteurs!).

Le voyage est partout, à chaque page, à chaque ligne c’est une nouvelle découverte ! Car bientôt Heliakthor va trouver un moyen d’échapper à cette chape de plomb qu’est cette capsule, il va trouver un moyen d’échapper à cette solitude et il va faire un voyage intérieur surprenant, il va construire des cathédrales de brume ! Voilà un concept absolument sidérant crée donc par Oksana et Gil, une sorte de porte à l’intérieur de soi, à l’intérieur d’Heliakthor qui lui permet de créer, de façonner des mondes et d’en garder plus ou moins le contact. Comme si d’un coup l’imagination prenait le contrôle, comme si d’un coup l’imagination sauvait du désespoir, comme s’il était possible de vivre et de faire vivre à l’intérieur de soi !

Le concept est hallucinant et surtout permet tout un tas de folies, de créations qui vont habiter les pages de ce roman qui chez moi fera date ! Cathédrales de Brume, à partir du moment où est introduit ce concept prend un tout autre éclairage, entre SF et poésie surréaliste, entre philosophie et aventures extraordinaires, entre jeux d’optique qui ont de quoi vous perdre et pensée profonde sur soi, la raison, l’âme, l’espace et le temps !

Des concepts fous qui vous mettent les neurones en ébullition et qui vous promènent dans des mondes superbes.

Dans ces Cathédrales de Brume, dans ces moments ou Heliakthor rompt avec la solitude, il convoque des personnages comme le philosophe Héraclite, philosophe du temps s’il en est, Jim Morrison pour un court instant d’anthologie, des peintres, des artistes, certains amis qu’il rencontre au hasard, réels ou pas. Il en découle des conversations passionnantes sur divers sujets aussi divers et variés que le temps encore, l’espace toujours, mais aussi l’art, l’amour, soi, l’autre etc.

Et c’est ainsi que lentement ce déroule ce roman atypique, particulier et, passez-moi l’expression mais c’est elle qui résume encore mieux ce que j’ai ressentis : on en prend plein la gueule ! On ressort de cette lecture éreinté (bah oui ce n’est pas Star Wars !), entièrement chamboulé et avec plein de questions en tête, avec une nouvelle vision sur ce qui nous entoure, avec des doutes et des larmes aux yeux aussi tant il y a de beauté dans ce livre !

Très philosophique certes, parfois même on aurait préféré plus court, écrit peut-être plus simplement, car il faut l’admettre, c’est du lourd, c’est du gros, c’est parfois contraignant à lire mais c’est un voyage, que dis-je, c’est un trip à faire, un truc à essayer au moins une fois dans sa vie !

Le tout en plus peut être accompagné de musique, puisque Cathédrales de Brume est un projet vaste, très vaste, dans tous les sens du terme, et un musicien s’est ajouté à ce duo pour composer des sons qui vont sur ce fascinant délire de poésie science-fictive ! Grandiose !

Alors bien sûr, comme je le disais précédemment, le roman n’est pas exempt de défauts (il s’agit quand même d’un premier roman !) et peut-être est-il trop érudit parfois, remplit de citations littéraires, philosophiques mais aussi picturales et c’est vrai que cela peut faire beaucoup, décourager même parfois. Cathédrales de Brume ne se lit pas d’une traite, c’est une évidence et il demande un investissement important de la part du lecteur, mais encore une fois, bien plus qu’un roman, c’est une expérience !

Pour être tout à fait franc il m’est impossible de vous dire tout ce qui se trouve de beau et de fabuleux dans ce roman. Ce n’est pas une histoire qui se raconte, c’est quelque chose qui se vit.

Alors bien sûr certaines mauvaises langues diront que j’en fait peut-être un peu trop…

Et bien tant pis !

Oui, c’est dur de lire Cathédrales de Brume, surtout si vous n’êtes pas un gros lecteur de SF comme moi, mais oui c’est bon aussi ! Tout est touchant dans ce roman étrange, le style, les idées et vous le prenez vraiment en pleine poire !

Ca vous décolle les méninges et de temps à autre ça fait du bien!

Rivière Blanche à fait ici un choix tout à fait audacieux en publiant ces deux auteurs atypiques, en se foutant complètement du qu’en dira-t-on, en osant faire une démarche qui sort des sentiers battus et en nous proposant une œuvre audacieuse et forte qui bien évidemment ne pourra pas plaire à tout le monde mais qui m’a pour ma part remis à ma place !

Ces auteurs m’ont réconcilié avec la SF, en écrivant leur œuvre loin des débats stériles, avec leur truc à eux et ça c’est bon ! Bravo, ou plutôt, merci à Oksana, merci à Gil Prou et merci à Philipe Ward pour ce magnifique voyage !

Note : 8/10

Le Cimmerien

Lien : http://www.psychovision.net/livres/critiques/fiche/671-cathedrales-de-brume

Chronique de « Cathédrales de brume » sur le site mythologica.net

 

Un roman de science-fiction écrit par une star du porno français et un ancien directeur de la FNAC vient forcément titiller l’intérêt du lecteur que je suis, surtout quand une telle promo sur Facebook est faite. C’est donc avec un regard le plus neutre possible que j’ai commencé à lire Cathédrales de Brume.

Je pensais que le quatrième de couverture et l’illustration m’avaient donné une idée assez réaliste de ce que j’allais trouver dans ces pages. Eh bien je ne n’avais qu’à moitié raison… Je m’en vais de ce pas vous expliquer pourquoi.

Voici tout d’abord le quatrième de couverture pour vous mettre en bouche avant d’attaquer les choses sérieuses :

« Pétrifié au sein d’un sarcophage de cristal dérivant dans l’espace extragalactique, un naufragé est condamné à poursuivre une hallucinante odyssée pendant plusieurs millions d’années. Sans bouger. Et sans pouvoir mettre fin à ses jours…

Amaranth Heliaktor a pour seule compagne une sentinelle électronique qui l’aide à façonner les mondes virtuels qui lui servent d’exutoire. S’immergeant au sein d’un univers personnel qui se juxtapose à l’âpreté d’une réalité affolante, il émerveille ses sensations, son corps ; son âme. Au contact de la beauté absolue il fait des rencontres émouvantes, hallucinantes et sensuelles.

Puis il se damne avant d’accomplir l’ultime métamorphose.

Confronté à l’indicible, il se réfugie dans ces architectures oniriques qu’il nomme affectueusement… ses cathédrales de brume ! »

Voilà qui devrait vous mettre en jambe pour la suite. Enfin en jambes pas forcément. En effet l’action n’est pas l’élément primordial de ce roman qui tient bien souvent du contemplatif et de la philosophie. Est-ce pour autant un mal ?

Je répondrais non car cela change de ne pas avoir un roman de science-fiction où les vaisseaux se tirent dessus à tout bout de champ, où les guerres entre races sont légion… Nous avons ici affaire à une science-fiction beaucoup plus feutrée qui se place bien loin de la fureur du space opera.

Le véritable intérêt de ce roman se situe dans toute la poésie qui se dégage de l’écriture des deux auteurs. On sent réellement que l’éditeur s’est fait plaisir en publiant ce livre et cet enthousiasme en deviendrait presque communicatif. Le style d’écriture n’est toutefois pas dépourvu de lourdeurs qui font sentir le fait que Cathédrales de Brume est un premier roman. Parfois certaines phrases trop longues font perdre au lecteur le fil de la pensée et cela nuit par endroit à la cohérence de l’histoire dans l’esprit de l’auteur. De même l’ajout de notes de bas de page pour certains concepts un peu ardus n’aurait pas été du luxe.

Toutefois l’ensemble reste parfaitement cohérent et on se voit assez rapidement emporté dans ce long voyage interstellaire au fil des 490 pages du roman.

L’histoire en elle-même pourrait par moment servir presque uniquement de justification à de plus amples réflexions mais en réalité lorsque l’on progresse dans la lecture on rend compte que le scénario a également plus que son intérêt. Une ambiance feutrée, celle d’un petit vaisseau filant dans l’espace intersidéral, propice à de longues pensées sur le passé et le devenir de l’humain, mais aussi multitude d’autres sujets.

A mon sens Cathédrale de Brumes ne sera pas le roman de l’année en termes de ventes. Trop confidentielles pour être réellement appréciées à leur juste valeur les digressions des auteurs lasseront probablement un certain nombre de lecteurs mais la poésie environnant les Cathédrales de Brumes d’Amaranth Heliaktor parvient à réconcilier le lecteur. En effet les amateurs de philosophie science-fictionnelle trouveront leur compte tandis que ceux qui aiment les textes au style choisi seront ravis.

Concernant ce roman je ne rejoins pas certains des avis qu’il m’a été donné de lire sur la Toile : Cathédrales de Brume est un excellent roman il suffit simplement qu’il trouve le bon lectorat et au vu de la production générale cela lui sera assez difficile car des textes aussi fouillés ont assez peu leur place.

Malheureusement…

Deuskin

Chronique de Cathédrales de brume sur Wagoo

 

Parution osée pour Rivière blanche que ce copieux roman, co-signé par un ancien patron de la FNAC et une star du cinéma porno, tous deux passionnés entre autres d’égyptologie. D’autant qu’il ne s’agit là que du premier volet d’une trilogie.

Et pourtant, alors qu’il aurait été tellement prévisible de voir déclinées des scènes de sexe sous divers angles, Cathédrales de brume fait le choix d’une science-fiction ambitieuse, tendant plutôt vers la hard SF, privilégiant une écriture précieuse, voire ampoulée. On aurait toutefois aimé savoir quelles étaient les contributions respectives de chacun des auteurs, de quelle manière le travail d’écriture s’était déroulé.

Le principal protagoniste, Amaranth Heliaktor, est un voyageur du XXVème siècle qui se retrouve, suite à la destruction du vaisseau qui le transportait, isolé dans une navette de survie. Le hic, c’est qu’il est contraint à l’immobilité physique au cœur d’un sarcophage, maintenu en vie par des nano-machines et un sérum de survie contenu en doses quasiment infinies, lui assurant une espérance de vie d’une dizaine de millions d’années. Il n’est d’ailleurs pas totalement seul, puisqu’une intelligence artificielle, à la durée de vie plus réduite, l’accompagne.

 Menacé de sombrer dans la folie, Amaranth s’efforce de survivre intellectuellement en imaginant des cathédrales de brume, autrement dit en s’efforçant de reconstituer scènes de sa vie passée, œuvres d’art ou paysages grandioses, au plus près de la réalité. On peut voir là comme une ode à la beauté artistique, esthétique au sens large, d’autant que les visions dantesques, plus hautes en couleurs les unes que les autres, sont fréquentes.

Le risque, s’enfermer dans une vision autocentrée en privilégiant les souvenirs d’Amaranth, qui cherche un refuge à la folie au sein de lui-même, est globalement évité grâce à un dépassement des seules perspectives nombrilistes. D’abord en élargissant le propos à la réflexion philosophique sur la nature de l’univers, avec le concours d’Héraclite, excusez du peu, parmi une copieuse galerie de personnages tirés de l’Histoire. Ensuite parce que les cathédrales de brume du duo sont sujettes à des parasitages non identifiés en provenance de l’extérieur, et surtout qu’elles fusionnent peu à peu avec le réel.

Il faut dire qu’une énigme subsiste : pourquoi le navire de survie d’Amaranth s’est-il retrouvé chargé de la totalité des réserves de liquide d’immortalité, et pourquoi les trois places normalement prévues n’ont-elles pas été occupées ?

En fait, c’est à une vaste odyssée, proche de celle du Créateur d’étoiles d’Olaf Stapledon, emplie de vie extra-terrestre, que les deux auteurs nous invitent, une quête baroque, constituée surtout de dialogues et de descriptions ayant pour thème le sens de la vie dans une perspective à la dimension cosmique.

Parmi de multiples élaborations, on retiendra en particulier les Daëdalus, forme de vie quasiment immortelle, n’ayant nulle pulsion de violence ni nécessité de s’alimenter, et vivant dans cinq dimensions spatiales et deux dimensions temporelles. Cathédrales de brume a toutefois tendance à plusieurs reprises à verser dans une démarche esthétisante systématique apparaissant surjouée, excessive , voire fort peu crédible (ces animaux préhistoriques capables de communiquer par le langage humain), générant à l’occasion une certaine lassitude.

 Heureusement, l’intérêt est alors relancé, le plus souvent par une rencontre dans l’espace réel. Le roman est donc de ceux qui susciteront rejet ou enthousiasme.

Pour l’heure, notre préférence penche clairement du côté du second terme.

Samedi 12 Décembre par Maestro

Editions Rivière blanche