Katharsis : la troisième exigence des écoterroristes

Dès le début de leur première missive, les écoterroristes de « Katharsis » sont très clairs :

« L’Homme a failli à sa mission !

S’étant arrogé tous les pouvoirs sur Terre, il devait protéger sa propre espèce, la planète qui le nourrit et tous les êtres qu’elle abrite.

Il n’en est rien. L’être humain démontre chaque jour un peu plus qu’il se complaît dans une démarche suicidaire et aveugle.

Ne respectant ni les autres hommes, ni son environnement, il met délibérément en péril l’équilibre de la Nature en niant obstinément les fondements même de son existence sur Terre : la fraternité, le respect des autres et de soi-même, l’altruisme et la précellence absolue de l’Amour ».

Ils continuent un peu plus loin :

« Nos revendications sont au nombre de trois. 

Les deux premières concernent le respect de la planète. La dernière concerne le respect de la personne humaine ».

Le respect de la personne humaine… grave et difficile question que chacun remise trop souvent dans un coin de sa mémoire afin d’éviter de se poser trop de questions gênantes !

Or, dans notre thriller, le rôle des écoterroristes est, justement, de poser toutes les questions gênantes…

Ils poursuivent ainsi en évoquant leur troisième exigences :

« Notre ultime revendication concerne la disparition immédiate et définitive de l’esclavage moderne lié à des contraintes purement économiques. Or il y a deux fois plus d’esclaves dans les pays pauvres en 2033 qu’il n’y en avait dans le monde entier au début du XIXe siècle !

En conséquence, nous exigeons que les Nations Unies fassent signer par tous les pays concernés (ils sont une cinquantaine au moins, et parfaitement connus de tous) une Charte rendant illégal l’esclavage économique, car lorsqu’un homme est totalement privé de liberté de choix… il est esclave ! Et l’absence apparente de chaînes ne modifie guère l’asservissement et la dépendance ».

Ce qui précède peut, légitimement étonner les femmes et les hommes qui imaginaient que la lèpre de l’esclavage est désormais derrière nous.

C’est une magistrale erreur. Le pire est devant nous !

En effet, le commerce d’esclaves a fait un retour en force. Et, cet esclavage moderne (c’est-à-dire un esclavage et un assujettissement économique total) ne touche pas seulement les jeunes africains et les jeunes africaines, car des femmes et des enfants sont également enlevés et exploités comme esclaves sur tous les continents.

On estime qu’il y a plus de 27 millions de victimes dans le monde, soit plus du double du nombre de personnes qui ont été déportées au cours des 400 ans d’histoire du commerce transatlantique des esclaves vers l’Amérique !

Or, cette traite d’êtres humains sans précédent passe pratiquement inaperçue. Les 27 millions de victimes de ce commerce moderne sont plus invisibles que les 12 millions d’Africains qui ont été envoyés de force en Amérique du XVIe au XIXe siècle.

Comment expliquer un tel phénomène à une époque où les médias et les moyens de communication sont plus nombreux que jamais et où la transparence est à l’ordre du jour ?

Le premier problème est lié aux différences majeures entre l’ancien commerce transatlantique des esclaves et le commerce moderne. Le premier était fondé sur une idéologie raciale. Les victimes étaient africaines. Elles étaient capturées et vendues comme esclaves en Afrique, puis envoyées dans les colonies européennes pour travailler principalement dans les champs et les gisements de minerai.

Les efforts conjugués des mouvements abolitionnistes ont conduit à l’abolition du commerce des esclaves dans l’Empire britannique et dans les Amériques, puis celle de l’esclavage lui-même en Occident au XIXe siècle.

Au XXIe siècle, la traite des esclaves revêt un caractère bien différent car tous les groupes humains sont visés. Bien que les femmes et les enfants soient les principales victimes, ceux qui sont achetés et vendus comme esclaves viennent de presque tous les continents et sont envoyés dans pratiquement tous les pays.

Contrairement au commerce transatlantique, ces personnes ne sont pas recrutées pour travailler dans une région géographique spécifique, ou dans un industrie ou un secteur particulier. Certes, un grand nombre de femmes sont vendues comme prostituées ou concubines, et de nombreux enfants comme travailleurs agricoles, mais il existe peu de routes ou de marchés bien établis et relativement stables. Alors que le commerce transatlantique jusqu’au XIXe siècle était légal et pratiqué comme un commerce légitime, la traite moderne est illégale.

Les transactions de ce commerce clandestin sont donc en grande partie dissimulées au public.

Étant donné l’ampleur et la nature illégale et relativement invisible de ce phénomène, il est difficile de définir et de mettre au point une stratégie. C’est d’ailleurs en raison de cette difficulté que les écoterroristes de « Katharsis » ont décidé de « frapper un grand coup » en menaçant l’humanité par le biais de la pire sanction imaginable.

La plus terrifiante aussi…

Vu les formes diverses que revêt l’esclavage moderne dans les sociétés et les communautés du monde entier, les abolitionnistes du XXIe siècle sont obligés de travailler avec les gouvernements locaux, régionaux et nationaux, les organismes religieux et les citoyens afin de mener des enquêtes et organiser des débats sur l’état actuel de l’esclavage et la traite des esclaves.

Au-delà même des 27 millions d’esclaves économiques actuellement identifiés par les Nations Unies, il ya plus sournois encore : l’esclavage économique des enfants…

Chaque année, des centaines de millions d’enfants dans le monde sont victimes d’exploitation, d’abus et de violence. Ils sont enlevés et recrutés dans l’armée, vendus à des réseaux de prostitution, asservis pour dette ou victimes d’autres formes d’esclavage.

Selon l’Organisation internationale du Travail, 246 millions d’enfants sont engagés dans un travail forcé, dont près des trois quart travaillent dans un environnement dangereux, tels que des mines ou des usines, ou manipulent des substances dangereuses comme des produits chimiques et des pesticides agricoles.

Ceci prend parfois directement la forme de traite d’êtres humains…

L’exploitation des enfants à des fins de travail et à des fins sexuelles est un commerce international lucratif. On estime que, chaque année, 1,2 million d’enfants dans le monde sont victimes de la traite, certains étant parfois arrêtés et détenus comme immigrants illégaux.

Des filles, qui ont parfois moins de treize ans, sont vendues comme « épouses par correspondance ». Jusqu’à 10 000 femmes et filles des pays pauvres voisins ont été attirées par la ruse dans des établissements de prostitution. Comme les autres formes d’activités criminelles, la traite est une activité dissimulée et difficile à combattre.

Environ 1 million d’enfants, la plupart des filles, mais aussi un nombre important de garçons, sont exploités chaque année dans l’industrie du sexe qui rapporte des milliards de dollars. Ces abus sont alimentés par la demande locale, le tourisme sexuel ne représentant qu’une petite partie du problème. L’activité sexuelle étant généralement considérée comme une affaire privée, les gouvernements et les communautés sont souvent réticents à intervenir dans les cas d’exploitation sexuelle.

Enfin, plus de 300 000 enfants-soldats, qui n’ont parfois pas plus de huit ans, sont exploités dans les conflits armés dans plus de 30 pays.

On estime qu’au cours de la dernière décennie, plus de 2 millions d’enfants sont morts des conséquences directes d’un conflit armé, et au moins 6 millions ont été gravement blessés ou handicapés à vie.

De plus, entre 8 000 et 10 000 enfants sont, chaque année, tués ou mutilés par des mines terrestres.

A la lumière de ces éléments chiffrés, on comprend mieux les raisons pour lesquelles les écoterroristes insistent sur le caractère impératif et obligatoire de cette ultime revendication…

Dans notre prochain article nous évoquerons le cœur du problème qui -très étrangement aussi- est fort peu connu du grand public : l’extrême dangerosité des « supervolcans ».

Katharsis : la première revendication des écoterroristes

 

Le point de départ de l’intrigue de « Katharsis » s’inscrit dans un rêve qui taraude une vingtaine d’hommes et de femmes prêts à commettre l’irréparable afin de sauver l’humanité face à ses démons.

Nous sommes en 2033 et les moyens de communication électroniques sont omniprésents. C’est pour cette raison que les revendications des écoterroristes arrivent aux Nations Unies et aux grands médias mondiaux… par courrier !

Voilà les premières lignes du communiqué qui alimentera l’effroi pendant un long compte-à-rebours de 18 jours :

« L’Homme a failli à sa mission !

S’étant arrogé tous les pouvoirs sur Terre, il devait protéger sa propre espèce, la planète qui le nourrit et tous les êtres qu’elle abrite.

Il n’en est rien. L’être humain démontre chaque jour un peu plus qu’il se complaît dans une démarche suicidaire et aveugle.

Ne respectant ni les autres hommes, ni son environnement, il met délibérément en péril l’équilibre de la Nature en niant obstinément les fondements même de son existence sur Terre : la fraternité, le respect des autres et de soi-même, l’altruisme et la précellence absolue de l’Amour. 

Détruisant les ressources de la planète, anéantissant les forêts tropicales, polluant chaque jour un peu plus les océans et l’atmosphère, l’Homme a initié le plus invraisemblable suicide collectif qui soit.

Ceci doit cesser !

Dans certaines religions on prétend que Dieu a créé le Monde en six jours.

Notre association -elle s’appelle aujourd’hui « Katharsis », mais nous lui donnons un nom différent chaque jour- accorde trois fois plus de temps à l’humanité et à ses dirigeants pour se reprendre et reconstruire un monde plus équitable et plus harmonieux.

18 jours… pas un de plus !

Si les trois revendications que nous résumons ci-dessous ne sont pas validées par les dirigeants de tous les pays du monde dans le cadre solennel d’une Assemblée Générale des Nations Unies, nous mettrons en œuvre une mesure de rétorsion exceptionnelle par son ampleur et sa gravité.

Cette sanction sera si terrifiante, si définitive, que la civilisation basculera dans le chaos en quelques semaines. »

Un peu plus loin, l’organisation écoterroriste égrène ses trois requêtes qui effareront huit milliards de terriens simultanément incrédules et inquiets. Voilà la première :

« Nos revendications sont au nombre de trois. 

Les deux premières concernent le respect de la planète. La dernière concerne le respect de la personne humaine. Les 8 milliards d’habitants qui s’entassent actuellement sur la poubelle insalubre que l’on s’obstine à nommer Terre, conviendront aisément que ces doléances constituent un strict minimum.

En conséquence, nous exigeons qu’un engagement définitif soit pris afin de diminuer de 50% les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette décision doit être confirmée dans un délai de 18 jours. Elle devra être scrupuleusement respectée à travers des actions concrètes, opérationnelles et vérifiables. Toute fourberie de la part des décideurs concernés sera cruellement sanctionnée. En cas d’acceptation de la part des gouvernants de tous les pays du monde et des principaux décideurs économiques, notre menace restera active.

Toute trahison ultérieure provoquera l’Apocalypse.

Les Protocoles de Kyoto, de Perth et de Vancouver, ont démontré l’inanité des efforts visant à diminuer l’accroissement de l’effet de serre dont nous sommes tous les responsables directs.

La situation est catastrophique et les prévisions pour la fin du siècle sont affolantes.

On évoque désormais des augmentations de la température moyenne de l’atmosphère pouvant frôler les 10° entre le début du XXIe siècle et 2100. En conséquence, un reflux de 15 ou 25% des émissions de gaz à effet de serre ne suffirait nullement à endiguer le processus entamé depuis quelques décennies.

Une diminution de 50% constitue donc un strict minimum. Afin de conforter notre propos et la légitimité de nos exigences, nous donnerons ici deux exemples qui se suffisent à eux-mêmes. »

Sans aller plus loin, on peut affirmer qu’une diminution de 50% des émissions de gaz à effet de serre sera très prochainement nécessaire si l’on souhaite enrayer les effets désastreux du réchauffement climatique.

Rappelons ici que ces gaz à effet de serre sont des composés gazeux (vapeur d’eau, dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote, ozone et certains gaz fluorés) qui absorbent le rayonnement infrarouge émis par la surface de la Terre. Comme ils confinent une partie de la chaleur issue du soleil, ils provoquent un effet de serre salutaire. Il faut savoir que -sans gaz à effet de serre- la température annuelle moyenne à la surface de notre planète serait de… -18° !

Le problème ne réside donc nullement dans l’existence de gaz à effet de serre, mais dans celui de son accroissement irraisonné depuis les débuts de l’ère industrielle. Comme la plupart de ces gaz ont des durées de vie dans l’atmosphère comprise entre 120 et 50 000 ans, on comprend immédiatement qu’il n’y a que deux solutions pour enrayer ce processus létal à moyen terme :

–          absorber massivement les excédents de carbone,

–          produire moins de gaz à effet de serre.

La première solution semble être la plus naturelle (car elle existe depuis des millions d’années) et la moins pénalisante pour une humanité qui comptera bientôt neuf milliards d’habitants. Hélas, les deux « puits de carbone » les plus efficaces : les forêts et les océans vont progressivement être en panne.

Pour les forêts, c’est très simple. Le « poumon » de la planète (les forêts tropicales) est en train de disparaître sous nos yeux au profit de l’huile de palme et des plantes utilisées pour les agrocarburants qui symbolisent l’idée la plus absurde qui soit : détruire des millions d’hectares de forêts pour nourrir des millions de voitures alors que des millions d’êtres humains meurent de faim !

Pour les océans, c’est plus subtil car leur surface ne varie pas ; elle augmentera même avec la montée des eaux liée au réchauffement climatique. La difficulté réside dans le fait qu’un océan plus chaud de 1° perd environ 10% de sa capacité à jouer le rôle de « puits de carbone ».

La seule solution efficace est donc celle revendiquée par les écoterroristes de « Katharsis » : réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre d’au moins 50%.

Cela signifie changer totalement notre façon de vivre.

Et c’est bien là le problème…

Interview pour le site « La vie littéraire »

Oksana & Gil Prou

Entretien avec Gil Prou et Oksana autour de leur roman Katharsis

par Matthieu Baumier et Gwen Garnier-Duguy

LVL : Gil Prou et Oksana, vous venez de signer, après votre space opéra métaphysico-planant « Cathédrales de brumes« , un deuxième roman troublant de prophétisme, « Katharsis« , dans lequel des idéalistes intraitables meurtris par ce que l’homme inflige à la race humaine et à la Terre menacent les dirigeants du monde de faire sauter la planète s’ils ne changent pas l’économie de la manière de vivre humaine. Ces éco-terroristes se sont appropriés des missiles nucléaires, qu’ils menacent de faire sauter dans des giga volcans. Première question, Gil et Oksana : le réveil du volcan islandais qui a paralysé l’Europe, c’était vous ?

O & G : Bien sûr ! Plus sérieusement, nous nous sommes posé la même question en constatant l’étrange parallèle existant entre certains éléments de notre fiction et l’actualité la plus récente. En fait, en écrivant Katharsis nous avons souhaité mettre en lumière une réalité -l’existence de plusieurs supervolcans tapis dans l’écorce terrestre depuis plusieurs millions d’années- qui constituent la plus effroyable menace « naturelle » susceptible d’anéantir la civilisation humaine en provoquant un long hiver volcanique. Selon la puissance de l’éruption, cet « hiver » durerait quelques années ou… quelques siècles ! Le hasard fait que cette problématique se nourrit de l’actualité, même si le « petit » volcan islandais représente moins d’un dix millième de la puissance réelle d’un supervolcan tel que celui de Yellowstone ou celui du lac Toba. L’actualité récente confère par ailleurs un caractère prémonitoire à notre thriller. On y retrouve en effet les effets désastreux de l’éruption d’un volcan, mais aussi le constat des échecs des gouvernants du monde lorsqu’il faut prendre des décisions qui engagent l’avenir. On découvre aussi une similitude avec le Sommet de Washington qui met en lumière le risque d’une appropriation de l’arme nucléaire par des terroristes. Enfin, nous programmons la première mission habitée pour Mars en 2033 et Obama évoque l’horizon 2035. On devrait peut-être jouer au loto !

LVL : Votre roman, bien rythmé, haletant, est toutefois extrêmement noir.
L’échec du Grenelle de l’environnement, l’échec du Sommet de Copenhague, l’échec de la Conférence de Doha ne sont certes pas là pour nous rassurer quant à vos prévisions. Votre démarche littéraire est-elle désespérée, nihiliste, ou croit-elle qu’il y a un salut par le Verbe ?

O & G : Notre démarche est tout simplement lucide. Nous serons 9 milliards d’êtres humains en 2050 et nous n’avons nullement l’intention d’endiguer nos suicidaires appétits de consommation. Tous les signaux sont au rouge : on vient d’apprendre par les spécialistes des Nations Unies que les réserves de poissons auront disparues en 2050 si on ne régule pas drastiquement la pêche mondiale… Dans l’état actuel des choses -et les échecs récurrents de tous les sommets visant à enrayer ce processus dément le prouvent- la catastrophe écologique, climatique et sociale est inévitable. N’oublions pas ce chiffre simple et atroce : en 2010, un enfant meure toutes les 5 secondes par manque d’eau ou en raison d’une eau impropre à la consommation… Mais on parle de quoi sur Facebook et dans les journaux télévisés ? De niaiseries politiques ou sportives, mais presque jamais de ces enfants qui meurent chaque jour. Que se passera-t-il lorsque la population humaine aura augmentée de 40% (c’est-à-dire demain) et lorsque nos appétits de consommation auront augmenté de 100% ?

LVL : Votre roman a quelques précédents dans le genre, notamment l’excellent « En direct » de Spinrad. Pensez-vous que « la conscience verte » sera le prochain fascisme ?

O & G : La situation environnementale et sociale deviendra de plus en plus difficile et l’avenir de nos enfants s’obscurcira. Tout ceci génèrera naturellement des révoltes et la radicalisation d’une forme outrée de l’écologie : l’écoterrorisme est une des réalités de demain. Tout le monde le sait et nous avons simplement précipité ce phénomène dans notre thriller…

LVL : Votre roman s’ouvre par une citation de René Char : « L’Homme fut sûrement le voeu le plus fou des ténèbres« . Cet aphorisme est extrait des « Feuillets d’Hypnos« , livre « écrit » pendant l’Occupation, alors que Char était résistant et maquisard, donc au noir d’une période historique très menaçante. Sommes-nous à l’équivalent historique d’une menace capitale, pour que vous repreniez ainsi la lignée de Char ?

O & G : Si l’on considère que la possible généralisation de conflits pour l’accession à l’eau et à la nourriture est une situation dramatique et une menace capitale pour l’humanité (ce qui est notre cas), le parallèle est pleinement justifié.

LVL : Char écrivit aussi « A chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d’avenir« . La salve d’avenir, votre roman ne semble pas y croire, mais vous, comment le voyez-vous ?

O & G : Si les femmes avaient simplement -et dans tous les pays du monde- le choix d’avoir ou non un enfant, sans contrainte, sans jugement, un véritable espoir poindrait à l’horizon. Mais si nous sommes condamnés à être neuf milliards de fournis laborieuses et consommatrices de ressources en 2050, il n’y aura pas de « salve d’avenir ». Nous n’avons qu’une seule Terre… Et nous l’a tuons.

LVL : Yves Paccalet préface votre beau roman. Auteur du provocant « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! », il semble être la plume indiquée pour introduire votre roman. Des vues communes avec lui ?

O & G : Innombrables ! Yves est devenu un ami et discuter avec lui est un plaisir sans borne. Que ce soit dans ces ouvrages coécrit avec le Commandant Cousteau ou dans ces essais les plus récents, il dit tout haut ce que la plupart des spécialistes honnêtes pensent tout bas. Pour être francs, lorsqu’il écrivit « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! » en 2005 et lorsque nous avons écrit la première version de « Katharsis » en 2007, nous pensions tous les trois avoir un peu « grossit le trait ». Lorsque nous évoquons cette problématique ensemble en 2010, nous pensons, au contraire, être un peu en retrait par rapport aux catastrophes climatiques, environnementales et humaines que nous alimentons tous ensemble…

LVL : La dernière phrase de votre roman est proprement sublime. Elle fait référence à Chrétien de Troyes (le moment ou le jeune Perceval contemple le sang sur la neige, symboles qui mettent le héros en marche vers sa quête intérieure de pureté et de grandeur humaine), au Giono de « Un roi sans divertissement« , où le thème du sang dans la neige est également très marqué. Est-ce là, silencieuse, la parole discrètement charrieuse d’espérance en l’Homme ?

O & G : Le sang sur la neige… La pureté et la mort mêlées après le « dernier cri du dernier des humains » (Vigny). C’est une image poétique, mais c’est aussi un symbole fort. Or tout est symbole.

LVL : Vous travaillez à un nouveau roman ?

O & G : Nous commençons l’écriture simultanée de deux nouveaux romans. Le premier se déroulera au VIe siècle avant J. C. et le second 3 500 ans plus tard. Nous ne risquons donc nullement de confondre les intrigues et les personnages…

Oksana & Gil Prou le 20 Mai 2010

Lien : http://www.lavielitteraire.fr/index.php/katharsis-entretien

Lien vers notre précédente interview : http://www.lavielitteraire.fr/index.php/gil-prou-et-oksana-entretien

Chronique de « Katharsis » sur Wagoo

La vie avant l'hiver volcanique annoncé par l'organisation écoterroriste "Katharsis"

Après leurs « Cathédrales de brume » chez Rivière blanche, l’actrice X Oksana et l’ancien dirigeant de la FNAC Gil Prou livrent un second roman chez Interkeltia, jeune éditeur en progression, mais qui gagnerait à améliorer encore davantage ses corrections. Contrairement à leur précédent livre, pur space opera aux perspectives cosmiques, Katharsis évolue dans les mêmes sphères qu’un « Adae », pour rester dans la même maison, à savoir une anticipation fortement axée sur les préoccupations actuelles.

En 2033, l’humanité poursuit sa marche en avant suicidaire, sans que le réchauffement climatique ou l’explosion démographique ne connaissent le moindre enrayement significatif. C’est le moment que choisissent les membres d’un groupe aux noms changeants (Katharsis, Sol Invictus ou Sysyphus) pour lancer un ultimatum aux dirigeants de la planète : en moins de trois semaines, ces derniers doivent accepter de débuter une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre, cesser la destruction des forêts tropicales primaires et mettre fin à tout esclavage économique. Faute de quoi, les terroristes utiliseront quatre superbombes nucléaires de 1 000 mégatonnes chacune, prétendument en leur possession, pour déclencher l’explosion d’un supervolcan, au risque de provoquer une sixième extinction de masse de toutes les espèces vivantes, à commencer par la nôtre.

Le roman suit donc l’avancée de ce sinistre chronomètre, en se penchant plus particulièrement sur certains individus ou groupes : une famille vivant dans les Cévennes, que les épreuves soudent de nouveau, à l’opposé de celle de Bali, les deux étant liées car issues du même divorce ; la secrétaire générale de l’ONU et ses conseillers, placés au centre de la tourmente ; un blogueur de Sarajevo, à qui l’annonce de la catastrophe permet de surmonter sa dépression sentimentale ; sans oublier quelques personnalités plus ponctuelles.

Ponctuant chaque chapitre, enfin, un aborigène australien s’efforce de donner naissance à la figure d’un serpent arc-en-ciel, apportant à l’ensemble de l’intrigue une certaine mise en abyme (d’autant que les aborigènes ont réalisé autrefois un écocide de leur propre sous-continent).

On retrouve, dans ce « Katharsis », un certain nombre de traits caractéristiques de l’écriture des deux auteurs déjà repérés dans Cathédrales de brume, un goût pour les noms propres particulièrement longs et complexes, une écriture souvent précieuse, ainsi qu’une prédilection pour les échanges verbaux. La lecture se fait toutefois ici plus directe et prenante, en raison du compte à rebours terriblement lourd de conséquences, et on ne lâche que difficilement le roman avant son terme.

Roman de fin du monde, parfois inspiré de James Bond (le scénario de destruction, les numéros de l’organisation criminelle), « Katharsis » s’intéresse également à bien des thèmes, hard science très digeste, philosophie néoplatonicienne, analyse picturale, mais son cœur est celui de Gaïa, dédaignant un peu rapidement la dimension anticipative (quasiment aucun changement technologique ou de vie quotidienne n’est imaginé, en dehors du xylic, epad amélioré, ou d’une connexion cérébrale possible avec le net). Plus curieux, les abris anti-atomiques, qui sont pourtant pour beaucoup toujours debout, ne sont jamais évoqués ni, donc, utilisés…

L’urgence écologique est bien la trame majeure du livre, déclinée ici sur un mode particulièrement pessimiste. Si la critique de cet alibi qu’est le développement durable, du choix des agrocarburants ou de l’énergie éolienne au détriment de l’énergie marémotrice sont des éléments plutôt pertinents, on ne peut que s’étonner de ne jamais voir intervenir les associations actives dans la défense de l’environnement ou les organisations altermondialistes.

De même, les peuples sont ici strictement passifs, seulement esquissés dans leurs réactions face aux communiqués successifs des écoterroristes et dans les scènes de panique qu’ils engendrent. Pas de soulèvement contre des dirigeants pour l’essentiel autistes, donc, alors que la gestion des politiciens est clairement placée sur le banc des accusés ; le capitalisme n’est jamais nommément mis en cause dans la dégradation de l’environnement, et la révolution ne fait pas partie des alternatives envisagées par les auteurs. Leur vision de cette dernière est en effet purement négative, à l’image de la pensée dominante anti communiste.

« Katharsis » est en tous les cas un roman glaçant, dont on peut penser qu’il se veut être un véritable électrochoc pour participer à une prise de conscience nécessaire avant qu’il ne soit trop tard…

Maestro.

Lien : http://wagoo.free.fr/spip.php?article1714

Chronique de Katharsis sur le site L’Autre Monde

L'Homme du XXIe siècle sera-t-il responsable de la 6e extinction de masse affectant notre planète ?

Décidément Oksana et Gil Prou n’ont pas fini de nous surprendre. Avec leur nouveau roman, les deux auteurs nous offrent un thriller d’anticipation écologique et apocalyptique.

Le principe est simple : en 2033, une organisation éco-terroriste vient de lancer un ultimatum aux nations. Si dans 18 jours aucun accord n’a été trouvé pour répondre à leurs 3 revendications (réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre, supprimer l’esclavage économique et arrêter de détruire les forêts), les éco-terroristes supprimeront l’Homme de la surface de la Terre. Puisque l’être humain ne fait que piller les ressources naturelles sans se soucier du lendemain, il est devenu un poison pour la Terre.

Toutes les tentatives d’accords se sont soldées par des échecs. Alors, en ayant le couteau sous la gorge, peut-être que les pouvoirs politiques prendront enfin les décisions qui s’imposent depuis plusieurs dizaines d’années ?

Ou peut-être pas !

Nous allons suivre les débats qui vont animer l’ONU, qui en 2033 est aussi inefficace qu’à l’heure actuelle. Et découvrir que malgré le bon sens des revendications des éco-terroristes, les chefs d’état dans leur grande majorité ne vont s’occuper que de leur petit nombril en se demandant : est-ce que la menace est réelle ? Est-ce que mon pays risque quelque chose ? Pourquoi devrais-je négocier avec des terroristes ?

Enfermés dans leurs tours d’ivoire, les décideurs politiques vont se détourner de l’essentiel du message de l’organisation terroriste : il faut agir pour sauver la planète sinon nous allons tous mourir dans 18 jours.

Nous assisterons aux échanges entre chefs d’Etat, aux réunions préparatoires organisées par Katrin Thoroddsen, la Secrétaire Générale des Nations Unies, mais également aux réactions des simples citoyens, comme le blogeur Goran Janacek de Sarajevo, la famille Vintilhac dans les Cévennes etc. Avec quelques intermèdes dans une navette spatiale à destination de Mars renfermant 12 scientifiques en mission pour la Nasa. Chaque début de chapitre étant consacré à un aborigène australien qui est occupé à dessiner un serpent arc-en-ciel.

Les communiqués qui sont envoyés par l’organisation terroriste font monter la pression crescendo, en livrant les informations au compte gouttes sur la façon qu’ils ont choisi pour déchaîner les enfers sur Terre, si rien n’est fait.

Ce roman d’anticipation ne fait que légèrement grossir le trait par rapport à notre situation actuelle. Il suffit de voir ce qu’a donné, ou plus exactement n’a pas donné, le Sommet de Copenhague. Même sans être sensible à la mouvance écologique, le plus bête des hommes ne peut que constater l’épuisement des ressources naturelles et leur disparition (derniers exemples en date : le thon rouge, que le japon continue de consommer plus que de raison et les ravages forestiers que produit le développement de l’utilisation de huile de palme dans l’industrie agro alimentaire).

De ce fait, les revendications des éco-terroristes et leurs différents plaidoyers pour une réaction forte des états sonnent comme un cri du cœur et non comme un chantage odieux. C’est la réaction des gouvernements qui va vous faire hurler en lisant Katharsis, car ce roman d’anticipation pourrait se révéler être notre triste réalité dans quelques années.

Espérons qu’Oksana et Gil Prou pourront éveiller quelques consciences supplémentaires avec leur roman. D’autant que le texte est émaillé de nombreuses citations littéraires et d’explications scientifiques (tectonique des plaques, théorie des cordes etc).

Katharsis n’est pas un simple roman écolo-futuriste que tout le monde pourrait écrire. Il s’agit d’un plaidoyer pour sauver la planète, qui met en exergue les prises de conscience que des auteurs classiques ou des philosophes anciens. Les références utilisées par Oksana et Gil Prou ne sont pas un catalogue pour exposer leur culture générale, mais une invitation à aller plus loin dans la réflexion.

Car Katharsis ne doit pas rester un simple livre qui, une fois votre lecture achevée, se retrouvera à prendre la poussière dans votre bibliothèque. Il faut que vous en parliez autour de vous, que vous prêtiez ou offriez Katharsis à vos amis, car n’oubliez pas une chose : les décideurs politiques sont élus. Et vous avez la possibilité de les obliger à prendre en considération la planète que nous foulons du pied tous les jours.

Vous savez ce qui vous reste à faire (tout du moins si vous habitez dans une démocratie…).

Cependant n’allez pas croire que Katharsis est un manifeste politique. Ce livre reste un roman d’anticipation, et donc avant tout un objet culturel, qui vous permettra de passer un très bon moment en vous faisant peur, en imaginant ce qui pourrait arriver de pire à la notre belle planète dès demain.

Mais pour aujourd’hui tout va bien… Enfin, tout ne va pas si mal.

 Lien : http://lautremonde.radio.free.fr/litterature.php?id=662 

Xavier

Chronique de Katharsis sur le site Khimaira – un monde d’imaginaire

L'Apocalypse a parfois des formes très inattendues...

Voilà déjà la troisième chronique de notre dernier roman : « Katharsis » qui est paru à la mi-Mars.

Si les livres se suivent sans se ressembler aux Editions Interkeltia, il en va de même pour leurs auteurs.

Après l’Apocalypse selon Neptune, écrit par un yogi immergé dans la conscience supramentale ayant pris le nom de Natarajan, arrive un roman rédigé par un duo bien éloigné des poncifs édulcorés de la littérature ordinaire. En effet, Oksana est une ancienne star du X, ceinture noire de judo et passionnée de cosmologie comme de civilisation égyptienne. De son côté licencié en Egyptologie et ex-dirigeant de la FNAC, Gil Prou est féru de philosophie néoplatonicienne mais aussi de poésie.

Un duo étonnant qui en est déjà à son second roman publié (le premier étant Cathédrales de brumes aux éditions Rivière Blanche). Voici venir Katharsis dans la collection AnticipaXion.

Dans un futur extrêmement proche, 2033, l’humanité a continué sa dérive dans le massacre journalier de la planète qui est devenue surpeuplée, polluée, surchauffée et affamée. Résultat : bien peu de changement en dehors de la noosphère devenue une réalité. Imaginée par Teilhard de Chardin, elle est une structure immatérielle contenant les connaissances de l’humanité sous une forme bien plus puissante qu’internet.

Bref, la société en est là de son existence peu enviable lorsque survint un ultimatum mondial signé Katharsis. Derrière cette lettre, totalement anachronique dans un système tout numérique, se dissimule une organisation écoterroriste déterminée. Leurs revendications : voir l’humanité diminuer de 50% les émissions de gaz à effet de serre; l’arrêt définitif de la déforestation des zones tropicales ; et enfin abolir totalement l’esclavage économique.

La durée de l’ultimatum: moins de dix-jours. La sanction en cas de déni de leurs demandes: une catastrophe cataclysmique !

Autant dire que cette missive fait l’effet d’une lourde pierre dans une mare. Aussitôt, les avis vont bon train. De l’homme du peuple aux dirigeants politique, tout le monde «voit midi à sa porte». Certains pensent à un canular, d’autres songent à de faux écologistes mais vrais terroristes, et d’autres encore frissonnent déjà en songeant aux conséquences planétaires de représailles épouvantables. Bien évidemment, dans les plus hautes sphères, il n’est pas question de céder au chantage, comme il n’est pas du tout envisageable de baisser son niveau de confort afin d’améliorer l’air de la planète. Sa majesté «argent» continue de gouverner les nantis.

Pourtant, la véritable question que bien peu se posent est : «l’organisation écoterroriste ira-t-elle au bout de sa menace?».

Katharsis est un roman singulier porté par un style atypique. Face à un ultimatum lancé à la face du monde, le récit permet de suivre de nombreuses personnes dans leurs questionnements ou leurs errances durant la durée prédéfinie par le premier message. Si les recommandations semblent parfaitement en accord avec la survie du plus grand nombre, comment savoir jusqu’où peuvent aller les individus tant dans leurs choix que dans leurs extrémismes ?

Véritable miroir de l’humanité confrontée à l’une des plus incroyables sommations de toute son histoire, Katharsis risque fort de mettre un doigt «là où cela fait mal».

Pour un réveil des consciences peut-être?

Par Christian Perrot, le 20 mars 2010

 Lien vers la chronique : http://www.khimairaworld.com/articles/fiche/1876/Katharsis

Autres chroniques de « Katharsis » déjà parues dans les médias :

http://www.psychovision.net/livres/critiques/fiche/689-katharsis

http://www.phenixweb.net/PROU-Okhsana-et-PROU-Gil-Katharsis

Chronique de « Katharsis » sur le site Psychovision.net

 

Katharsis positionne l'Homme à l'aplomb de ses incohérences, de ses aveuglements; de ses angoisses...

Avec « Cathédrale de Brumes », Oksana et Gil Prou nous offraient un voyage sensationnel, fabuleux, aux confins de l’espace, de la solitude et des sens. Une œuvre poétique et philosophique, une œuvre inoubliable et qui pour moi valait tout simplement l’appellation de chef-d’œuvre. Mais le plus hallucinant c’est que les auteurs ne se sont pas arrêtés là et en changeant quelque peu de style et de thème, ils vont plus loin et nous offrent ici un nouveau chef-d’œuvre, un livre à lire absolument de par sa thématique et de par la façon toute intelligente et passionnante que les deux auteurs ont d’aborder les thèmes ici présentés et pourtant maintes fois rabâchés : la planète et son mal-être !

Attention ce livre fait mal, très mal !

Tout le monde le sait et ceux qui ne le savent pas font semblant de ne rien entendre, notre planète va très mal.

Nous sommes en 2033, la terre est surpeuplée, le réchauffement climatique et la déforestation sont le lot quotidien des humains tout comme la famine et les guerres civiles. Mais voilà, un jour une étrange organisation éco-terroriste lance un ultimatum à la population entière via l’ONU. Si la planète ne réduit pas les gaz à effet de serre, ne protège pas notre avenir, la faune, la flore et ne prend pas en compte le devenir de notre écosystème ils déclencheront une apocalypse effroyable. Un terrible compte à rebours commence donc avec ce chantage. L’humanité à failli à son devoir et Katharsis, le nom de cette organisation, va y remédier.

En fait cette organisation à plusieurs noms, mouvante, changeante, mystérieuse, insaisissable…

Voilà le lecteur entrainé alors dans un terrible compte à rebours et pris aussi dans un étrange sentiment puisqu’il devient difficile de ne pas donner raison à ces éco-terroristes, d’autant plus que les auteurs, tout en arrivant à maintenir un mystère et un suspens superbement mené, nous offrent aussi un terrible constat sur notre planète absolument bien détaillé et très documenté.

On est alors complètement happé par ce récit qui se veut original et superbement écrit.

Oksana et Gil Prou ne se contentent pas de nous offrir un point de vue mais plusieurs point de vue, à différents endroits du globe et explorant même l’espace. Ainsi, nous voyons les interminables discussions de l’ONU, comment les différentes nations n’arrivent pas à s’entendre et à se mettre d’accord, comment le monde est gouverné uniquement par la cupidité et les intérêts.

Alors que la terre risque de disparaitre nous voyons nos politiciens se chamailler comme des gamins et au final être complètement inactifs. Superbe image de notre monde moderne !

Mais « Katharsis » ne se contente pas des grands de ce monde mais aussi de ce petit peuple qui est nous, et Oksana et Gil Prou décident de déplacer leur histoire chez une famille vivant dans les Causses, une région où justement le cadre naturel est plus ou moins préservé. Entre une jeune fille un peu perdue et s’ennuyant dans ce trou de verdure (pour ne pas dire autre chose !), et un père un peu dépassé par les événements mondiaux et personnels, les auteurs nous proposent alors de vivre ce drame qui se veut mondial mais aussi macroscopique, comme pour nous prouver que tout le monde est touché, que personne ne peut échapper à notre univers et à sa marche inexorable vers sa terrible décadence…

Même les astronautes perdus dans l’espace, regroupant plusieurs nations, sont atteints par le drame planétaire, comme si même en conquérant l’espace, comme si même en s’isolant dans le lointain, l’homme ne pouvait échapper à son destin. La peur est partout, pourtant ce que proposent de faire les éco-terroristes, au final, ce n’est qu’accélérer le processus dans lequel l’homme et son absurdité nous a plongé.

Et personne ne fait rien et le compte à rebours nous rapproche toujours de l’inéluctable !

Autre personnage parmi tant d’autres, personnage qui m’a le plus touché d’ailleurs, Goran Janacek, journaliste yougoslave aux tendances misanthropiques et autodestructives qui alimente son blog quotidiennement sur le phénomène, apportant encore un autre éclairage. On peut même se demander si ce Goran n’est pas, en quelques sorte, le double des auteurs ?

Les auteurs multiplient donc les points de vue, comme pour nous montrer que toutes les sphères, tous les individus sont touchés, pour nous montrer que le drame est quelque chose du quotidien, que le poison est entré et qu’il est difficile de le faire sortir, surtout au vu de comment réagissent les grandes puissances. Même si les points de vue donc sont multiples, même si l’écriture se veut complexe, le grand talent de ces deux auteurs c’est de rester compréhensible, d’arriver à nous faire pénétrer par le biais du thriller, du suspens et du mystère dans des problèmes plus que graves, de nous sensibiliser à la planète, à nous-mêmes aussi…

Il m’est difficile de vous dire tout le bien que j’ai pensé de ce « Katharsis » et il y avait bien longtemps que je n’avais pas pris une telle claque !

L’histoire est absolument géniale, superbement bien menée, pouvant s’interpréter sur de nombreux niveaux de lecture, du simple au plus complexe, embrassant ainsi tous les champs de réflexions allant du scientifique au philosophique, sans jamais nous faire perdre le plaisir de lecture.

Et je ne vous parle même pas du style fantastique, bien à eux, reconnaissable entre mille, qu’ont ces deux auteurs ! C’est tout simplement magnifique !!

Il y a de purs moments de magie, de purs moments d’émotion tant avec les personnages bien sûr, souvent dépassés par la crise mondiale, que dans les descriptions de la nature par exemple. Un coucher de soleil ne m’a jamais paru aussi beau, sans compter sur la symbolique que ce rougeoiement nous offre !

Quand la poésie rejoint la science-fiction, quand la science-fiction s’engage, bouscule et fait mal… Tout ici nous est livré en direct, les émotions retranscrites au présent, avec toujours ce souci de n’écarter personne, ni un personnage au profit d’un autre, ni un lecteur au profit d’un autre, une œuvre totale (mais peut-être un peu moins que « Cathédrales de Brume » malgré tout, et peut-être plus abordable aussi), une œuvre coup de poing qui nous remet tous à notre place, un magnifique thriller digne des plus grands auteurs américains, une poésie étrange, bref de la grande littérature !

Au final la question qui se pose est : doit-on donner raison aux éco-terroristes ? Après tout ne sont-ils pas comme les autres, des destructeurs, des tueurs de masse ?

Et voilà que l’on pourrait porter la réflexion encore plus loin, sur l’aspect moral, par exemple, de nos actions ! La conclusion est affligeante, pessimiste et sombre.

Et si de toute façon nous étions condamnés ?

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman, j’adore ce que font Oksana et Gil Prou, a tel point que j’ai du mal ici à en parler !

Une œuvre à la fois aussi directe et à la fois aussi complexe, sans compromis, sans langue de bois, mais en même temps avec du style et des idées, avec de la poésie et de l’engagement, c’est rare, bien trop rare ! Tout le monde trouvera son compte en lisant ce roman, l’écolo un brin baba cool, le lecteur attiré par une SF différente, le jeune en mal de sensations fortes, le scientifique qui veut voir ce que donnent ses théories, tout le monde devrait lire ce livre et surtout les plus hauts placés.

Moi les mots me manquent pour vous dire le choc que se fut, la révélation qui m’a été offerte en lisant ce roman.

Pour conclure, c’est vers la maison d’édition Interkeltia que je voudrais me tourner et j’aimerais avoir les moyens de faire taire les mauvaises langues, même si je ne veux pas attiser le débat, débat qui n’a pas lieux d’être d’ailleurs: à l’heure actuelle, Interkeltia est l’une des seules maisons d’édition capables de nous offrir de telles œuvres engagées, véritables et sincères, loin du commercial et loin de certains ténors de la SF qui, certes, ont écrits des chefs-d’œuvre, mais qui parfois aujourd’hui feraient mieux de s’abstenir…

Interkeltia nous offre encore une fois une œuvre à la limite de l’inclassable, plus qu’originale, de la SF comme on voudrait en lire plus souvent, actuelle, moderne et superbement écrite, à la portée de tous tout en étant intelligente. Une œuvre à la fois dense et populaire, une œuvre unique !

Une maison d’édition qui mérite tout notre soutien et deux auteurs qu’il faut lire absolument.

Continuez comme ça, c’est un régal !

Quant à vous Melle Oksana et M. Gill Prou merci pour les deux claques que vous m’avez offertes coup sur coup, merci pour ce style, merci pour les thèmes abordés, pour cette poésie et surtout continuez car des auteurs comme vous dans le paysage français c’est rare !

10/10

Le Cimmerien

A propos de ce livre :

– Site de l’éditeur : http://www.interkeltia.com

– Site des auteurs : http://oksanaetgil.skyrock.com

Lien vers la chronique : http://www.psychovision.net/livres/critiques/fiche/689-katharsis