Astronomie et réchauffement climatique

Les variations astronomiques influent sur notre climat

Nous avons déjà examiné au sein de ce blog plusieurs causes du réchauffement climatique. Certaines sont directement liées à l’activité humaine ; d’autres pas.

Il faut évoquer ici l’incidence des phénomènes astronomiques qui -cycliquement- perturbent le climat de notre planète.

Le mot climat vient du grec klima. Son sens précis, inclinaison, peut dérouter en un premier temps. Il s’agit en réalité de l’inclinaison des rayons du Soleil par rapport à la Terre. En fonction de la latitude où nous nous trouvons, cette inclinaison varie selon l’heure et le jour, ces variations rythmant l’enchaînement immuable des saisons. Naturellement ces variations sont infimes à l’équateur et particulièrement marquées en remontant vers les pôles. La chaleur régnant à la surface de notre planète et la présence plus ou moins abondante de l’eau douce sont donc étroitement corrélées à ces rythmes archaïques et à l’intensité de l’ensoleillement.

La Terre est en fait un vaisseau spatial gigantesque fusant dans l’espace tout en suivant un triple mouvement :

–          sa rotation autour du Soleil,

–          le mouvement propre du Soleil au sein de notre galaxie,

–          la rotation de cette dernière sur elle-même en 250 millions d’années.

Or sur ce vaisseau galactique à la sphéricité presque parfaite, nous ne pouvons guère modifier la climatisation. Mais en la déréglant nous mettons nos vies en péril. Le sujet est donc fondamental. On peut même affirmer, sans risquer d’être démenti par l’avenir, que c’est le plus important de tous à l’orée de ce nouveau millénaire. Or, l’acuité du drame qui sommeille encore sera surtout sensible pour nos enfants qui recevront en héritage cet Eden surchauffé.

Pour des raisons astronomiques relativement simples et homogènes, le climat varie très fortement sur une longue période de temps.

Les variations régulières du climat sont liées :

–          à la variation de l’excentricité de l’orbite terrestre, c’est-à-dire la variation de l’ellipse décrite par une planète autour de son étoile tutélaire. Cette variation s’effectue selon un cycle de 100 000 ans,

–          à l’obliquité de l’axe de rotation de la Terre (l’inclinaison de l’équateur par rapport au plan de l’orbite terrestre) qui définit les saisons et varie avec une période stable de 41 000 ans. Cette obliquité varie entre 22 et 25° (23° 27’ actuellement),

–          à la précession climatique (variation de l’axe de rotation de la Terre par rapport à une valeur moyenne) qui conditionne la distance séparant le Soleil et la Terre pour une saison donnée. Cette variation s’organise selon des cycles de 19 000 ans et 23 000 ans.

La combinaison de ces facteurs génère les très importantes variations climatiques -alternance de périodes glaciaires et de périodes interglaciaires- qui affectent notre planète depuis des millions d’années. Or la présence de la vie sur Terre est le fruit d’une juxtaposition de faits essentiels et d’un heureux hasard.

On mettra d’abord en exergue la composition de l’atmosphère (78% d’azote, 21% d’oxygène et 0,9% d’argon) et la présence de grandes quantités d’eau à l’état liquide. Ces deux éléments essentiels permettent la présence et la pérennité de la vie telle que nous la connaissons.

Mais ceci serait insuffisant sans un juste équilibre nous permettant d’éviter de trop grandes fluctuations climatiques. La position appropriée de notre planète autour du Soleil, situé à 150 millions de kilomètres, et les effets parfaitement stabilisants de la rotation de la Lune autorisent un développement régulier et harmonieux de la vie.

Par ailleurs, le rayonnement solaire constitue l’unique source de chaleur de la Terre au niveau de l’atmosphère. Il convient de se rappeler que dans le cosmos, les zones éloignées de toute étoile constituent des déserts stellaires glacés où règne le zéro absolu : -273° Celsius !

Toutefois, et ceci est un point vraiment crucial, seul le rayonnement non réfléchi vers l’espace est converti en chaleur. Ce sont donc l’atmosphère et les nuages qui maintiennent cette chaleur bénéfique, tout en contrôlant le rayonnement infrarouge par lequel la Terre expulse la chaleur excédentaire.

Le climat relativement tempéré de notre planète est donc une machinerie complexe et fragile.

Très fragile… surtout lorsque nous serons 9 milliards d’êtres humains à nous partager des ressources énergétiques et alimentaires aux limites extrêmes de la saturation !

Le méthane tueur tapi au fond des océans

Ce "lion fish" survivra-t-il aux hydrates de méthane et à leurs conséquences ?

Les ressources en énergies fossiles vont s’amenuiser au fil des décennies et leur exploitation deviendra de plus en plus onéreuse et de plus en plus dangereuse. Tout le monde le sait, et le drame qui se déroule dans le golfe du Mexique illustre parfaitement les risques à venir et leurs effets désastreux pour la biodiversité et l’activité économique..

Toutefois, la plus abondante source d’énergie non renouvelable n’est pas encore exploitée. Il s’agit des hydrates de méthane contenus dans les océans. Les scientifiques estiment que ces réserves sont à elles seules deux fois plus abondantes que la totalité des gisements de gaz naturels, de pétrole et de charbon, connus actuellement.

Mais cet Eldorado énergétique constitue aussi la pire menace imaginable. Nous y reviendrons dans un instant.

Qu’est-ce qu’un hydrate de méthane ?

Sous certaines conditions de température et de pression, la glace peut piéger des molécules de gaz (dioxyde de carbone ou méthane par exemple) en formant des sortes de cages qui bloquent ces mêmes molécules. Le gaz qui nous intéresse ici est l’hydrate de méthane et son pouvoir énergétique est considérable car 1 centimètre cube de cette glace libère plus de 160 centimètre cube de méthane…

L’origine de ces hydrates de méthane est liée à la décomposition de matières organiques qui se sont déposées sur les fonds océaniques depuis des millions d’années. Ces réserves se situent essentiellement le long des talus continental des principaux océans. Elles se situent globalement entre 300 et 1 500 mètres de profondeur.

Problème… énorme problème…

Le méthane est 20 fois plus efficace que le CO2 comme gaz à effet de serre ! On comprend immédiatement que si une partie des milliers de milliards de tonnes (vous avez bien lu…) de méthane enfermées dans ces hydrates se libéraient dans l’atmosphère, le réchauffement climatique actuel s’emballerait et nous propulserait rapidement vers une Apocalypse climatique, environnementale et sociale.

Problème disions-nous… Les scientifiques nous confirment que des hydrates de méthane se trouvant piégés dans des fonds océaniques à 600 mètres de profondeur et à une température de 7° sont stables. Tant mieux.

Mais une augmentation de la température océanique de 1° seulement les rendra instable. Ce qui signifie que les hydrates de méthane fondront et se libéreront dans l’atmosphère. Or les experts du climat estiment que la température moyenne des océans augmentera de 2° au cours du siècle…

Il faut se remémorer à cet instant les origines de la plus grande « extinction de masse » depuis le précambien : celle du Permien. Il y a 252 millions d’années.

Elle s’étala sur près de 80 000 ans et en deux phases successives :

–          une intense activité volcanique qui provoqua, en un premier temps, un « hiver volcanique » (ceci rappelle probablement des souvenirs aux lecteurs de Katharsis…), puis la chape de nuage qui claquemurait l’atmosphère accéléra le processus d’accumulation des gaz à effet de serre. La conséquence fut dramatique et s’illustra par une augmentation de 5° de la température moyenne des océans,

–          les hydrates de méthane confinés aux fonds des océans commencèrent à fondre et des milliards de tonnes de méthane se dissipèrent dans l’atmosphère, emballant ainsi le réchauffement climatique lié à l’accroissement des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La conséquence fut épouvantable : 95% des organismes vivant à cette lointaine époque disparurent !

Si nous n’enrayons pas le processus diabolique unissant une consommation de plus en plus effrénée et une démographie démente (nous serons 9 milliards en 2050), nous résumerons en quelques siècles le scénario qui s’éternisa pendant 80 000 ans au Permien.

Que dirons-nous à nos enfants ? Et aux enfants de nos enfants ?

« Pardon » sera peut-être insuffisant…

Chronique de « Katharsis » sur Wagoo

La vie avant l'hiver volcanique annoncé par l'organisation écoterroriste "Katharsis"

Après leurs « Cathédrales de brume » chez Rivière blanche, l’actrice X Oksana et l’ancien dirigeant de la FNAC Gil Prou livrent un second roman chez Interkeltia, jeune éditeur en progression, mais qui gagnerait à améliorer encore davantage ses corrections. Contrairement à leur précédent livre, pur space opera aux perspectives cosmiques, Katharsis évolue dans les mêmes sphères qu’un « Adae », pour rester dans la même maison, à savoir une anticipation fortement axée sur les préoccupations actuelles.

En 2033, l’humanité poursuit sa marche en avant suicidaire, sans que le réchauffement climatique ou l’explosion démographique ne connaissent le moindre enrayement significatif. C’est le moment que choisissent les membres d’un groupe aux noms changeants (Katharsis, Sol Invictus ou Sysyphus) pour lancer un ultimatum aux dirigeants de la planète : en moins de trois semaines, ces derniers doivent accepter de débuter une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre, cesser la destruction des forêts tropicales primaires et mettre fin à tout esclavage économique. Faute de quoi, les terroristes utiliseront quatre superbombes nucléaires de 1 000 mégatonnes chacune, prétendument en leur possession, pour déclencher l’explosion d’un supervolcan, au risque de provoquer une sixième extinction de masse de toutes les espèces vivantes, à commencer par la nôtre.

Le roman suit donc l’avancée de ce sinistre chronomètre, en se penchant plus particulièrement sur certains individus ou groupes : une famille vivant dans les Cévennes, que les épreuves soudent de nouveau, à l’opposé de celle de Bali, les deux étant liées car issues du même divorce ; la secrétaire générale de l’ONU et ses conseillers, placés au centre de la tourmente ; un blogueur de Sarajevo, à qui l’annonce de la catastrophe permet de surmonter sa dépression sentimentale ; sans oublier quelques personnalités plus ponctuelles.

Ponctuant chaque chapitre, enfin, un aborigène australien s’efforce de donner naissance à la figure d’un serpent arc-en-ciel, apportant à l’ensemble de l’intrigue une certaine mise en abyme (d’autant que les aborigènes ont réalisé autrefois un écocide de leur propre sous-continent).

On retrouve, dans ce « Katharsis », un certain nombre de traits caractéristiques de l’écriture des deux auteurs déjà repérés dans Cathédrales de brume, un goût pour les noms propres particulièrement longs et complexes, une écriture souvent précieuse, ainsi qu’une prédilection pour les échanges verbaux. La lecture se fait toutefois ici plus directe et prenante, en raison du compte à rebours terriblement lourd de conséquences, et on ne lâche que difficilement le roman avant son terme.

Roman de fin du monde, parfois inspiré de James Bond (le scénario de destruction, les numéros de l’organisation criminelle), « Katharsis » s’intéresse également à bien des thèmes, hard science très digeste, philosophie néoplatonicienne, analyse picturale, mais son cœur est celui de Gaïa, dédaignant un peu rapidement la dimension anticipative (quasiment aucun changement technologique ou de vie quotidienne n’est imaginé, en dehors du xylic, epad amélioré, ou d’une connexion cérébrale possible avec le net). Plus curieux, les abris anti-atomiques, qui sont pourtant pour beaucoup toujours debout, ne sont jamais évoqués ni, donc, utilisés…

L’urgence écologique est bien la trame majeure du livre, déclinée ici sur un mode particulièrement pessimiste. Si la critique de cet alibi qu’est le développement durable, du choix des agrocarburants ou de l’énergie éolienne au détriment de l’énergie marémotrice sont des éléments plutôt pertinents, on ne peut que s’étonner de ne jamais voir intervenir les associations actives dans la défense de l’environnement ou les organisations altermondialistes.

De même, les peuples sont ici strictement passifs, seulement esquissés dans leurs réactions face aux communiqués successifs des écoterroristes et dans les scènes de panique qu’ils engendrent. Pas de soulèvement contre des dirigeants pour l’essentiel autistes, donc, alors que la gestion des politiciens est clairement placée sur le banc des accusés ; le capitalisme n’est jamais nommément mis en cause dans la dégradation de l’environnement, et la révolution ne fait pas partie des alternatives envisagées par les auteurs. Leur vision de cette dernière est en effet purement négative, à l’image de la pensée dominante anti communiste.

« Katharsis » est en tous les cas un roman glaçant, dont on peut penser qu’il se veut être un véritable électrochoc pour participer à une prise de conscience nécessaire avant qu’il ne soit trop tard…

Maestro.

Lien : http://wagoo.free.fr/spip.php?article1714

Antarctique : issue de secours ou piège fatal ?

L'Antarctique nous sauvera-t-il ?

« La gloire qui s’empourprait et fleurissait n’est plus qu’une histoire, souvenir ténébreux des vieux âges défunts. Et maintenant les voyageurs voient de vastes formes qui se meuvent fantastiquement aux sons d’une musique discordante pendant que, comme une rivière rapide et lugubre, une hideuse multitude se rue éternellement ».

Edgar Allan Poe – La chute de la maison Usher

Les humains situés dans les zones les plus reculées de notre planète le savent parfaitement : l’eau c’est la vie.

Nous -c’est-à-dire les quelques centaines de millions de privilégiés qui bénéficient et abusent des bienfaits prodigués par la nature- nous en avons fugacement conscience. Fugacement, seulement…

Toutefois, l’humanité sait bien que l’eau douce constitue le bien le plus précieux qui soit. Or l’une des conséquences les plus catastrophiques du réchauffement climatique futur s’incarnera justement à travers ces pénuries d’eau qui assécheront nos espérances.

Pour résumer, la totalité de l’eau existante, ce que l’on appelle l’hydrosphère, se répartit ainsi :

–          les océans, qui représentent 97,40% du total,

–          les terres émergées, qui recueillent les 2,60% restants.

Presque toute l’eau disponible sur notre planète est salée, donc non potable sans traitements complexes et coûteux.

Les 2,60% que nous pouvons donc utiliser se répartissent ainsi :

–          79% pour les calottes glaciaires, banquises et glaciers,

–          20% pour les eaux souterraines et les réserves fossiles,

–          1% pour l’eau douce superficielle : lacs, rivières, humidité contenue dans le sol et dans la végétation.

Conséquence immédiate de ce qui précède : si une élévation importante de la température terrestre provoquait à terme la fonte totale de toutes les banquises et de tous les glaciers, l’eau douce ne représenterait plus que 0,50% du total de l’hydrosphère au lieu de 2,60% actuellement.

Naturellement, les 40 milliards de tonne d’eau douce existant actuellement sur notre planète ne vont pas disparaître en quelques décennies. Notre problématique est ailleurs, car les êtres humains n’ont pas besoin d’une eau potentielle, ils ont besoin chaque jour de quelques dizaines de litres d’eau douce et propre à la consommation pour les besoins les plus élémentaires : boire, se laver et cuire les aliments.

Trois facteurs vont perturber ce subtil équilibre qui prévaut depuis des millions de siècles :

–          s’épuisant à une vitesse vertigineuse dans de nombreuses régions, l’eau des nappes phréatiques se renouvellera de plus en plus difficilement. Parallèlement, les éléments concourant à sa pollution (nitrates, engrais, produits chimiques, pesticides) voient leur densité s’accroître dangereusement,

–          le réchauffement de la planète entraînera une fonte des glaciers et des banquises au fil des décennies. On transformera ainsi des milliards de tonnes d’eau douce en eau salée,

–          enfin, le réchauffement climatique exacerbera les phénomènes météorologiques extrêmes, ce qui signifiera que la désertification s’étendra bien au-delà des zones sub-tropicales, alors que les zones équatoriales et tropicales recevront des pluies de plus en plus impressionnantes, noyant des zones entières tout en lessivant des sols appauvris et en occasionnant de tragiques glissements de terrain.

L’eau potable sera donc toujours potentiellement disponible, mais une large partie deviendra non utilisable (trop polluée ou salée), alors qu’une autre partie se déversera de façon torrentielle sur des contrées déjà saturées.

Les quantités globales d’eau circulant dans l’atmosphère seront probablement similaires à celles que nous connaissons actuellement. Ces masses d’eau ne vont pas s’évaporer ou se multiplier par magie… Ce qui va changer c’est leur répartition, leur rythme et leur intensité. La conséquence absurde de ce dérèglement climatique accru se matérialisera donc par une carence en eau douce au sein des contrées les plus densément peuplées. Simultanément, les contrées déjà traditionnellement inondées seront encore plus humides, encore plus fragiles, encore plus insalubres.

N’oublions pas ce chiffre tout simple : 40% de la population mondiale vit actuellement le long de 250 fleuves et de rivières qui se répartissent entre plusieurs états.

Cela signifie donc 250 risques potentiels de guerres pour l’appropriation d’une eau douce rare et chère.

Et l’Antarctique… Quel sera son rôle dans les décennies à venir ?

Un premier constat s’impose : le continent austral symbolise la plus importante réserve d’eau douce sur Terre. Et la plus stable.

Sous cet aspect, l’Antarctique est donc source d’espoirs, si ce n’est de solutions pérennes pour l’avenir. Par ailleurs, les principales nations du monde ayant décidé de sanctuariser cette zone immense, on peut légitimement espérer que les appétits de consommation, d’exploitation et de puissance ; seront endigués pour quelques décennies. Peut-être…

Le titre de cet article évoquant un piège fatal, on peut se demander la raison de ce pessimisme ?

La réponse est simple, nous avons tous en mémoire le film « Home ». Or l’information la plus essentielle de ce film esthétiquement très beau tient en une phrase : « nous avons une dizaine d’années avant que les effets du réchauffement climatique soient irréversibles ». Ceci est encourageant.

Mais ceci est faux !

Les études les plus récentes démontrent éloquemment que le réchauffement climatique est déjà irréversible… Et ce n’est pas l’arrivée brouillonne de quelques centaines de milliers d’éoliennes et de quelques millions de mètres carrés de panneaux solaires qui changeront les perspectives globales.

En 2050 nous serons 9 milliards d’êtres humains ! Nos appétits, nos besoins et nos exigences, seront similaires. Même si 25% de la population mondiale décidaient de changer sensiblement ses comportements environnementaux (ce qui serait déjà ex-tra-or-di-naire…), l’irréversibilité du changement climatique est en marche.

Le rôle de l’Antarctique sera crucial à cet instant et la solution potentielle deviendra « piège fatal ». En effet, les glaces australes en fondant accroîtront dramatiquement l’élévation du niveau des océans tout en perturbant considérablement la circulation thermohaline.

Conséquences : des centaines de millions de réfugiés climatiques dans le premier cas, et l’accélération brutale des phénomènes météorologiques extrêmes dans le second cas.

Pire encore, cet apport important d’eau douce et l’élévation graduelle des températures océaniques provoquera à terme la dilution des millions de milliards de tonnes d’hydrates de méthane emprisonnées au fond des mers.

Or le méthane est un gaz à effet de serre vingt fois plus puissant que le gaz carbonique.

C’est par ailleurs ce phénomène d’évaporation des hydrates de méthane dans l’atmosphère terrestre qui accéléra la mise en œuvre de la plus grave « extinction de masse » de toute l’histoire de notre planète, celle du Permien. Il y a 252 millions d’années.

Pendant ce temps, à l’orée de crépuscules qui dépasseront l’entendement et nos plus funestes prévisions, nos politiques parlent.

De tout. Et de rien.

C’est le thème central de notre second roman : « Katharsis ».

En l’écrivant, nous ne songions nullement à jouer les prophètes. Hélas, la réalité nous a rattrapé : le Sommet de Copenhague fut un échec, le Grenelle de l’Environnement se métamorphose en farce pathétique et l’écologie est devenue : soit un tremplin pour des politiques peu imaginatifs mais très soucieux de leur future réélection, soit un élément marketing comme un autre.

Le Grand Théâtre du Monde cher à Calderon se poursuit.

Nos descendants apprécieront-ils notre sens de l’humour ?

Nous en doutons…

La circulation thermohaline

La beauté des océans risque de se métamorphoser en cauchemar pour nos proches descendants...

« Le temps du Monde fini commence »

Paul Valéry – Regards sur le monde actuel

Nous avons eu un hiver froid en France. Naturellement, les admirateurs de Claude Allègre et ceux qui confondent météorologie et climatologie ont immédiatement décrétés que le « réchauffement climatique » était un leurre.

En réalité, le réchauffement climatique est une réalité avérée que nos propres enfants subiront de plein fouet.

Le phénomène que nous décrivons brièvement ci-dessous s’inscrit totalement dans cette logique douloureuse, même si certains de ses effets peuvent paraître étranges…

Les conséquences les plus dramatiques du réchauffement climatique, que ce soit pour l’Homme ou pour la Nature, ne viendront pas de l’atmosphère.

Elles seront issues de l’eau, que ce soit en raison d’une carence en eau douce ou en raison de l’élévation du niveau des mers.

Tapie dans les profondeurs des océans, une circulation discrète bousculera toutes nos certitudes et crucifiera (le terme n’est pas trop fort…) les espérances de nos enfants. Elle porte un nom bizarre : la circulation thermohaline.

Avant cela, revenons un instant à l’essentiel.

Parallèlement aux grands flux atmosphériques, la circulation océanique contribue à transférer les excédents de chaleur accumulés des latitudes équatoriales vers les océans arctique et antarctique cerclant les pôles. Mais, à la grande différence des mouvements atmosphériques, les courants marins de surface se prolongent souvent sur quelques décennies.

Si l’on prend l’océan Atlantique pour exemple, on constate que les eaux de surface des zones tropicales, chaudes et salées, remontent vers le nord via les courants de surface, c’est-à-dire le courant nord-atlantique et le célèbre Gulf Stream. Pendant leur remontée vers les contrées septentrionales, ces courants se refroidissent et les eaux de surface deviennent de plus en plus denses. Arrivées près du Groenland, du Labrador, de l’Islande et des côtes de la Norvège, ces eaux sont si denses qu’elles plongent dans les abîmes marins et réoxygènent les couches profondes de l’Atlantique nord.

Les eaux de surface qui remontent l’Atlantique par le biais du Gulf Stream se chargent en sel, à cause de l’évaporation et deviennent plus froides, chacun de ces phénomènes contribuant à les rendre plus denses.

Au moment de l’hiver, près du pôle Nord, une partie du sel contenu dans l’eau de mer qui gèle (pour former la banquise) est expulsé, et renforce encore la salinité de l’eau de mer qui ne gèle pas, laquelle se met alors à être tellement dense qu’elle « plonge » vers les profondeurs. On parle de formation d’eaux profondes pour désigner ce phénomène. Les courants de surface de l’océan mondial et cette plongée des eaux dans la mer de Norvège étant en connection permanente, ce courant sert de « moteur » à une partie de la circulation océanique globale

Cette boucle alimente une masse d’eau profonde, North Atlantic Deep Water, qui transporte environ 20 millions de m3 à la seconde.

C’est ce colossal tapis roulant que l’on appelle circulation thermohaline.

Gigantesque, ce courant abyssal parcourt tout l’océan Atlantique du nord au sud.

En arrivant en face de l’Antarctique il bifurque et se sépare en deux branches. L’une remonte l’océan Indien et resurgit en surface au sud de l’Inde, l’autre longe l’Antarctique avec un flux principal qui encercle le continent austral, alors que le second remonte dans l’océan Pacifique en se glissant entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

S’essoufflant enfin, il sillonne la Mélanésie et la Micronésie avant de réapparaître en surface au large du Japon.

Cette circulation thermohaline est un régulateur essentiel du climat et son cheminement est très lent car ce courant abyssal met plus de 500 ans pour parcourir l’océan Atlantique.

Il faut rajouter encore un millénaire avant de parcourir les eaux ultramarines du Pacifique.

On devine à cet instant le sens réel de l’expression « irréversibilité des conséquences climatiques » que certains scientifiques emploient désormais afin de matérialiser crûment les défis qui nous attendent dans les décennies à venir.

Avec des facteurs temps dont l’unité de mesure n’est pas l’année, mais le millénaire, il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste mondialement connu pour imaginer les conséquences potentielles de ces dérèglements dont nous constituons l’un des facteurs aggravant.

Nous évoquions en préambule des effets « étranges » liés à au dérèglement de la circulation thermohaline. On peut en citer un qui séduira les sceptiques…

Si la circulation thermohaline se ralentit ou s’interrompt, ceci perturbera les courants marins de surface. Conséquence : les effets réchauffant du Gulf Stream sur la côte Ouest de l’Europe s’atténueront. Cela signifie que le réchauffement climatique global qui affecte toute notre planète entraînera… un refroidissement du climat sur la façade atlantique !

Ce refroidissement sera passager bien sûr, mais l’emballement de la machine climatique provoquera des effets contradictoires et parfois déroutants. Mais, lorsque l’on aura inopportunément emballé le climat et que les deux types de circulations océaniques -les courants de surface et la circulation thermohaline– se seront affolés, toute action ultérieure sera parfaitement inutile.

Autant essayer d’arrêter un TGV avec un filet à papillon…

Chronique de Katharsis sur le site Khimaira – un monde d’imaginaire

L'Apocalypse a parfois des formes très inattendues...

Voilà déjà la troisième chronique de notre dernier roman : « Katharsis » qui est paru à la mi-Mars.

Si les livres se suivent sans se ressembler aux Editions Interkeltia, il en va de même pour leurs auteurs.

Après l’Apocalypse selon Neptune, écrit par un yogi immergé dans la conscience supramentale ayant pris le nom de Natarajan, arrive un roman rédigé par un duo bien éloigné des poncifs édulcorés de la littérature ordinaire. En effet, Oksana est une ancienne star du X, ceinture noire de judo et passionnée de cosmologie comme de civilisation égyptienne. De son côté licencié en Egyptologie et ex-dirigeant de la FNAC, Gil Prou est féru de philosophie néoplatonicienne mais aussi de poésie.

Un duo étonnant qui en est déjà à son second roman publié (le premier étant Cathédrales de brumes aux éditions Rivière Blanche). Voici venir Katharsis dans la collection AnticipaXion.

Dans un futur extrêmement proche, 2033, l’humanité a continué sa dérive dans le massacre journalier de la planète qui est devenue surpeuplée, polluée, surchauffée et affamée. Résultat : bien peu de changement en dehors de la noosphère devenue une réalité. Imaginée par Teilhard de Chardin, elle est une structure immatérielle contenant les connaissances de l’humanité sous une forme bien plus puissante qu’internet.

Bref, la société en est là de son existence peu enviable lorsque survint un ultimatum mondial signé Katharsis. Derrière cette lettre, totalement anachronique dans un système tout numérique, se dissimule une organisation écoterroriste déterminée. Leurs revendications : voir l’humanité diminuer de 50% les émissions de gaz à effet de serre; l’arrêt définitif de la déforestation des zones tropicales ; et enfin abolir totalement l’esclavage économique.

La durée de l’ultimatum: moins de dix-jours. La sanction en cas de déni de leurs demandes: une catastrophe cataclysmique !

Autant dire que cette missive fait l’effet d’une lourde pierre dans une mare. Aussitôt, les avis vont bon train. De l’homme du peuple aux dirigeants politique, tout le monde «voit midi à sa porte». Certains pensent à un canular, d’autres songent à de faux écologistes mais vrais terroristes, et d’autres encore frissonnent déjà en songeant aux conséquences planétaires de représailles épouvantables. Bien évidemment, dans les plus hautes sphères, il n’est pas question de céder au chantage, comme il n’est pas du tout envisageable de baisser son niveau de confort afin d’améliorer l’air de la planète. Sa majesté «argent» continue de gouverner les nantis.

Pourtant, la véritable question que bien peu se posent est : «l’organisation écoterroriste ira-t-elle au bout de sa menace?».

Katharsis est un roman singulier porté par un style atypique. Face à un ultimatum lancé à la face du monde, le récit permet de suivre de nombreuses personnes dans leurs questionnements ou leurs errances durant la durée prédéfinie par le premier message. Si les recommandations semblent parfaitement en accord avec la survie du plus grand nombre, comment savoir jusqu’où peuvent aller les individus tant dans leurs choix que dans leurs extrémismes ?

Véritable miroir de l’humanité confrontée à l’une des plus incroyables sommations de toute son histoire, Katharsis risque fort de mettre un doigt «là où cela fait mal».

Pour un réveil des consciences peut-être?

Par Christian Perrot, le 20 mars 2010

 Lien vers la chronique : http://www.khimairaworld.com/articles/fiche/1876/Katharsis

Autres chroniques de « Katharsis » déjà parues dans les médias :

http://www.psychovision.net/livres/critiques/fiche/689-katharsis

http://www.phenixweb.net/PROU-Okhsana-et-PROU-Gil-Katharsis

Chronique de « Katharsis » sur le site Psychovision.net

 

Katharsis positionne l'Homme à l'aplomb de ses incohérences, de ses aveuglements; de ses angoisses...

Avec « Cathédrale de Brumes », Oksana et Gil Prou nous offraient un voyage sensationnel, fabuleux, aux confins de l’espace, de la solitude et des sens. Une œuvre poétique et philosophique, une œuvre inoubliable et qui pour moi valait tout simplement l’appellation de chef-d’œuvre. Mais le plus hallucinant c’est que les auteurs ne se sont pas arrêtés là et en changeant quelque peu de style et de thème, ils vont plus loin et nous offrent ici un nouveau chef-d’œuvre, un livre à lire absolument de par sa thématique et de par la façon toute intelligente et passionnante que les deux auteurs ont d’aborder les thèmes ici présentés et pourtant maintes fois rabâchés : la planète et son mal-être !

Attention ce livre fait mal, très mal !

Tout le monde le sait et ceux qui ne le savent pas font semblant de ne rien entendre, notre planète va très mal.

Nous sommes en 2033, la terre est surpeuplée, le réchauffement climatique et la déforestation sont le lot quotidien des humains tout comme la famine et les guerres civiles. Mais voilà, un jour une étrange organisation éco-terroriste lance un ultimatum à la population entière via l’ONU. Si la planète ne réduit pas les gaz à effet de serre, ne protège pas notre avenir, la faune, la flore et ne prend pas en compte le devenir de notre écosystème ils déclencheront une apocalypse effroyable. Un terrible compte à rebours commence donc avec ce chantage. L’humanité à failli à son devoir et Katharsis, le nom de cette organisation, va y remédier.

En fait cette organisation à plusieurs noms, mouvante, changeante, mystérieuse, insaisissable…

Voilà le lecteur entrainé alors dans un terrible compte à rebours et pris aussi dans un étrange sentiment puisqu’il devient difficile de ne pas donner raison à ces éco-terroristes, d’autant plus que les auteurs, tout en arrivant à maintenir un mystère et un suspens superbement mené, nous offrent aussi un terrible constat sur notre planète absolument bien détaillé et très documenté.

On est alors complètement happé par ce récit qui se veut original et superbement écrit.

Oksana et Gil Prou ne se contentent pas de nous offrir un point de vue mais plusieurs point de vue, à différents endroits du globe et explorant même l’espace. Ainsi, nous voyons les interminables discussions de l’ONU, comment les différentes nations n’arrivent pas à s’entendre et à se mettre d’accord, comment le monde est gouverné uniquement par la cupidité et les intérêts.

Alors que la terre risque de disparaitre nous voyons nos politiciens se chamailler comme des gamins et au final être complètement inactifs. Superbe image de notre monde moderne !

Mais « Katharsis » ne se contente pas des grands de ce monde mais aussi de ce petit peuple qui est nous, et Oksana et Gil Prou décident de déplacer leur histoire chez une famille vivant dans les Causses, une région où justement le cadre naturel est plus ou moins préservé. Entre une jeune fille un peu perdue et s’ennuyant dans ce trou de verdure (pour ne pas dire autre chose !), et un père un peu dépassé par les événements mondiaux et personnels, les auteurs nous proposent alors de vivre ce drame qui se veut mondial mais aussi macroscopique, comme pour nous prouver que tout le monde est touché, que personne ne peut échapper à notre univers et à sa marche inexorable vers sa terrible décadence…

Même les astronautes perdus dans l’espace, regroupant plusieurs nations, sont atteints par le drame planétaire, comme si même en conquérant l’espace, comme si même en s’isolant dans le lointain, l’homme ne pouvait échapper à son destin. La peur est partout, pourtant ce que proposent de faire les éco-terroristes, au final, ce n’est qu’accélérer le processus dans lequel l’homme et son absurdité nous a plongé.

Et personne ne fait rien et le compte à rebours nous rapproche toujours de l’inéluctable !

Autre personnage parmi tant d’autres, personnage qui m’a le plus touché d’ailleurs, Goran Janacek, journaliste yougoslave aux tendances misanthropiques et autodestructives qui alimente son blog quotidiennement sur le phénomène, apportant encore un autre éclairage. On peut même se demander si ce Goran n’est pas, en quelques sorte, le double des auteurs ?

Les auteurs multiplient donc les points de vue, comme pour nous montrer que toutes les sphères, tous les individus sont touchés, pour nous montrer que le drame est quelque chose du quotidien, que le poison est entré et qu’il est difficile de le faire sortir, surtout au vu de comment réagissent les grandes puissances. Même si les points de vue donc sont multiples, même si l’écriture se veut complexe, le grand talent de ces deux auteurs c’est de rester compréhensible, d’arriver à nous faire pénétrer par le biais du thriller, du suspens et du mystère dans des problèmes plus que graves, de nous sensibiliser à la planète, à nous-mêmes aussi…

Il m’est difficile de vous dire tout le bien que j’ai pensé de ce « Katharsis » et il y avait bien longtemps que je n’avais pas pris une telle claque !

L’histoire est absolument géniale, superbement bien menée, pouvant s’interpréter sur de nombreux niveaux de lecture, du simple au plus complexe, embrassant ainsi tous les champs de réflexions allant du scientifique au philosophique, sans jamais nous faire perdre le plaisir de lecture.

Et je ne vous parle même pas du style fantastique, bien à eux, reconnaissable entre mille, qu’ont ces deux auteurs ! C’est tout simplement magnifique !!

Il y a de purs moments de magie, de purs moments d’émotion tant avec les personnages bien sûr, souvent dépassés par la crise mondiale, que dans les descriptions de la nature par exemple. Un coucher de soleil ne m’a jamais paru aussi beau, sans compter sur la symbolique que ce rougeoiement nous offre !

Quand la poésie rejoint la science-fiction, quand la science-fiction s’engage, bouscule et fait mal… Tout ici nous est livré en direct, les émotions retranscrites au présent, avec toujours ce souci de n’écarter personne, ni un personnage au profit d’un autre, ni un lecteur au profit d’un autre, une œuvre totale (mais peut-être un peu moins que « Cathédrales de Brume » malgré tout, et peut-être plus abordable aussi), une œuvre coup de poing qui nous remet tous à notre place, un magnifique thriller digne des plus grands auteurs américains, une poésie étrange, bref de la grande littérature !

Au final la question qui se pose est : doit-on donner raison aux éco-terroristes ? Après tout ne sont-ils pas comme les autres, des destructeurs, des tueurs de masse ?

Et voilà que l’on pourrait porter la réflexion encore plus loin, sur l’aspect moral, par exemple, de nos actions ! La conclusion est affligeante, pessimiste et sombre.

Et si de toute façon nous étions condamnés ?

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman, j’adore ce que font Oksana et Gil Prou, a tel point que j’ai du mal ici à en parler !

Une œuvre à la fois aussi directe et à la fois aussi complexe, sans compromis, sans langue de bois, mais en même temps avec du style et des idées, avec de la poésie et de l’engagement, c’est rare, bien trop rare ! Tout le monde trouvera son compte en lisant ce roman, l’écolo un brin baba cool, le lecteur attiré par une SF différente, le jeune en mal de sensations fortes, le scientifique qui veut voir ce que donnent ses théories, tout le monde devrait lire ce livre et surtout les plus hauts placés.

Moi les mots me manquent pour vous dire le choc que se fut, la révélation qui m’a été offerte en lisant ce roman.

Pour conclure, c’est vers la maison d’édition Interkeltia que je voudrais me tourner et j’aimerais avoir les moyens de faire taire les mauvaises langues, même si je ne veux pas attiser le débat, débat qui n’a pas lieux d’être d’ailleurs: à l’heure actuelle, Interkeltia est l’une des seules maisons d’édition capables de nous offrir de telles œuvres engagées, véritables et sincères, loin du commercial et loin de certains ténors de la SF qui, certes, ont écrits des chefs-d’œuvre, mais qui parfois aujourd’hui feraient mieux de s’abstenir…

Interkeltia nous offre encore une fois une œuvre à la limite de l’inclassable, plus qu’originale, de la SF comme on voudrait en lire plus souvent, actuelle, moderne et superbement écrite, à la portée de tous tout en étant intelligente. Une œuvre à la fois dense et populaire, une œuvre unique !

Une maison d’édition qui mérite tout notre soutien et deux auteurs qu’il faut lire absolument.

Continuez comme ça, c’est un régal !

Quant à vous Melle Oksana et M. Gill Prou merci pour les deux claques que vous m’avez offertes coup sur coup, merci pour ce style, merci pour les thèmes abordés, pour cette poésie et surtout continuez car des auteurs comme vous dans le paysage français c’est rare !

10/10

Le Cimmerien

A propos de ce livre :

– Site de l’éditeur : http://www.interkeltia.com

– Site des auteurs : http://oksanaetgil.skyrock.com

Lien vers la chronique : http://www.psychovision.net/livres/critiques/fiche/689-katharsis

Le « rasoir d’Ockham »

lorsque deux solutions ou théories traitant du même sujet sont en compétition, la plus simple est souvent la meilleure

Face aux conséquences funestes du réchauffement climatique que nous avons bien imprudemment initié il y a quelques décennies, plusieurs attitudes sont envisageables.

Celle qui semble prévaloir actuellement consiste à « badigeonner » toutes nos activités d’un vert écolo pale et insipide. Vous l’aurez certainement remarqué, pour vendre une brosse à cheveux, une voiture ou un aspirateur, l’argument de tous les fabricants est : « c’est bon pour la planète, c’est respectueux de l’environnement, cela s’inscrit dans le développement durable… ».

La ficelle est un peu grosse et l’hypocrisie est patente. En fait tout le monde s’en moque, l’important c’est de vendre en grandes quantités des produits parfois inutiles.

On peut aborder ce gravissime problème d’une manière moins hypocrite et moins démagogique (cela n’est pas très difficile…) tout en s’efforçant d’être utile.

Nos enfants apprécieront.

Cette analyse pragmatique est souvent symbolisée par l’expression « le rasoir d’Ockham ». Une petite explication s’impose…

Ce principe a été exprimé et défendu par Guillaume d’Ockham et stipule que, lorsque deux solutions ou théories traitant du même sujet sont en compétition, la plus simple est souvent la meilleure. Moine franciscain et philosophe, Guillaume d’Ockham (1290-1347) participa activement à la querelle des universaux (existe-t-il des réalités universelles correspondant aux mots généraux dont nous nous servons ?) qui agita la philosophie du Moyen Age pendant quelques siècles.

Guillaume d’Ockham s’inscrivit dans le courant de pensée nominaliste qui affirmait que les choses sont individuelles et singulières et que les idées ne sont que des abstractions. Pour Ockham l’essence n’existe pas indépendamment de l’existence.

Le rasoir d’Ockham est essentiellement un principe d’économie qui précise, dans sa forme épurée : « pluritas non est ponenda sine neccesitate », dont la traduction la plus usuelle est : « les entités ne doivent pas être multipliées sans nécessité ».

Ce principe ferait naturellement rugir nos spécialistes actuels du marketing et de la communication qui, à l’inverse, provoquent le pullulement d’entités sans nécessité…

S’inspirant d’un bon sens évident, cette logique symbolise une loi de la parcimonie et de la simplicité dont nos décideurs pourraient utilement s’inspirer. On peut résumer le principe élaboré par Guillaume d’Ockham en demandant à tous les acteurs incriminés dans la préservation de notre planète, c’est-à-dire nous tous en fait, gardez les idées les plus simples, synthétisez-les et appliquez-les !

Quelles que soient les perspectives examinées, un problème identifié dans une zone donnée se complète par une difficulté inédite apparaissant dans une autre partie du monde.

Naturellement ces éléments s’additionnent, alourdissant un peu plus chaque jour un fardeau qui devient colossal. Certaines solutions existent toutefois. On peut en isoler quelques unes dans le cadre du développement durable, même si le caractère ambigu du terme porte en lui les germes de ses propres contradictions.

Ces solutions s’articulent autour d’une réorientation complète du concept.

On peut rapidement citer :
– des modalités de réflexion inédites et sans tabou : repenser l’agriculture sur le pourtour méditerranéen et en Europe, réexaminer la chaîne technologique de l’énergie nucléaire,
– l’optimisation de nouveaux indicateurs de connaissance permettant de mieux cerner les réalités environnementales : observatoires de la biodiversité, réseaux de veille sanitaire fédérés et actifs, mises en œuvre systématique, généralisée et coordonnée, de mesures coercitives en cas de pollutions avérées, programmes de recherche liés au climat et aux ressources énergétiques,
– l’identification d’exigences inédites et performantes dans les secteurs de production, l’agriculture par exemple qui représente 50% de la consommation mondiale d’eau, afin qu’ils deviennent beaucoup plus économes en énergie et en eau,
– la promotion d’approches politiques innovantes : aménagement du territoire prenant enfin en compte les impacts des changements climatiques sur la biodiversité, coopération totale et sans arrière-pensée dans le cadre d’une gestion mondiale de l’eau,
– la transformation radicale de certaines priorités en exigences absolues. On peut citer pêle-mêle : la promotion des concepts d’économies d’énergie et d’efficacité énergétique, le développement de toutes les formes réalistes d’énergies renouvelables, la maîtrise du transport aérien en optimisant des techniques de substitution partielle telles que le télétravail ou les visioconférences, et un investissement massif dans le transport par rail afin d’alléger un peu le trafic routier.

Tout ceci ne représente que quelques pistes éparses. Mais avec de la volonté et en allouant des moyens adaptés, ces éléments concourraient tous à une amélioration sensible.

La volonté politique est-elle là ?

On peut hélas en douter car aucune autorité ne semble en mesure d’imposer ces priorités vitales pour notre avenir. Seule une très large prise de conscience au niveau mondial pourrait inverser la tendance.

Cette prise de conscience nécessite préalablement l’abolition systématique et récurrente de toutes les barrières et rigidités mentales qui nous incarcèrent au sein de schémas préétablis et stériles. Ceci implique donc une réflexion sans tabou et sans lâcheté qui semble difficile à généraliser à la simple observation de nos comportements actuels.
Le dramatique échec du Sommet de Copenhague l’illustre parfaitement.

Les enseignements de Guillaume d’Ockham sont indispensables… mais inaudibles à notre époque !

Cependant, comme le souligne Jorge Luis Borges dans son Invocation à Joyce : « Qu’importe notre lâcheté s’il y a sur la Terre un seul brave ».

L’espoir règne donc encore.

Le calendrier de l’Apocalypse

Le crépuscule du Monde...

Les informations que vous trouverez ci-dessous ne sont absolument pas secrètes. Elles ne font pas l’objet d’un protocole particulier visant à en interdire la diffusion.

Elles ne sont pas mystérieuses, ou iconoclastes.

Toutefois, elles apparaissent rarement dans les médias en dépit de leur importance.

Afin de ne point nous approprier indûment des informations qui doivent, bien au contraire, être largement diffusées, nous précisons que cette chronologie des carences du futur s’inspire ouvertement du site : www.terresacree.org qui constitue une excellente source d’informations lucides sur l’avenir de notre planète.

Bizarrement exclues des grands courants médiatiques qui nous abreuvent, ces informations font référence à ce que nous appelons le « calendrier de l’Apocalypse ».

L’expression peut paraître excessive et grandiloquente. Elle ne l’est pas.

La preuve !

Ce calendrier illustre les différentes périodes qui verront nos principales ressources fossiles (minerais et combustibles) s’épuiser au-delà d’un seuil tolérable. En clair, cela signifie : à quelle date nos ressources naturelles deviendront-elles inexploitables en raison de leur rareté et d’un coût d’exploitation prohibitif ?

Exemple : la date prévue pour l’exploitation du cuivre est actuellement fixée à 2039. Cela ne signifie nullement que l’on ne trouvera plus de cuivre dans les mines au-delà de cette date, mais les coûts d’extraction deviendront si élevés que la consommation devra fondre comme neige au soleil.

Les raisons de cette hausse affolante des coûts sont liées, soit à la rareté du produit (une extraction infinie d’un produit fini s’achève toujours douloureusement), soit à la difficulté d’accès (filons trop profonds ou situés dans des zones a priori inaccessibles).

Avant de vous communiquer les principales échéances de ce « calendrier de l’Apocalypse », il convient de préciser rapidement l’origine des ressources minières et des combustibles fossiles.

Les minerais métalliques proviennent de roches contenant des composés métalliques (fer, cuivre, aluminium…) qui se concentrent et forment des gisements. La minéralisation s’est faite dans les profondeurs de l’écorce terrestre (pression et chaleur élevées), puis ces strates sont remontées près de la surface lors des bouleversements géologiques qui se succédèrent pendant plus de quatre milliards d’années. Ces ressources minières sont dites « fossiles » car il faut des centaines de millions d’années pour que s’effectue cette étrange alchimie.

Les combustibles fossiles (principalement pétrole, gaz et charbon) sont quant à eux d’origine végétale. Issus des grandes forêts du Carbonifère et d’autres périodes géologiques ou prévalurent des végétations luxuriantes, ils se formèrent au fond des océans sous les actions combinées de la chaleur, de la pression et de l’activité vorace de bactéries spécialisées.

Voilà donc une version simplifiée de ce « calendrier de l’Apocalypse ».

La version complète est disponible sur www.terresacree.org .

–          2021 : fin de l’argent

–          2025 : fin de l’or et du zinc

–          2028 : fin de l’étain

–          2030 : fin du plomb

–          2039 : fin du cuivre

–          2040 : fin de l’uranium

–          2050 : fin du pétrole

–          2072 : fin du gaz naturel

–          2087 : fin du fer

–          2139 : fin de l’aluminium

–          2158 : fin du charbon

Rappelons une fois de plus ici que ces dates sont des estimations. Elles précisent le moment où l’extraction des richesses citées ci-dessus deviendra exagérément onéreuse. Ces dates prennent en compte notre rythme actuel de consommation des principales matières premières fossiles.

Si nous devenons raisonnables ces échéances seront reportées.

Mais il est probablement temps de nous remémorer l’information la plus importante de ce siècle : nous serons neuf milliards en 2050 !

Hormis quelques politiques manipulateurs et hypocrites (cette espèce nuisible semble même proliférer depuis quelques semaines…), qui osera prétendre sans rougir que nous impacterons moins notre planète lorsque nous serons 2 500 millions d’êtres humains en plus !!!

Ce « calendrier de l’Apocalypse » est donc déjà obsolète et certaines dates anticiperont nos craintes.

Le lien unissant cette chronologie et le réchauffement climatique peut paraître ténu.

Erreur ! Il est évident.

En effet, la disparition progressive de nos ressources naturelles, minières et énergétiques, sera totalement corrélée à l’augmentation des quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ; et donc à l’accroissement du réchauffement climatique.

Un seul exemple suffit.

En observant ce calendrier démoniaque, on constate immédiatement que les réserves de pétrole s’épuiseront un siècle avant les réserves de charbon. Or, de toutes les énergies fossiles existantes, le charbon est celle qui dégage le plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. A titre d’exemple, la Chine inaugure une nouvelle centrale électrique à charbon… tous les 7 jours !

Cherchez l’erreur…

Ceci confirme, hélas, que ce seront les conséquences sociales du réchauffement climatique et de la disparition de nos ressources naturelles qui métamorphoseront l’avenir de nos enfants en crépuscules érubescents.

Les poètes et les photographes aiment les crépuscules. Nos descendants les apprécieront beaucoup moins…

La cruelle actualité du mythe d’Erysichthon

La tranquille luminosité du mythe d'Orphée vue par Gustave Moreau... notre monde sera très différent au XXIe siècle !

La lecture des Métamorphoses d’Ovide demeure une joie sans égale pour celles et ceux qui ne se satisferont jamais de l’ordinaire et du banal.

Rappelons brièvement ici que ce long poème de 12 000 vers décrit l’histoire gréco-romaine des origines du Monde à l’époque de César. Composé par Ovide vers l’an 1, il se compose de très nombreuses fables illustrant les principaux mythes. Certains sont extrêmement connus, d’autres beaucoup moins.

C’est le cas pour le mythe d’Erysichthon qui partage le livre VIII des Métamorphoses avec d’autres héros plus « médiatiques » : le Minotaure, Ariane et Thésée, Dédale et Icare, Méléagre, ou Philémon et Baucis par exemple.

Mais ce mythe est si révélateur de l’aveuglement qui nous affecte tous à l’orée du troisième millénaire, que la remémoration de cette fable antique est porteuse de réflexions ; si ce n’est d’espoirs…

Erysichthon était roi de Thessalie. Un roi arrogant et imbu de lui-même.

A cette lointaine époque les arbres étaient très précieux pour les hommes, et la déesse Déméter leur apportait sa protection active. Abattre un arbre était un crime car on pensait que chacun d’eux était habité par une nymphe sylvestre : une Dryade. Lorsque l’arbre mourait, la dryade mourait aussi…

Tout le monde savait parfaitement en Grèce que les dryades étaient protégées par Déméter et qu’il était donc extrêmement risqué de provoquer la colère d’une déesse agraire aussi puissante.

Erysichthon le savait aussi, mais sa fatuité naturelle et l’invraisemblable sentiment d’impunité qui gouvernait son esprit lui firent oublier la plus élémentaire prudence.

Il paya son aveuglement au prix fort !

Obnubilé par sa toute puissance, il voulut faire abattre un grand chêne situé dans un bois sacré.

Horrifiés, ses compagnons refusèrent d’accomplir ce geste blasphématoire. Hors de lui, Erysichthon arracha la hache qu’un esclave tenait et il commença à frapper violemment le tronc du chêne séculaire.

Le sang jaillit promptement du tronc meurtri. L’esclave qui avait été dépouillé de son outil voulut s’interposer. Ivre de rage, Erysichton le tua, puis il poursuivit son odieuse besogne et fit enfin basculer le vieil arbre à la ramure impressionnante. La dryade mourut immédiatement.

Immédiatement prévenu de ce sacrilège odieux, Déméter dépêcha une dryade auprès de la déesse de la Faim afin qu’elle inflige à l’arrogant roi de Thessalie un martyr à la hauteur du drame né de son aveuglement.

Laissons la parole à Ovide : « La Faim étreint Erysichthon entre ses bras et se communique à lui par son haleine. De son souffle, elle se glisse dans son gosier, sa poitrine et sa bouche. Elle répand dans les veines du dormeur le besoin de nourriture ».

Un besoin inextinguible ; le poison ultime…

Affamé, le roi se réveilla en sursaut et demanda à ses serviteurs des quantités affolantes de nourriture. Mais rien n’y faisait. Jamais rassasié, il avait toujours faim. Une faim dévorante.

Il engloutit ainsi toute sa fortune sans jamais pouvoir connaître un rassurant sentiment de satiété.

Quand il eut vendu tous ses biens, il ne lui resta plus que sa fille -Mnestra- dont la beauté irradiait, et qui aurait probablement mérité un meilleur père.

Il vendit donc sa fille afin d’assouvir encore et encore ce besoin de nourriture qui le tenaillait à chaque seconde.

Poséidon étant amoureux de la belle Mnestra, il lui permit d’innombrables métamorphoses qui prolongèrent ainsi la survie d’un père indigne qui vendait sa propre fille pour se nourrir.

Lorsque le cycle des métamorphoses s’interrompit enfin, Erysichthon n’eut plus rien à manger.

Dépité et toujours affamé, le roi commença alors à… dévorer ses propres entrailles !

Il mourut dans d’effroyables douleurs.

Au-delà du mythe nous reconnaissons tous en nous ce roi de Thessalie arrogant et goinfre. En 2010 l’obsession de nourriture est probablement moins évidente, même si la silhouette en forme d’œuf d’un grand nombre d’êtres humains laisse à penser que la boulimie est un sport mondial.

Pour celles et ceux qui peuvent se le permettre, bien sûr !

Mais l’appétit de consommation est quant à lui bien présent et nous tenaille au moins autant que l’obstiné Erysichthon.

Qui en paye le prix aujourd’hui ? Notre planète.

Qui en payera le prix demain ? Nos propres enfants.

Et ce prix sera lourd. Très lourd. Exorbitant.

Mais nous continuons. Et cet aveuglement suicidaire est au cœur de l’intrigue de notre nouveau roman : « Katharsis »…

Désormais nous savons que nous allons bientôt nous entredévorer et mettre en pleine lumière la seule loi qui repaît l’Homme : la loi de la jungle !

Qui osera encore se moquer d’Erysichthon ?