Tremblements de terre, tsunamis : la tectonique des plaques

La tectonique des plaques

Au moment même où une tragédie affecte le Japon et toute la zone Pacifique avec un tremblement de terre colossal (8,9 sur l’échelle de Richter) et un tsunami dévastateur, il faut peut-être se remémorer ce qui est à l’origine de ces drames récurrents : la tectonique des plaques.

Cet article s’inspire totalement d’une « introduction à la tectonique des plaques » par Christophe Vigny du Laboratoire de géologie de l’ENS à Paris.

L’écorce terrestre n’est pas « homogène » elle est constituée de plaques qui dérivent à la surface et qui se frottent les unes contre les autres. Le moteur de ces mouvements est le phénomène de convection qui se produit à l’intérieur du manteau terrestre. L’intérieur de la Terre est composé de roches faiblement radioactives dont la désintégration produit de la chaleur.

Certaines zones du manteau sont donc plus chaudes, et se mettent à monter vers la surface sous l’effet de la force d’Archimède (zone plus chaude donc moins dense => montée). Une fois refroidie en surface (ce qui évacue la chaleur produite à l’intérieur de la Terre), la matière replonge vers les profondeurs (zone plus froide donc plus dense => descente).

 Le système s’organise de telle façon que des zones « stables » apparaissent : à certains endroits, la matière monte (ce sont les dorsales), à d’autres endroits, elle redescend (ce sont les zones de subduction). En surface, la matière est simplement translatée des dorsales vers les zones de subduction. Sous l’effet du refroidissement, cette matière devient cassante et constitue de grandes plaques d’une épaisseur de 10 à 100 km.

 C’est ce mouvement, appelé « tectonique des plaques« , qui donne lieu à la « dérive des continents ».

 L’hypothèse de Wegener de la dérive des continents a été confirmée depuis une trentaine d’années par des observations géophysiques. Parmi celles-ci, la plus flagrante est sans nul doute la découverte de l’existence de bandes magnétiques dans les planchers océaniques, marquant un champ magnétique dirigé alternativement vers le Nord et vers le Sud. Ces bandes, parallèles à la dorsale, proviennent de l’aimantation rémanente du champ magnétique terrestre, piégé dans les roches magnétiques au moment de leur refroidissement, c’est-à-dire peu après leur sortie de la dorsale.

La polarité du champ terrestre s’inversant plus ou moins régulièrement au cours du temps, on obtient cette « peau de zèbre », preuve de l’expansion des fonds océaniques et donc de la tectonique des plaques.

 Des estimations de la vitesse de cette dérive des continents ont pu être produites à partir de la datation de ces bandes et de leur largeur. L’inconvénient majeur de ces méthodes réside dans le fait qu’elles fournissent une estimation moyennée sur les temps géologiques. Les vitesses des déplacements actuelles pouvant être sensiblement différentes, il était indispensable de pouvoir mesurer la vitesse instantanée des déformations actuelles. Parmi tous les outils géodésiques terrestres et spatiaux dédiés à cette tâche, le GPS est particulièrement bien adapté à la mesure de la déformation dans une zone donnée.

On distingue 12 plaques tectoniques principales à la surface de la Terre (par ordre de taille) :

Pacifique

Eurasie

Afrique

Antarctique

Inde-Australie

Amérique du Nord

Amérique du Sud

Nazca

Philippine

Arabie

Coco

Caraïbe

 

En fait certaines plaques peuvent être subdivisées en plusieurs plaques plus petites qui ont des mouvements relatifs entre elles plus petits (par exemple Inde et Australie ou Afrique et Somalie).

Déplacements des 12 plaques :

Ces plaques se déplacent, entraînées par la convection dans le manteau. Les vitesses de ces déplacements vont de presque rien à plusieurs centimètres par an, jusqu’à 20 cm/an dans certaines régions du Sud-Est asiatique (Papouasie-Nouvelle Guinée) et du Pacifique (Tonga-Kermadec) !

 Comme tout bouge à la surface de la Terre, il est nécessaire de dire par rapport à quoi exactement on définit un mouvement donné. On a constaté qu’un certain nombre de volcans (en général marins, les fameux points chauds !) ne bougeaient que très faiblement les uns par rapport aux autres : en gros, ils sont stables et les plaques « défilent » par dessus.

Déplacements des plaques sur la sphère terrestre :

En fait les choses sont un peu plus compliquées que cela : tout déplacement sur la surface d’une sphère (ici la Terre) est assimilable à une rotation autour d’un axe vertical passant par un point situé quelque part sur la surface de cette même sphère. La vitesse V de n’importe quel point sur une plaque donnée dépend donc simplement de sa distance R par rapport au pôle de rotation de la plaque, et de la vitesse de rotation de cette plaque autour de ce pôle de rotation.  

Sismicité et tectonique des plaques :

A cause de leurs mouvements, les plaques se « frottent » les unes aux autres ou se « tamponnent » les unes contre les autres. Les « chocs » des plaques les unes contre les autres sont l’origine des tremblements de Terre (ou séismes). Une des conséquence très importante de ce qui précède est que ces séismes ne se produisent pas n’importe où mais uniquement le long des frontières entre les plaques.

C’est d’ailleurs comme cela que l’on définit la notion de plaque : ce sont les zones entourées de séismes.

Sur la carte de la sismicité dans le monde, on voit très bien que les séismes se positionnent sur des lignes qui entourent de grandes surfaces non-sismiques : les plaques. Les plus gros séismes ont lieu en général là où les plaques sont les plus rapides.

Parfois, les forces en présence sont tellement importantes que les plaques normalement à peu près rigides se déforment. C’est ce qui se passe lors de la collision entre deux plaques continentales par exemple, (comme deux voitures lors d’une collision frontale). C’est ce phénomène qui est à l’origine de la création des chaînes de montagnes comme les Alpes ou l’Himalaya. La sismicité est alors diffuse dans toute la région qui se déforme. Les séismes ont donc lieu sur des failles.

Le glissement sur le long de ces failles, apparemment continu à l’échelle des temps géologiques, s’effectue par une succession de séismes.

C’est ce qui est à l’origine du dramatique tremblement de terre qui affecte aujourd’hui la zone Pacifique et qui se prolonge par un tsunami de grande ampleur.

Espérons que le bilan humain ne soit pas trop lourd…

Oaristys entre une abeille et une orchidée…

Les relations sexuelles entre espèces vivantes aussi différentes que les animaux et les plantes peuvent paraître fantasmagoriques, inconvenantes et purement farfelues.

Il n’en est rien.

Une superbe orchidée méditerranéenne du genre Ophrys séduit les abeilles et se reproduit grâce à la libido exubérante de ces insectes leurrés par une partenaire aux charmes langoureux. Son astucieux labelle imitant à la perfection une abeille femelle, la ressemblance est réellement stupéfiante car le mimétisme concerne la forme, la couleur, mais aussi la pilosité, la texture ; et même l’odeur… Peaufinant son piège érotique, l’Ophrys émet des substances volatiles singeant à la perfection les phéromones émises par les abeilles femelles, soit un cocktail étonnant de plus de 100 composants différents.

A un tel niveau de détail et de perfection le mimétisme confère à l’Art.

Le plus étrange, le plus dérangeant prétendront même les plus prudes, réside dans le fait que l’accouplement est réel ; au moins pour l’abeille.

Plus étonnant encore, celle-ci semble beaucoup plus excitée par ce type d’accouplement. Elle reste en effet une vingtaine de minutes en communion charnelle avec l’orchidée, ce qui constitue une reproduction anormalement longue par rapport au butinage habituel effectué par des insectes ou des petits oiseaux se nourrissant du nectar des fleurs. On observera que cette surprenante union est essentiellement profitable à la plante. Lorsque l’abeille se retire, elle emporte sur son ventre de grandes quantités de pollinies.

Quelques minutes plus tard, l’inénarrable séducteur cherchera à se reproduire avec une autre Ophrys dont les stigmates recevront les pollinies de la première orchidée. Et la fécondation s’avèrera parfaitement efficace ; pour la plante en tout cas.

Un écrivain à l’imagination féconde pourra toujours s’efforcer d’imaginer l’étrange monstre naissant de l’union improbable d’une abeille obstinée et d’une astucieuse orchidée.

Nous y songeons pour l’un de nos futurs romans…

Jardin d’Eden… dans une grotte de Bornéo !

Nous avons tous vécu au moins une fois cette expérience simultanément déroutante et magique : la découverte d’un lieu inédit qui nous fait frissonner.

La valeur émotionnelle et symbolique de cette vision nous envahit alors. Les mots perdent leur sens. Ils deviennent imprécis, fugaces, brumeux. Presque inutile.

Nous allons aujourd’hui mettre l’accent sur une expérience de ce type qui, dans sa puissance, devient presque mystique car elle exhume brutalement en nous quelques parcelles d’un Eden que l’homme moderne a foulé aux pieds depuis très longtemps. Trop longtemps…

Ce lieu magique et oppressant à la fois se situe au cœur de l’île de Bornéo.

Cette île immense était, il y a encore une cinquantaine d’années, un sanctuaire presque inviolé où la vie sauvage éternisait ses rythmes sans se soucier de la pollution, de la déforestation et de l’omniprésence des gaz à effet de serre.

La situation a bien changé et, depuis le début de ce siècle, nous courrons à la catastrophe. D’immenses surfaces sont ravagées, pelées, replantées ; puis massacrées. L’exubérance presque sensuelle de la jungle laisse la place à des déserts de latérite et à d’immenses plantations de palmiers à huile.

La biodiversité planétaire agonise, un enfant meurt toutes les six secondes de faim ou en raison d’une eau impropre à la consommation. Et pendant ce temps, on parle de quoi sur facebook… d’anecdotes politiques qui seront oubliées dans une semaine ! Cherchez l’erreur…

Revenons à Bornéo.

A la frontière entre le Sarawak (l’un des deux états malais situés au nord de l’île) et le sultanat de Brunei, prospère encore une parcelle presque vierge de cette vaste forêt primaire qui recouvrait la totalité de Bornéo. Cette zone préservée s’appelle le « Parc Mulu ».

L’un des caractéristiques principales de ce parc réside dans l’ahurissant labyrinthe de grottes et de galeries souterraines qui taraudent cette montagne de calcaire dont les sommets les plus élevés culminent à 2 500 mètres d’altitude. Au sein de ce chaos minéral entièrement recouvert par la jungle, on découvre des cavités gigantesques dont les orifices béent au milieu des arbres, des fougères et des lianes. Pour y parvenir depuis les différents camps de base, il faut ahaner dans la jungle pendant plusieurs heures en glissant continûment le long d’étroites passerelles de bois qui permettent aux voyageurs d’éviter les heurts avec les palmiers couverts d’épines (les fameux « rotangs » dont ont extrait le rotin) et certaines rencontres désagréables. Les sangsues par exemple…

On commence par une longue déambulation en pirogue. Lorsque le niveau d’eau est trop bas, en période sèche par exemple, il faut pousser à l’extérieur du fragile esquif tout en sentant les serpents d’eau frôler vos mollets…

Puis on poursuit pendant une heure ou deux au sein d’une cathédrale végétale qui bruisse sans cesse de sonorités animales. Parfois un arbre s’abat dans un bruit de tonnerre. On regarde alors, juste au-dessus de soi, le colosse ligneux qui nous surplombe de ses soixante ou soixante-dix mètres de haut. On vérifie qu’il ne vibre pas, qu’il n’oscille pas… Puis on reprend son chemin en regardant encore plus attentivement autour de soi, essayant vainement de décrypter toutes les subtiles nuances de vert qui éblouissent le regard.

Enfin, la peau moite et le cou endolori à force de gymnastiques incongrues, on parvient au pied d’une falaise calcaire toute morcelée d’îlots de végétation s’accrochant au-dessus de l’abîme.

En levant les yeux on est immédiatement fasciné par la colossale ouverture qui déchire la montagne : l’ouverture de la « Deer cave » !

Haute de plus de 180 mètres, cette porte vers les univers cavernicoles défie l’imagination.

Un chemin sinue lentement vers l’intérieur au milieu du bruissement d’ailes des millions de chauve-souris qui vivent le jour au sein de ces ténèbres titanesques. Au crépuscule elles sortent en longs filaments obscurcissant passagèrement le ciel. Une quantité presque égale d’hirondelles prend le chemin inverse. Jusqu’au lendemain matin.

En pénétrant au cœur de cette gigantesque cavité qui pourrait engloutir toutes les cathédrales françaises en un seul lieu, on ressent un sentiment délicieux et indicible : les grandes peurs chthoniennes ressurgissant des âges les plus lointains. On s’attend à voir un tigre à dent de sabre ou la silhouette massive d’un aurochs.

Mais on entend simplement le bruit incessant des petits mammifères volants, on sent une forte odeur d’ammoniaque liée au guano, et on ne voit… plus rien !

L’obscurité nous englue progressivement le long du chemin et quelques faibles lumignons positionnés de place en place ne suffisent point à fragmenter les ténèbres. Il est prudent de venir avec sa lampe de poche…

La déambulation donne l’impression de s’éterniser.

Soudain… une lumière surgit dans la nuit. Faible nitescence en un premier temps, elle finit rapidement par envahir l’avant de cette scène imaginée par Dante : l’émergence insouciante d’un jardin d’Eden parfaitement conservé au milieu de cette obscurité gluante.

La valeur émotionnelle et symbolique de cette découverte est indescriptible la première fois.

L’explication géologique est simple : par ravinement pluvial, une partie du sommet de la grotte a fini par s’écrouler, découvrant ainsi cette parcelle luxuriante qui est devenue le sanctuaire des papillons multicolores et de quelques centaines de millions d’araignées placides. Mais la première vision de cet éden enchâssé dans la nuit exhume en nous cette capacité d’émerveillement dont le monde a bien besoin à l’orée de ce nouveau millénaire.

Ce paradis est magnifique. Mais il est fragile aussi.

Et pour quelques hectares de paradis conservés en l’état, les mâchoires de fer des engins des grandes compagnies exploitant le palmier à huile détruisent chaque année des centaines de milliers d’hectares de forêt primaire.

Ces forêts qui sont simultanément le poumon de la planète, l’un de ses deux principaux puits de carbone, un réservoir d’eau douce et le vivier de milliers de médicaments du futur.

Cela s’appelle un suicide collectif !

Il existe en fait des milliers de « jardins d’Eden » sur notre planète. Hélas, ils sont tous encerclés par des nappes de pétrole ou des hordes de machines folles qui détruisent des dizaines d’hectares de forêts tropicales chaque jour.

Nous dévorons donc l’avenir de nos enfants à belles dents. Nos descendants n’auront plus que les restes : fin de l’épopée…

Bactéries « extraterrestres » dans un lac californien…

Nous l’avions annoncé il y a quelques jours sur notre profil Facebook, des scientifiques de la Nasa ont découvert dans le lac Mono (Californie) des microorganismes qui sont capables d’utiliser l’arsenic à la place du phosphore pour leur ADN. Apparemment anodin, ce fait est une révolution car, jusqu’à présent, on pensait que les six « briques » fondamentales pour l’émergence de la vie sur terre était le carbone, l’hydrogène, l’oxygène, l’azote, le soufre et le phosphore.

En ayant la capacité de remplacer l’une de ces « briques » : le phosphore, par un autre composant hautement toxique : l’arsenic, cette bactérie qui porte le doux nom de GFAJ-1 démontre que la vie -même sur Terre- peut apparaître à travers des chimies très différentes de celles que l’on imaginait jusque là…

Ceci ouvre donc la porte à toutes les hypothèses.

Vous trouverez ci-dessous l’article de Laurent Sacco pour Futura-Sciences qui donne d’utiles informations relatives à cette bactérie… « extraterrestre » !

« Changement de paradigme en vue : des biologistes ont déniché une bactérie qui sait substituer l’arsenic au phosphore quand celui-ci vient à manquer et l’utiliser dans ses protéines et même son ADN.

De quoi bouleverser les manuels de biologie mais aussi élargir le point de vue de l’exobiologie : la vie semble pouvoir s’adapter à des conditions bien plus variées qu’on ne le pensait. Ce n’est pas un hasard si c’est la Nasa qui a lancé la nouvelle…

Ce 2 décembre 2010, la Nasa avait bruyamment annoncé une nouvelle étonnante « sur la vie extraterrestre », diffusée sur Nasa Television. Mais, non, il ne s’agissait pas de la découverte de quelque E.T. Cette annonce n’était que celle d’une nouvelle bactérie, découverte dans les sédiments du Lac Mono, en Californie, hypersalin et hautement alcalin.

Banal ? Non, révolutionnaire !

Cette bactérie, baptisée pour l’instant GFAJ-1, est capable d’une prouesse invraisemblable : remplacer le phosphore de son ADN par une substance d’ordinaire toxique, l’arsenic.

Remarquablement, trois des auteurs de l’article de Science avaient prédit il y a deux ans qu’un tel organisme pouvait exister. Voyons de plus près les arguments de Felisa Wolfe-Simon, une géomicrobiologiste, de Paul Davies, le directeur du fameux Beyond (Center for Fundamental Concepts in Science, Arizona) et de leur collègue Ariel Anbar.

C-H-O-N-P-S : voilà les 6 premiers atomes entrant dans la composition des organismes vivants terrestres. Nous avons nommé le carbone, l’hydrogène, l’oxygène, l’azote, le phosphore et le soufre. On a toutes les raisons de penser que la vie a démarré dans l’océan, peut-être dans les cheminées des sources hydrothermales découvertes par Jean Francheteau. Le problème est que le phosphore est plutôt rare dans l’océan. L’apparition de molécules comme l’ADN ou l’ARN devient du coup plus difficile à comprendre.

En revanche, l’arsenic est bien plus abondant, lui…

Or, si l’on regarde sa place dans le tableau de Mendeleïev, on remarque que l’atome d’arsenic se trouve dans la même colonne que le phosphore et même juste en dessous de lui. Cela signifie que ses propriétés chimiques sont très voisines de celles du phosphore. Bien qu’il soit à haute dose un violent poison pour les organismes vivants, il semblait donc concevable que les premières formes vivantes aient pu démarrer avec un ADN ou un ARN sans phosphate mais plutôt à l’arsenic.

Felisa Wolfe-Simon a entrepris de le prouver et elle a cherché des environnements où une bactérie était le plus susceptible d’utiliser de l’arsenic, d’une façon ou d’une autre.

Avec ses collègues, elle a collecté la bactérie GFAJ-1 dans les sédiments des berges du lac Mono. Ce microorganisme fait partie des Halomonas, un genre connu d’extrêmophiles capables de se développer dans des milieux sursalés et dont certains supportent de fortes concentrations d’arsenic.

L’ADN de GFAJ-1 était parfaitement normal au début des expériences, il ne contenait donc pas d’arsenic. Felisa Wolfe-Simon a mis en culture les bactéries et cherché à voir comment elles allaient réagir si elles étaient brutalement privées de phosphore dans un milieu contenant en revanche de l’arsenic en abondance.

Premier résultat : GFAJ-1 se développe sans aucun problème.

Mais pouvait-on en déduire que de l’arsenic avait été utilisé à la place du phosphore ? Après tout, l’organisme pouvait peut-être se révéler un as du recyclage de cet atome…

Cela semblait tout de même difficile à croire car pendant plus d’une année, des générations de ces bactéries se sont succédé bien que privées de toute source de phosphore. Or, il faut bien fabriquer des protéines et des acides nucléiques (ADN et ARN) lorsqu’on se multiplie et toutes ces molécules contiennent du phosphore chez tous les êtres vivants de la planète.

Pour trancher définitivement la question, Wolfe-Simon et ses collègues ont utilisé des méthodes de spectrométrie de masse de pointe connues sous les noms de ICP-MS et NanoSIMS.

En comparant les cultures, il était clair que les bactéries issues de celles riches en arsenic mais dépourvues de phosphore contenaient bien elles-mêmes beaucoup d’arsenic mais très peu de phosphore.

Mieux, en utilisant des isotopes radioactifs de l’arsenic, les chercheurs ont montré qu’environ 10 % de l’arsenic absorbé par les bactéries se retrouve dans leurs acides nucléiques. La technique d’extraction et de purification de l’ADN avec du gel d’agarose, couplée avec la NanoSIMS, n’a ensuite guère laissé de doute sur la substitution des atomes de phosphore de l’ADN de GFAJ-1 par des atomes d’arsenic. Cela a d’ailleurs été confirmé par des études plus fines conduites à partir de la microspectroscopie EXAFS (Extended X-Ray Absorption Fine Structure).

Remarquablement, les bactéries remises en cultures dans un milieu riche en phosphore mais dépourvu d’arsenic se sont à nouveau développées sans aucun problème.

Comme le dit Michael New, un exobiologiste de la Nasa : « La découverte d’un organisme qui peut utiliser l’arsenic pour construire ses composants cellulaires peut indiquer que la vie peut se former en l’absence de grandes quantités de phosphore disponibles, augmentant ainsi la probabilité de trouver la vie ailleurs. Cette découverte élargit notre compréhension des conditions dans lesquelles la vie peut se développer et peut-être apparaître, ce qui accroît notre compréhension de la distribution de la vie sur Terre et les habitats potentiels pour la vie ailleurs dans le Système solaire ».

Il semble aussi qu’il va falloir repenser la gamme de tests possibles pour détecter des formes de vies ainsi que les lieux où la chercher, par exemple sur Mars, Europe ou sous forme de biosignatures dans l’atmosphère d’une exo-Terre. »

Le crépuscule des océans

Aujourd’hui nous réservons une large place à notre ami Yves Paccalet qui a rédigé la préface de notre thriller écologique : « Katharsis ».

Récemment, Yves vient de publier un nouvel ouvrage intitulé : « Les mots pour le pire – Dictionnaire énervé de l’écologie » aux Editions de l’Opportun. Vous trouverez ci-dessous deux articles extraits de ce dictionnaire. Ceux-ci sont consacrés à la triste destinée des baleines et des thons rouges.

Le sujet peut paraître anecdotique lorsque la majorité de nos concitoyens pensent « chômage », « retraite », « insécurité «  etc… Toutefois, et si on veut bien regarder un peu plus loin que le bout de notre nez, on doit admettre que les cris de colère d’Yves Paccalet et sa lucidité dérangeante sont fondés.

En 2010 -et les choses ne changeront pas en 2020 en 2030 ou en 2040…- nous sommes tous responsables d’une prédation infinie au sein d’un monde fini. Le cas de l’absurde pêche au thon rouge en symbolise un bon exemple. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait dix années d’études après le Bac pour réaliser que cette déréalisation de l’avenir est une faute grave, un suicide. Un échec.

Nous refusons systématiquement de croire ce que nous savons parfaitement et nos descendants les plus proches (les enfants de nos enfants) paieront très cher notre arrogance et notre aveuglement.

Yves essaie de nous dessiller.

Ecoutons-le et posons-nous les bonnes questions…

Voilà ces deux articles. Le premier est consacré aux baleines :

« Baleine

Mammifère marin et rêve gigantesque pour les enfants et les poètes. On peut vivre dans son ventre, comme le suggèrent les épisodes très véridiques du prophète Jonas avalé par le Léviathan (Bible, Livre de Job) ; de l’Histoire véritable du Grec Lucien de Samosate ; des voyages de Sindbad le Marin ; ou des Aventures de Pinocchio selon l’Italien Carlo Collodi.

Il existe dix espèces de baleines à fanons (ou mysticètes) : trois franches, la grise, la bleue, le rorqual commun, la baleine à bosse et trois rorquals plus petits, le boréal, le tropical et le museau-pointu. Toutes sont menacées, jadis et encore par le harponnage, mais aujourd’hui surtout par nos pollutions (chimiques, sonores…), par les hélices de bateaux et par les prélèvements excessifs de la pêche industrielle aux crevettes, harengs, capelans ou sardines. Le Japon, la Norvège et l’Islande tentent chaque année de remettre en cause les décisions protectrices de la Commission baleinière internationale (CBI). Ils n’hésitent pas, pour cela, à acheter les voix des pays pauvres. Ils continuent la traque aux petits rorquals en invoquant une hypocrite « clause scientifique ». Ils détournent la juste clause d’exemption aborigène. Ils pratiquent un braconnage éhonté en harponnant les espèces les plus menacées : ce forfait a été prouvé par des analyses génétiques effectuées sur de la viande de baleine achetée au marché aux poissons de Tokyo.

La baleine bleue, ou rorqual bleu, incarne le plus gros animal que la vie ait inventé sur notre planète : record de poids à 190 tonnes (une femelle harponnée en 1948) – deux fois et demie le plus gros dinosaure ; 30 mètres de longueur (trois autobus) ; une queue de 7 mètres d’envergure ; la langue comme un éléphant ; le cœur comme une voiture ; chez le mâle, les testicules pèsent un quintal et le pénis atteint 3 mètres…

Avant la tuerie décidée par les hommes (bateaux chasseurs rapides, canons lance-harpon, navires-usines), l’espèce comptait quelque 300 000 individus. Il en subsiste à peine 3 000 : 1 pour 100 de la population originelle… Quoique la chasse à ce colosse soit interdite dans toutes les mers depuis 1965, les effectifs stagnent. Pollutions, manque de nourriture, collisions avec des bateaux, mélancolie génésique… On songe au massacre de ces colosses dans la première moitié du XXe siècle. On se remémore ces vers que composa, en 1940, le poète chilien Samuel A. Lillo :

« Et sur la mer le sang s’étale

Comme un manteau de pourpre flottante… »

L’Homo n’est pas sapiens : il est destructor. Ou terminator. »

Et voilà le second consacré aux thons rouges:

« Thon rouge

Gros poisson qui fut à la fois une merveille de la mer et un délice dans nos assiettes, et qui n’existera bientôt plus. On estime que l’espèce (ou plutôt les trois qu’on nomme ainsi : Thunnus thynnus , T. maccoyii, T. orientalis) a perdu les trois quarts de ses effectifs en un demi-siècle. Et encore : en étant optimiste…

Ramdam à Marseille. Ce n’est pas la sardine qui bouche le Vieux Port : on ne voit presque plus de sardines en Méditerranée. Les responsables de ce tohu-bohu sont les thoniers. Ils conspuent Greenpeace et les « écolos irresponsables » qui clament cette vérité difficile à entendre : au rythme actuel de captures, les thons rouges auront bientôt disparu ; et que les thoniers seront foutus.

Paradoxe ! Ceux qui défendent le mieux les professionnels de la mer contre leur imprévoyance se font arroser, injurier, menacer, expulser. L’attitude des pêcheurs est à peu près aussi rationnelle que celle du patient qui étend d’un coup de poing le médecin qui lui annonce sa maladie et lui prescrit les remèdes.

Les pêcheurs refusent d’admettre qu’ils ont vidé la mer de ses richesses jusqu’aux abysses… Ils accusent les dauphins, les phoques, la pollution, le climat, les courants. Toutes choses et tout le monde, sauf eux-mêmes… Ils hurlent contre la « dictature » de l’Europe ou de la FAO. Mais c’est eux qui ont fait de la mer un désert…

Traqués par les flottes du monde entier, les thons rouges valent de plus en plus cher sur les marchés, parce que ce sont les derniers. On les prend jeunes et on les élève à la farine de poisson, pour les revendre une fortune au Japon. Les marins doivent vivre, bien sûr. Mais en refusant d’écouter les scientifiques, ils font penser à ces personnages des anciens dessins humoristiques, en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Sauf que le gag ne fait plus rire personne…

Sans un sursaut de lucidité, le futur des thoniers est écrit. Leurs bateaux iront à la casse, et leurs enfants feront un autre métier.

Car, en boîte ou en sashimi, les derniers thons rouges sont déjà dans nos assiettes. »

Il n’y a rien à rajouter, car -si nous ne réagissons pas très rapidement- dans un siècle nos océans seront essentiellement peuplés d’algues et de méduses.

Une bien étrange version du Paradis…

Les Tardigrades… ou l’immortalité sur Terre !

Les tardigrades sont presque immortels...

Le tardigrade est sans aucun doute l’animal le plus étrange de notre petite planète.

Découvert par le naturaliste Johann August Goeze en 1773, qui le nomma « ourson d’eau », le tardigrade doit son nom de baptême au biologiste Lazzaro Spallanzani (marcheur lent) en 1777. Les plus gros mesurent 1,5mm. Ils ont un corps qui est constitué de quatre parties segmentées protégées par une cuticule.

Le tardigrade possède huit pattes terminées chacune par trois griffes qui le font ressembler à un petit ours.

Cet étrange petit animal, on le retrouve sur tous les continents de la planète, parvenant à survivre dans des conditions extrêmes tels que les sables brûlants du désert, au milieu des glaces polaires, au sommet des plus hautes montagnes du monde, ainsi qu’au fond des océans les plus profonds (plus de 4 000m en fait). Aucune conditions extrêmes ne semble lui faire peur, pas même la proximité des volcans.

Cela fait de notre petit sujet d’intérêt un animal universellement répandu et qui possède des capacités hors normes…

Le tardigrade vit en moyenne 18 mois. Mais si ses conditions de vie viennent à changer, par exemple brusque montée de chaleur ou au contraire baisse totale de température ou encore sévère sécheresse, le tardigrade passe en mode « vie inactive » et peut ainsi atteindre 60 ans !

Il respire de l’oxygène dissous dans l’eau au travers de sa cuticule. Si l’oxygène vient à manquer, il se gonfle d’eau, s’immobilise et entre en vie ralentie. Si c’est l’humidité qui vient à manquer, il s’immobilise, s’assèche, se contracte et arrête son métabolisme (la cryptobiose) en attendant des jours meilleurs. Cet état de cryptobiose le rend ainsi quasiment immortel… Cette forme de résistance lui permet de suspendre le temps, mais aussi de survivre aux conditions les plus extrêmes

C’est également dans cet état de cryptobiose qu’il bat tout les records de résistance…

Quelques exemples :

–          il supporte des températures de l’ordre de -200°C pendant plusieurs mois et il peut résister à des froids aussi intenses que -272°C pendant 24 heures,

–          à l’inverse, il survit pendant 30 minutes à une température de +360°C,

–          ses capacités de résistance défient le sens commun car il peut survivre dans le vide spatial.  Tout en pouvant supporter des pressions égales à 1 000 atmosphères,

–          il résiste aussi à l’anhydride carbonique (CO²), au sulfure d’hydrogène (H2S), à une immersion dans l’alcool pur et aux rayons qui sont potentiellement mortels pour l’Homme.

Pour faire court, les tardigrades sont les seuls êtres vivants qui possèdent une résistance largement supérieure à celle qui leur est nécessaire pour survivre sur notre planète, même dans les conditions les plus extrêmes…

Afin d’examiner cette étonnante résistance dans un milieu hostile extrême, une équipe de scientifiques russes a voulu vérifier si les tardigrades pouvaient survivre dans le vide spatial tout en étant soumis à des rayonnements létaux pour tous les autres organismes vivants… Le 14 septembre 2007, une fusée russe a satellisé une capsule avec à bord 43 expériences donc celle d’exposer des tardigrades au vide spatial et aux rayonnements ultraviolets dont on sait pertinemment qu’ils font dégénérer les chromosomes. Dès le retour de la capsule, les scientifiques, constatèrent que les animaux desséchés semblaient intacts.

Après remise en condition de tous les tardigrades, force est de constater que beaucoup sont revenus vivants :

–          20% de ceux qui ont été exposés au rayonnement UVB et au vide spatial ont survécu,

–          100% de ceux qui ont été exposés au rayonnement UVA et au vide spatial ont survécu,

–          naturellement, 100% de ceux qui ont seulement été exposés au vide spatial ont survécu…

Le plus important, et le plus étonnent, c’est que les tardigrades qui ont subi le rayonnement ultraviolet A et qui sont revenues bien vivant ont recommencé leur cycle de reproduction comme si de rien était alors qu’il est reconnu que ce rayonnement dégrade l’ADN et empêche ainsi toute reproduction…

Immortels les tardigrades ?

La stupéfaction des scientifiques qui étudient les tardigrade vient donc du fait que cette étrange petite bestiole est sans aucun doute la seule sur Terre qui soit suréquipée pour survivre à de telles conditions de vie. Cette résistance hors du commun a immédiatement générée des délires que l’on peut résumer ainsi : si les tardigrades sont aussi résistants face à des conditions physiques et climatiques qui outrepassent les conditions terrestres, ils pourraient très bien venir d’une autre planète -voire d’un monde extrasolaire- et voyager ainsi de planète en planète dans l’attente d’un Eden miraculeux.

Nous sommes tous les deux des écrivains de science-fiction, mais nous ne croyons pas pour autant à l’origine extraterrestre des tardigrades…

La vérité est plus belle encore.

Sachant que notre galaxie s’illumine de 100 à 300 milliards d’étoiles et que notre univers renferme environ 350 milliards de galaxies similaires à la notre (plus 7 trillions de galaxies naines…), les probabilités d’émergence d’une forme de vie extraterrestre sont colossales. Dans ce contexte qui donne déjà le vertige, la présence sur notre planète des tardigrades symbolise une merveilleuse découverte. Si des créatures vivant actuellement sur Terre ont des capacités de résistance et d’adaptation outrepassant largement les pires conditions imaginables, cela signifie clairement que le caractère protéiforme de la Vie peut exister partout.

Partout… voilà un mot qui nous séduit vraiment, et nous ne remercierons jamais assez les « oursons d’eau », même si leur silhouette -voir la photo en tête de cet article- peut surprendre.

Les tardigrades ont une réelle… « beauté intérieure » !

Astronomie et réchauffement climatique

Les variations astronomiques influent sur notre climat

Nous avons déjà examiné au sein de ce blog plusieurs causes du réchauffement climatique. Certaines sont directement liées à l’activité humaine ; d’autres pas.

Il faut évoquer ici l’incidence des phénomènes astronomiques qui -cycliquement- perturbent le climat de notre planète.

Le mot climat vient du grec klima. Son sens précis, inclinaison, peut dérouter en un premier temps. Il s’agit en réalité de l’inclinaison des rayons du Soleil par rapport à la Terre. En fonction de la latitude où nous nous trouvons, cette inclinaison varie selon l’heure et le jour, ces variations rythmant l’enchaînement immuable des saisons. Naturellement ces variations sont infimes à l’équateur et particulièrement marquées en remontant vers les pôles. La chaleur régnant à la surface de notre planète et la présence plus ou moins abondante de l’eau douce sont donc étroitement corrélées à ces rythmes archaïques et à l’intensité de l’ensoleillement.

La Terre est en fait un vaisseau spatial gigantesque fusant dans l’espace tout en suivant un triple mouvement :

–          sa rotation autour du Soleil,

–          le mouvement propre du Soleil au sein de notre galaxie,

–          la rotation de cette dernière sur elle-même en 250 millions d’années.

Or sur ce vaisseau galactique à la sphéricité presque parfaite, nous ne pouvons guère modifier la climatisation. Mais en la déréglant nous mettons nos vies en péril. Le sujet est donc fondamental. On peut même affirmer, sans risquer d’être démenti par l’avenir, que c’est le plus important de tous à l’orée de ce nouveau millénaire. Or, l’acuité du drame qui sommeille encore sera surtout sensible pour nos enfants qui recevront en héritage cet Eden surchauffé.

Pour des raisons astronomiques relativement simples et homogènes, le climat varie très fortement sur une longue période de temps.

Les variations régulières du climat sont liées :

–          à la variation de l’excentricité de l’orbite terrestre, c’est-à-dire la variation de l’ellipse décrite par une planète autour de son étoile tutélaire. Cette variation s’effectue selon un cycle de 100 000 ans,

–          à l’obliquité de l’axe de rotation de la Terre (l’inclinaison de l’équateur par rapport au plan de l’orbite terrestre) qui définit les saisons et varie avec une période stable de 41 000 ans. Cette obliquité varie entre 22 et 25° (23° 27’ actuellement),

–          à la précession climatique (variation de l’axe de rotation de la Terre par rapport à une valeur moyenne) qui conditionne la distance séparant le Soleil et la Terre pour une saison donnée. Cette variation s’organise selon des cycles de 19 000 ans et 23 000 ans.

La combinaison de ces facteurs génère les très importantes variations climatiques -alternance de périodes glaciaires et de périodes interglaciaires- qui affectent notre planète depuis des millions d’années. Or la présence de la vie sur Terre est le fruit d’une juxtaposition de faits essentiels et d’un heureux hasard.

On mettra d’abord en exergue la composition de l’atmosphère (78% d’azote, 21% d’oxygène et 0,9% d’argon) et la présence de grandes quantités d’eau à l’état liquide. Ces deux éléments essentiels permettent la présence et la pérennité de la vie telle que nous la connaissons.

Mais ceci serait insuffisant sans un juste équilibre nous permettant d’éviter de trop grandes fluctuations climatiques. La position appropriée de notre planète autour du Soleil, situé à 150 millions de kilomètres, et les effets parfaitement stabilisants de la rotation de la Lune autorisent un développement régulier et harmonieux de la vie.

Par ailleurs, le rayonnement solaire constitue l’unique source de chaleur de la Terre au niveau de l’atmosphère. Il convient de se rappeler que dans le cosmos, les zones éloignées de toute étoile constituent des déserts stellaires glacés où règne le zéro absolu : -273° Celsius !

Toutefois, et ceci est un point vraiment crucial, seul le rayonnement non réfléchi vers l’espace est converti en chaleur. Ce sont donc l’atmosphère et les nuages qui maintiennent cette chaleur bénéfique, tout en contrôlant le rayonnement infrarouge par lequel la Terre expulse la chaleur excédentaire.

Le climat relativement tempéré de notre planète est donc une machinerie complexe et fragile.

Très fragile… surtout lorsque nous serons 9 milliards d’êtres humains à nous partager des ressources énergétiques et alimentaires aux limites extrêmes de la saturation !

La vie acéphale…

Beaucoup d'êtres non nullement besoin d'un cerveau...

Nous l’avons déjà plusieurs fois mis en lumière dans ce blog : la vie s’exprime parfois par le biais de l’indicible, de l’ahurissant : de l’incongru… L’exemple qui suit en constitue une illustration presque parfaite. Et ce constat est riche de potentialités nouvelles.

Avant cela, évoquons brièvement ici l’histoire de Mike. Aussi étonnante soit-elle, cette anecdote est véridique…

Le 10 septembre 1945, un fermier nommé Lloyd Olsen alla chercher un poulet dans la cour de sa ferme de Fruita, dans le Colorado.  Il choisit un petit coq surnommé Mike, qu’il entreprit de décapiter d’un coup de hache.

Lloyd visa de son mieux pour garder l’os du cou, la partie préférée de sa belle-mère. Or celle-ci étant invitée à diner, le fermier souhaitait lui faire plaisir.

Lorsque la hache s’abattit, Mike déambula encore quelques instants, comme la plupart des volailles le font dans ce cas-là. Mais, au lieu de succomber au bout de quelques secondes, il sembla reprendre normalement sa vie de coq, essayant de lisser son plumage tout en picorant machinalement.

Sans succès, car le malheureux était désormais privé de sa tête !

Devant un tel acharnement à survivre, Lloyd Olsen décida de prendre soin du miraculé. Il commença à le nourrir à l’aide d’une pipette qu’il remplissait de lait, d’eau, et de petits grains de maïs.  Lorsque Mike s’étouffait dans ses propres secrétions, les membres de la famille Olsen lui nettoyaient la trachée avec une seringue.

Très vite, l’histoire du coq sans tête se répandit dans la région, entrainant des rumeurs de canular que l’on peut aisément comprendre dans un semblable contexte.

Pour démentir ces rumeurs et mettre fin aux quolibets, Lloyd Olsen emmena Mike à l’Université d’Utah, où les scientifiques purent confirmer l’authenticité du phénomène, aussi ahurissant soit-il.

Devenu une véritable célébrité, Mike entama une tournée de spectacles itinérants dont il était la vedette en compagnie d’autres créatures étranges.

Il fut photographié par des dizaines de magazines et de journaux, dont le Time.

Mike -le poulet sans tête- vécu ainsi pendant près de deux ans...

Les gens payaient 25 cents pour venir voir un poulet acéphale qui continuait à vivre sans problème. Au sommet de sa popularité, il générait chaque mois l’équivalent de 50 000 €. Il semblait aussi heureux que n’importe quel coq, essayant parfois de pousser un cri qui se soldait, naturellement, par un gargouillis informe.

Devant le succès d’Olsen et de sa merveille, de nombreux copieurs essayèrent d’obtenir leur propre poulet sans tête, mais aucun ne survécut plus de deux jours.

Hélas, une nuit de mars 1947, Mike commença à s’étouffer dans un motel de Phoenix. La famille Olsen avait oublié la seringue de lavement lors d’un spectacle donné la veille. Désemparés, les fermiers ne purent sauver le malheureux coq.

Mais au total, celui-ci vécut plus de 18 mois sans tête.

Une autopsie permit de déterminer que la hache avait manqué de peu l’artère carotide, et qu’un caillot avait évité à Mike de se vider de son sang. Et bien que sa tête soit totalement tranchée, une partie du tronc cérébral ainsi qu’une oreille étaient encore en état de marche. Cela suffit à Mike pour mener une vie de coq à peu près normale.

Soixante deux ans après sa mort,  Mike est toujours une légende dans la ville de Fruita. Un festival annuel lui est consacré au mois de Mai avec divers concours et attractions reliés à cette extraordinaire aventure célébrant une vie acéphale se prolongeant bien au-delà du raisonnable. Il existe également des chansons en son honneur, ainsi qu’une statue.

L’histoire est, selon la sensibilité de chacun, amusante, édifiante, émouvante.

On peut aussi appréhender différemment la saga de ce brave poulet qui survécut pendant plus de 500 jours sans sa tête.

Naturellement, chacun sait que l’on peut parfaitement vivre sans cerveau (ou, en tout cas, éviter systématiquement de s’en servir…), la majorité de nos hommes politiques et des footballeurs de l’équipe de France -ainsi que de nombreux participants à des jeux télévisés- nous le démontrent éloquemment chaque jour.

Plus sérieusement, d’innombrables créatures vivent depuis des centaines de millions d’années tout en étant totalement dépourvues de cet organe dont nous nous enorgueillissons bien imprudemment. En effet, lorsque l’on détruit sciemment la seule planète susceptible de nous accueillir tout en condamnant ainsi l’avenir des enfants de nos enfants, on doit s’inquiéter de notre arrogance mêlée d’aveuglement…

Dans un article ancien, nous évoquions déjà l’étrange et séduisante « intelligence » des myxomycètes. Modestes moisissures formant un plasmodium, ces êtres apparemment frustes et sans cerveau résolvent rapidement tous les pièges que nos chercheurs s’évertuent à créer devant eux.

Ces insouciants myxomycètes parviennent ainsi à s’extraire aisément d’un labyrinthe complexe qui interloquerait bon nombre d’humains. Mais ils n’ont pas de cerveau… comme Mike !

Ce constat déroutant est avant tout vecteur d’humilité tout en corroborant totalement l’idée centrale qui anime nos romans : « le visible n’est que l’épiphanie de l’invisible » (René Char).

Les apparences sont toujours trompeuses et nous appréhendons systématiquement moins de 10% de la réalité. Que ce soit en observant l’univers, ou en s’observant soi-même.

Mike -le fougueux poulet sans tête- nous replace ici à la verticale de notre propre ambiguïté.

Nous ne le remercierons jamais assez…

Altocumulus lenticularis : un parfum d’étrangeté…

Nuages lenticulaires recouvrant une montagne

« J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… »  – Baudelaire (L’étranger)

Exceptionnellement, cet article comportera peu de texte et de nombreuses photos.

Nous le consacrons à une catégorie de nuages étranges qui font rêver les hommes depuis les temps les plus reculés. Avant, ils impressionnaient et pouvaient donner l’impression d’être annonciateur de catastrophes futures. Actuellement, certains imaginent une symbolique liée à la présence discrète d’extraterrestres…

La réalité est beaucoup plus simple, mais la magie esthétique demeure.

Nous parlons ici des Altocumulus lenticularis, plus connus sous le nom de « nuages lenticulaires ». Ce sont en fait des formations nuageuses de forme ronde ou ovoïde, apparaissant en moyenne et haute altitude (à partir de 2 000 mètres).

Dans certains cas, ils peuvent présenter des formes plus originales : allongés, ondulés ou superposés.

Les nuages lenticulaires marquent la présence d’une onde stationnaire, c’est à dire de courants aériens adoptant un profil ondulatoire sinusoïdal. Une telle onde peut être créée quand deux masses d’air se rencontrent, obligeant l’une des deux à passer au dessus de l’autre. Elle peut aussi se former lorsque les courants aériens rencontrent un relief et sont obligés de s’élever. On parle alors d’ « onde orographique ».

Les caractéristiques de l’onde stationnaire dépendent de la vitesse du vent, des variations de relief, de la pression, de la température.

Les nuages lenticulaires se forment lorsque la masse d’air attaque la partie ascendante de l’onde sinusoïdale : elle se refroidit et la vapeur d’eau qu’elle contient se condense. Puis la masse d’air attaque la partie descendante : elle se réchauffe alors, ce qui provoque l’évaporation des gouttelettes d’eau. Les nuages lenticulaires apparaissent donc au sommet des ondes. Ils apparaissent du côté ascendant de l’onde et se défont du côté descendant, ce qui donne l’impression qu’ils sont immobiles. Et ceci même par vents forts.

À l’inverse des autres nuages, ils ne se déplacent pas avec les courants aériens. Dans le cas d’une onde orographique, les nuages lenticulaires apparaissent principalement au dessus des sommets montagneux et sont parallèles aux variations de relief. Ils peuvent même continuer à se former bien après la fin du relief, alors que le terrain est redevenu plat, dans la mesure où les masses d’air une fois déformées conservent leur profil ondulatoire sur de longues distances.

Les quelques photos ci-dessous seront beaucoup plus évocatrices qu’un long discours…

L’article se poursuit juste après.

Ces nuages apparaissent donc stationnaires, mais l’air et l’eau qu’ils contiennent sont en perpétuel renouvellement. Un exemple célèbre est « l’âne du Mont Blanc« , nuage lenticulaire qui coiffe fréquemment le Mont Blanc. Un autre est la « nappe » de la montagne de la Table, à côté de la ville du Cap, en Afrique du Sud. Près des côtes en effet, surtout lorsqu’elles présentent un certain relief, les vents en provenance de la mer sont forcés à monter et il se produit des ondes -utilisées par les adeptes du vol stationnaire et par les mouettes- qui peuvent donner lieu à des nuages d’ondes.

Or, en montagne, les ondes formées sur les reliefs ne se limitent pas à l’onde située juste au-dessus du sommet d’une montagne. Un « train d’ondes » se forme alors et il peut donner lieu à une série de nuages lenticulaires au sommet de chaque onde.

Les nuages lenticulaires présentent généralement un aspect très compact, ce qui peut donner l’impression s’ils sont observés de loin, qu’ils sont constitués de matière solide. Suivant la façon dont ils sont éclairés par les rayons du soleil, ils présentent également des colorations variées et parfois très vives (orange, rose, rouge, violet).

L’explication froidement scientifique nuit bien évidemment à la poésie et au pouvoir fantasmatique de ces étranges concrétions nuageuses.

Mais la vision de ces masses floconneuses aux formes hallucinées et à la placidité trompeuse nous conduit encore à nous émerveiller face aux fastes de la Nature.

Des moments rares. De plus en plus rares…

Celles qui nous survivront dans un milliard d’années…

Des créatures étranges hantaient déjà le fond de nos océans il y a deux milliards d'années...

Nous vous convions à un exercice pratique déroutant.

Elargissant à chaque instant le champ de nos investigations afin de s’approprier un regard différent sur la Nature et sur nous-mêmes (regard que nous définissons dans notre second roman et notre nouvel essai : « Les métamorphoses d’Eros » comme étant une vision holistique du Monde) nous mettrons aujourd’hui en lumière les êtres les plus fascinants qui soient : les bactéries extrêmophiles.

A cet instant, vous devez probablement vous demander si nous n’avons pas brutalement perdu la raison.

Comment pourrait-on s’extasier sur l’existence de certaines bactéries ?

Cette seule interrogation révèle déjà l’étendu des progrès à faire. Partir du principe rigide et sclérosant que des êtres unicellulaires invisibles à l’œil nu sont sans intérêt symbolise en réalité une formidable fermeture au monde.

Laissons donc entrer la lumière…

Une bactérie extrêmophile est un être qui vit dans des conditions qui seraient mortelles pour n’importe quelle autre créature. Ces conditions extrêmes sont, par exemple, des températures supérieures à 100° ou inférieures à 0°, des pressions colossales, des milieux très acides ou exagérément chargés en sel. Ceci peut concerner aussi des milieux très radioactifs ou sans oxygène. Bref des environnements peu recommandables et dans lesquels on ne souhaiterait vraiment pas séjourner trop longtemps.

Pourtant, d’innombrables bactéries vivent dans ces milieux proches de l’Enfer décrit par Dante.

On les trouve dans les glaces de l’Antarctique, dans les eaux de la Mer Morte, dans des gisements pétroliers, dans des cheminées hydrothermales sous-marines. Elles portent souvent des noms empreints d’une réelle poésie surréaliste. On peut citer : Pyrolobus fumarii, Sulfolobus acidocaldarius ou Bacillus infernus.

Ces êtres ont donc développé une résistance exceptionnelle à des conditions de vies totalement inhumaines. Au-delà de l’ « exploit sportif », ceci nous conduit à élargir fantastiquement notre regard sur la problématique de la vie dans l’univers.

En effet, la vie est apparu sur Terre il y a 3,8 milliards d’années dans un environnement atroce : pas d’oxygène, pas d’eau et des coulées d’acide et de soufre un peu partout. Charmant…

Pourtant, ces formes de vie embryonnaire se sont lentement développée bien avant l’explosion du Précambrien il y a 650 millions d’années. L’existence de ces bactéries extrêmophiles à notre époque démontre éloquemment les phénoménales capacités d’adaptation de la Nature.

Ceci ouvre naturellement la porte à toutes les suppositions quant à la possible existence de formes de vies embryonnaires sur Mars et sur certains satellites de Jupiter (on pense immédiatement à Europe), de Saturne, d’Uranus ou de Neptune.

Le climat est probablement plus accueillant dans le sous-sol de Mars ou dans les eaux d’Europe que dans les cheminées hydrothermales qui vomissent une eau sulfurée et brûlante au fond de l’Océan Atlantique !

Le mystère de la Vie conforte encore notre émerveillement. Une fois de plus.

Par ailleurs -et ceci justifie pleinement le titre de cet article- lorsque l’être humain aura disparu en provoquant lui-même la 6eme extinction de masse affectant notre planète, les bactéries extrêmophiles continueront à vivre parfaitement.

Pendant plusieurs milliards d’années encore…

Mais la Nature nous réserve d’autres surprises que des recherches très récentes viennent de mettre en évidence. En effet, des découvertes issues d’un travail géologique dans une carrière de grès près de Franceville, au Gabon, révèlent l’existence de fossiles d’êtres multicellulaires beaucoup plus anciens que prévu. En effet, ces êtres aux formes étranges sont pétrifiés dans des roches vieilles de… plus de deux milliards d’années !

Or les être multicellulaires les plus anciens connus actuellement -que l’on appelle « faune d’Ediacara »- sont âgés de… 650 millions d’années !

En quelques semaines, on vient ainsi de repousser les limites chronologiques de l’émergence de la vie vraiment organisée sur Terre (car ces fossiles font quand même jusqu’à 12 centimètres de diamètre…) dans un rapport de 1 à 3.

Des fossiles qui repoussent très loin dans le temps les origines de la vie sur Terre

Deux hypothèses peuvent être prises en compte ici. Soit cette vie est demeurée linéaire, stable et sans réelle évolution depuis cette lointaine époque jusqu’aux lisières du précambrien (c’est-à-dire une étonnante stabilité pendant 1 milliard 300 millions d’années !!!), soit un ou plusieurs cycles complets de vie existèrent avant la faune d’Ediacara.

Le processus est fascinant car les conditions climatiques étaient extraordinairement différentes des nôtres il y a deux milliards d’années

La Lune était plus proche et les marées étaient gigantesques. Le jour était plus court de plusieurs heures et notre planète tournait beaucoup plus vite sur elle-même. Le soleil était perpétuellement masqué par une atmosphère épaisse, rougeâtre, beaucoup plus dense qu’aujourd’hui et si chargée en gaz carbonique qu’elle tuerait immédiatement toutes les créatures vivant actuellement sur Terre (hormis les poissons abyssaux bien sûr).

Il y a deux milliards d’années, la teneur en oxygène représentait environ 10% seulement du taux actuel. Trop peu pour qu’une barrière d’ozone protège la Terre des UV agressifs du Soleil, mais suffisamment pour que l’oxygène pénètre à 30 à 40 mètres sous la surface des océans… et donc permette l’émergence d’êtres de grande taille au métabolisme élevé.

Cette mise en abyme est fantastique et nous ouvre, une fois de plus, des horizons nouveaux. Des horizons inédits.

Des horizons qui émerveillent l’esprit et font battre le cœur un peu plus fort…