Chronique de Katharsis

Katharsis publié en 2010 chez Interkeltia

Katharsis publié en 2010 chez Interkeltia

Une nouvelle chronique de « Katharsis » par un lecteur : Greg Hocfell

Ce thriller écologiste a été préfacé par le philosophe et naturaliste Yves Paccalet qui a coécrit une vingtaine de livres avec le Commandant Cousteau.

Le roman est paru en 2010 chez Interkeltia.

Il est disponible sur le site de la FNAC : http://livre.fnac.com/a2795391/Oksana-Katharsis#st=Katharsis&ct=Livre&t=p

On le trouve aussi chez Amazon : http://www.amazon.fr/Katharsis-Gil-Prou-Oksana/dp/2357780215/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1400416358&sr=1-2&keywords=Katharsis

Rappelons que « Katharsis » sera suivi d’un autre roman que nous avons déjà écrit : « Zalmoxis » et qui paraîtra normalement en 2015.

Zalmoxis (la suite de Katharsis) parution en 2015

Zalmoxis (la suite de Katharsis) parution en 2015

 

D’entrée de jeu, le ton est donné avec le choix de cette couverture où on voit des astronomes observant une éclipse, une œuvre d’Antoine Caron, mais on est bien loin de se douter de ce qui nous attend en lisant l’énorme opus de Gil Prou et Oksana, deux auteurs qui nous projettent, au fil des pages, dans un avenir proche, où les terroristes qui menacent soudain le monde, l’humanité, ne sont plus ceux auxquels on pense en ces temps d’actualité troublés.

Et si des écologistes désabusés, écœurés, posaient un ultimatum aux puissants de ce monde ?

Et si les éventuels barbus ou autres religieux fanatiques, les dictateurs cocaïnés ivres de leur égo, n’étaient plus à l’ordre du jour, en cette année 2033 ?

Pas de conflits entre deux civilisations, l’une orientale, l’autre occidentale, plus de nouvel ordre dit mondial insidieusement glissé dans les plans de conquête les plus secrets, non, juste un petit groupe dissimulé dans les profondeurs de la Terre, à un point bien stratégique, qui décide de faire prendre conscience à toutes et tous, via les moyens de communications dernier cri – les fameux Xylic -, à travers de longs messages écrits et dictés où il est question, grosso modo, de dire « Voilà où nous en sommes, voilà où toute cette consommation de ressources naturelles, technologiques, commerciales nous ont conduit, aussi nous allons faire sauter le monde par le pouvoir du feu nucléaire… »

La réalisation n’y va pas de main morte : l’histoire fait monter une tension qui va crescendo autour d’une certaine Katrin Thoroddsen, secrétaire générale de l’ONU, une femme emblématique, charismatique, forte et qui parait ne jamais devoir être déstabilisée, jusqu’au jour où…

Ces écolos qui ont largué moutons, montagne et fumette sont bel et bien en position de force, ils ne sont pas en haut de la falaise à nous pisser dessus, non, mais bien au centre de la Terre, près d’un « supervolcan« , à caresser des ogives nucléaires pendant que l’un d’entre eux hésite à presser le « gros bouton rouge »…

A travers les conversations, nous, lecteurs, lectrices, nous avons un compte-rendu de l’état de la planète. Et c’est plutôt ballot. Ce sont des tracasseries à tous les points du globe, entre le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources, les conflits de civilisations, les révoltes, les crève-la-dalle plus nombreux que les étoiles… fiouf !

Katharsis : d'abord vint la nuit

Katharsis : d’abord vint la nuit

On se met à tergiverser malgré tout, Gil Prou et Oksana veulent nous faire réfléchir, nous aussi, planqué derrière notre bouquin, au soleil. Et ils y arrivent.

Oh, il y a bien quelques fellations çà et là, entre un magnétique Goran et sa sulfureuse étudiante ukrainienne, mais ce n’est presque pas assez pour nous rassurer, même si rien ne vaut parfois une bonne petite pipe pour calmer le jeu…

On sent la culture de Gil Prou et de sa complice, et la connivence qui leur a fait écrire une histoire qui se lirait presque d’une traite.

Si KATHARSIS aurait eu toutes les chances d’être un chouette bouquin de science-fiction pour un été situé dans les années 70, un gros burger super bon à dévorer à l’ombre d’un parasol sur une plage ivoirine, ce n’est plus le cas aujourd’hui. KATHARSIS fait salement flipper, « prendre conscience« , à des cons comme moi, misérable machin qui ne peut qu’opiner en répétant : « Bah oui, c’est sûr, c’est grave mais qu’est-ce qu’on peut faire ?…« 

Juste une chose, cependant, histoire de faire baisser l’audimat : les dialogues parfois un peu beaucoup trop châtiés entre certains protagonistes, par exemple : deux cyclistes ont un vocabulaire que je n’ai pas quand j’ouvre ma grande gueule, et deux individus retournés à l’âge de pierre, à la fin, m’ont fait découvrir le mot « ténébrosité », wowww…

Mis à part ça, cette histoire m’a happé, et elle apporte beaucoup à notre conscience, et ça, c’est l’essentiel.

Une grande histoire !

 

Greg Hocfell

Katharsis : puis vint le froid...

Katharsis : puis vint le froid…

Le jour où l’humanité faillit disparaître…

L'éruption d'un supervolcan entraînerait un long "hiver volcanique", anéantissant ainsi sept millénaires de civilisation...

Nous vous proposons de faire ensemble un petit bond dans le temps. Dans le passé pour être précis. Au Moustérien en fait.

Nous sommes en 74 000 av JC…

Pas de panique. Notre navette temporelle est toute récente et nous devrions, normalement, pouvoir revenir sans encombre à notre époque. Nous l’espérons en tout cas.

Arrivant incognito dans l’île de Sumatra, nous découvrons progressivement une population très clairsemée. Les humains de cette lointaine époque sont des néanderthaliens qui vivent chichement de cueillette, de chasse et de pêche plus ou moins fructueuses. Naturellement, ils ne connaissent pas encore l’agriculture et l’élevage qui ne seront inventés que quelques centaines de siècles plus tard.

La vie est rude, mais quelques millions d’êtres humains peuplent déjà notre bonne vieille Terre qu’aucune pollution ne souille encore.

Nous les regardons vivre paisiblement lorsque, soudain, des grondements titanesques viennent du sol, vrombissant et meuglant tels des bovidés affolés.

En quelques instants l’espace se contorsionne, se vrille, éructe une douleur infinie…

La plaine environnante et les forêts qui l’encerclent dilatent l’horizon. Puis elles s’éparpillent en milliards de fragments enflammés !

En une fraction de seconde, une monstrueuse explosion tellurique soulève le paysage et propulse des centaines de milliards de tonnes de roches et de magma dans l’atmosphère.

Sous nos yeux ébahis le supervolcan niché sous le lac Toba vient d’entrer en éruption.

Si notre navette temporelle était bien réelle, et non une pure fiction, nous serions morts instantanément. En effet, une éruption de cette importance détruit toute vie dans un rayon de mille kilomètres autour de la bouche de l’Enfer qui s’ouvre ainsi en révélant l’intimité de notre planète, c’est-à-dire le magma qui gronde sous l’écorce terrestre depuis plus de quatre milliards d’années et qui s’accumule, parfois, dans des chambres magmatiques aux proportions cyclopéennes.

Dans les minutes qui suivent cette colossale éruption qui projeta 3 000 kilomètres cube de roche, de lave et de magma dans les plus hautes couches de l’atmosphère (soit environ 10 000 fois la taille de l’éruption du volcan St Helens en 1980 !), des nuées de gaz corrosifs et de cendres brûlantes envahissent l’île de Sumatra.

Quelques instants plus tard, d’épouvantables fleuves de coulées pyroclastiques anéantissent toute vie.

Mais le drame le plus atroce est ailleurs…

Indépendamment de leur pouvoir de destruction incomparablement supérieur à celui des volcans habituels, la singularité la plus extravagante des supervolcans se situe au niveau des conséquences liées à l’éjection d’une masse de roches et de gaz dans l’atmosphère égale ou supérieure à une chaîne de montagne tout entière !

Le résultat est apocalyptique, car ces quantités ahurissantes de matières en suspension forment très rapidement un épais nuage qui encapuchonne toute notre planète…

La conséquence est presque immédiate : 98% des rayons solaires sont occultés. Et ceci pendant quelques décennies !

Résultat : la température baisse vertigineusement et la photosynthèse s’interrompt presque totalement. Les deux effets combinés se soldent par l’omniprésence d’un froid intense et la quasi disparition des plantes dont nos lointains ancêtres se nourrissaient. C’est l’hiver volcanique

La dernière grande éruption d’un supervolcan ayant eu lieu il y a 600 000 ans (à Yellowstone dans le Wyoming) on peut légitimement se demander comment les humains du Moustérien purent survivre à un pareil cataclysme ?

En fait, la majorité des néanderthaliens vivant sur Terre à cette époque périrent. Seule une infime minorité a survécu : entre 1 500 et 10 000 personnes.

Ainsi, après la terrifiante éruption du supervolcan du Toba, la population terrestre a chuté de quelques millions d’êtres humains à… quelques milliers !!!

Les médias n’existant pas encore il y a 74 000 ans, comment pouvons-nous reconstituer cet hallucinant scénario ?

Pour réussir cet exploit, il fut nécessaire d’harmoniser les observations et les travaux de géologues et de volcanologues -ceci paraît logique- mais aussi de biologistes spécialistes de la génétique humaine.

En étudiant le taux de mutation de l’ADN mitochondrien au cours des âges (les mitochondries sont des structures intracellulaires dont le rôle physiologique est capital), quelques scientifiques constatèrent que le patrimoine génétique humain est très stable, alors qu’en 100 000 ans la diversité génétique devrait être infiniment plus marquée en raison des combinaisons génétiques s’accumulant potentiellement pendant cette très longue période.

Seule explication possible à cette très grande uniformité : une diminution drastique de la population mondiale dans un très lointain passé ; diminution qui constitua en quelque sorte un goulot d’étranglement expliquant cette uniformité génétique surprenante.

Or les mutations des mitochondries (encore elles…) s’effectuant avec une très grande régularité, le nombre de ces mutations peut servir d’horloge génétique.

Nos spécialistes découvrirent ainsi que la population mondiale dut choir entre 1 000 et 10 000 habitants ; cet ahurissant holocauste s’étant vraisemblablement produit il y a 80 000 ans.

Un véritable désert démographique s’ensuivit.

La relation avec l’éruption du supervolcan de l’île de Sumatra fut rapidement faite par quelques chercheurs qui démontrèrent que ce cataclysme colossal entraîna la disparition presque totale de l’humanité.

On constatera que les quelques milliers de survivants firent preuve d’une capacité de résistance absolument étonnante. Fascinante même…

Mais n’oublions pas que les néanderthaliens étaient particulièrement résistants au froid, à la faim et à des conditions de vie extrêmement difficiles.

Imaginez un instant ce qui se passerait si le supervolcan de Yellowstone (par exemple) devait entrer en éruption dans les décennies à venir ? Avec neuf milliards d’habitants totalement inféodés au confort et n’ayant absolument plus l’habitude de se battre pour se nourrir…

Imaginez un monde glacial, sans énergie, sans production alimentaire…

Imaginez l’Apocalypse. Puis multipliez par mille !

Voilà ce qui se passerait à notre époque si l’un des 7 ou 8 supervolcans sournoisement tapis dans la croûte terrestre décidait, brutalement, d’entrer en éruption…

Il faut préciser ici que cette théorie n’est pas validée par l’ensemble de la communauté scientifique et que certains mettent en doute ce scénario en forme d’Armageddon.

Laissons ces querelles de spécialistes aux seuls spécialistes…

L’important est ailleurs pour nous et se résume à une question simple : qu’adviendra-t-il de sept millénaires de civilisation humaine si l’un des sept supervolcans enfouis dans l’écorce terrestre entre en éruption dans les décennies ou les siècles à venir ?

La réponse est dans « Katharsis »…

Chronique de « Katharsis » sur Wagoo

La vie avant l'hiver volcanique annoncé par l'organisation écoterroriste "Katharsis"

Après leurs « Cathédrales de brume » chez Rivière blanche, l’actrice X Oksana et l’ancien dirigeant de la FNAC Gil Prou livrent un second roman chez Interkeltia, jeune éditeur en progression, mais qui gagnerait à améliorer encore davantage ses corrections. Contrairement à leur précédent livre, pur space opera aux perspectives cosmiques, Katharsis évolue dans les mêmes sphères qu’un « Adae », pour rester dans la même maison, à savoir une anticipation fortement axée sur les préoccupations actuelles.

En 2033, l’humanité poursuit sa marche en avant suicidaire, sans que le réchauffement climatique ou l’explosion démographique ne connaissent le moindre enrayement significatif. C’est le moment que choisissent les membres d’un groupe aux noms changeants (Katharsis, Sol Invictus ou Sysyphus) pour lancer un ultimatum aux dirigeants de la planète : en moins de trois semaines, ces derniers doivent accepter de débuter une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre, cesser la destruction des forêts tropicales primaires et mettre fin à tout esclavage économique. Faute de quoi, les terroristes utiliseront quatre superbombes nucléaires de 1 000 mégatonnes chacune, prétendument en leur possession, pour déclencher l’explosion d’un supervolcan, au risque de provoquer une sixième extinction de masse de toutes les espèces vivantes, à commencer par la nôtre.

Le roman suit donc l’avancée de ce sinistre chronomètre, en se penchant plus particulièrement sur certains individus ou groupes : une famille vivant dans les Cévennes, que les épreuves soudent de nouveau, à l’opposé de celle de Bali, les deux étant liées car issues du même divorce ; la secrétaire générale de l’ONU et ses conseillers, placés au centre de la tourmente ; un blogueur de Sarajevo, à qui l’annonce de la catastrophe permet de surmonter sa dépression sentimentale ; sans oublier quelques personnalités plus ponctuelles.

Ponctuant chaque chapitre, enfin, un aborigène australien s’efforce de donner naissance à la figure d’un serpent arc-en-ciel, apportant à l’ensemble de l’intrigue une certaine mise en abyme (d’autant que les aborigènes ont réalisé autrefois un écocide de leur propre sous-continent).

On retrouve, dans ce « Katharsis », un certain nombre de traits caractéristiques de l’écriture des deux auteurs déjà repérés dans Cathédrales de brume, un goût pour les noms propres particulièrement longs et complexes, une écriture souvent précieuse, ainsi qu’une prédilection pour les échanges verbaux. La lecture se fait toutefois ici plus directe et prenante, en raison du compte à rebours terriblement lourd de conséquences, et on ne lâche que difficilement le roman avant son terme.

Roman de fin du monde, parfois inspiré de James Bond (le scénario de destruction, les numéros de l’organisation criminelle), « Katharsis » s’intéresse également à bien des thèmes, hard science très digeste, philosophie néoplatonicienne, analyse picturale, mais son cœur est celui de Gaïa, dédaignant un peu rapidement la dimension anticipative (quasiment aucun changement technologique ou de vie quotidienne n’est imaginé, en dehors du xylic, epad amélioré, ou d’une connexion cérébrale possible avec le net). Plus curieux, les abris anti-atomiques, qui sont pourtant pour beaucoup toujours debout, ne sont jamais évoqués ni, donc, utilisés…

L’urgence écologique est bien la trame majeure du livre, déclinée ici sur un mode particulièrement pessimiste. Si la critique de cet alibi qu’est le développement durable, du choix des agrocarburants ou de l’énergie éolienne au détriment de l’énergie marémotrice sont des éléments plutôt pertinents, on ne peut que s’étonner de ne jamais voir intervenir les associations actives dans la défense de l’environnement ou les organisations altermondialistes.

De même, les peuples sont ici strictement passifs, seulement esquissés dans leurs réactions face aux communiqués successifs des écoterroristes et dans les scènes de panique qu’ils engendrent. Pas de soulèvement contre des dirigeants pour l’essentiel autistes, donc, alors que la gestion des politiciens est clairement placée sur le banc des accusés ; le capitalisme n’est jamais nommément mis en cause dans la dégradation de l’environnement, et la révolution ne fait pas partie des alternatives envisagées par les auteurs. Leur vision de cette dernière est en effet purement négative, à l’image de la pensée dominante anti communiste.

« Katharsis » est en tous les cas un roman glaçant, dont on peut penser qu’il se veut être un véritable électrochoc pour participer à une prise de conscience nécessaire avant qu’il ne soit trop tard…

Maestro.

Lien : http://wagoo.free.fr/spip.php?article1714