Dialogue avec une mygale

Il est souvent plus facile de dialoguer avec une mygale qu'avec un militant politique (quel que soit le parti...)

Il est toujours simultanément passionnant et attristant d’assister en spectateur muet à une discussion entre plusieurs personnes. En quelques secondes on a tout compris : on va encore assister à un dialogue de sourds…

En effet, même si la discussion est dénuée de toute visée polémique et de toute agressivité, on s’aperçoit immédiatement que chacun parle pour soi et que l’écoute de l’autre est une ambition remisée aux oubliettes. Au-delà même des mots, la gestuelle et les mimiques se suffisent à elles-mêmes. Lorsqu’une personne parle, l’autre -ou les autres- réfléchissent déjà à leurs propres réponses.

C’est ainsi que chacun pérore à l’aune de sa propre logique sans réellement chercher le sens congru du discours de l’autre. Ceci est parfaitement logique car chaque être humain s’aheurte sans cesse aux frontières immatérielles de sa propre « bulle émotionnelle et psychique ».

Nous ne sommes pas totalement indifférents aux autres -espérons-le en tout cas- mais seules les ramifications de l’autre qui nous concernent vraiment nous intéressent. Tout le reste s’embrume et se noie dans un brouhaha informationnel que l’on oublie à la seconde.

C’est pour cette raison que les discussions constructives au sein de la famille, avec les amis, les collègues de travail ou les relations extérieures n’abordent que la surface des choses.

Nous avons déjà plusieurs fois évoqués ici ce que nous décrivons comme étant le « paradigme de l’iceberg ». Paradigme que l’on peut résumer ainsi : tout comme l’iceberg dont nous ne voyons émerger que 10% de la masse totale, l’invisible l’emporte toujours au détriment du visible. Or comme nous ne nous intéressons souvent qu’aux apparences, nous frôlons sans cesse la vraie vie en nous réfugiant prudemment au sein d’une mince bulle qui nous évite de nous impliquer réellement.

C’est ainsi que les discussions entre les êtres humains sont généralement infécondes. Elles se concrétisent uniquement lorsque de réels centres d’intérêts réunissent les êtres.

Naturellement ce cas de figure est rare. Trop rare.

Conscient de ce constat que chacun peut aisément faire, prétendre dialoguer avec une mygale peut paraître absurde, extravagant ; voire malsain. Et pourtant…

Mais avant d’aller plus loin, il n’est probablement pas inutile de nous remémorer ici quelques détails concernant ces charmantes bêtes poilues.

Les mygales forment un sous-ordre d’araignées appartenant au groupe des orthognathes. Le sous-ordre compte actuellement 15 familles, lesquels totalisent 301 genres et 2456 espèces.

Les mygales, comme les autres araignées, sont dépourvues de squelette interne (endosquelette). En effet, elles ne possèdent qu’une cuticule qui joue le rôle de squelette externe (exosquelette). Les animaux à mue ont une croissance non linéaire car l’épiderme synthétise des protéines qui forment une couche non cellulaire au niveau de la surface du corps: la cuticule.

Cette couche est plus ou moins rigide, ce qui empêche l’organisme de croître. Ainsi, l’animal doit donc se débarrasser de cette exuvie afin de continuer sa croissance. Lorsqu’elles sont jeunes, les mygales muent tous les deux ou trois mois, à chaque stade de la croissance, laissant régulièrement ainsi des exuvies dans leur sillage.

L’une des plus intéressantes mygales est parfois appelée « mygale à genoux rouges » ou « grande mygale mexicaine ». Son nom scientifique est infiniment plus poétique : Brachypelma smithi…

Cette mygale est d’un naturel placide. Elle mesure parfois 8 centimètres de diamètre ce qui la rend assez impressionnantes pour celles et ceux qui sont arachnophobes.

De plus en plus rare dans son habitat d’origine, Brachypelma smithi est désormais élevée en terrarium ou sa reproduction ne pose aucun problème.

Cette araignée facétieuse et peu agressive nous interpelle car elle semble se situer très au-delà du relationnel habituel des humains. Or cette limitation est bien regrettable car un contact est tout à fait envisageable avec cette créature qui fascine et surprend en même temps.

Un reportage étonnant illustrait ceci il y a quelques années. L’histoire se passait à New York. On voyait une fillette d’une dizaine d’années jouer avec une grosse mygale à genoux rouges tout en tissant avec elle une relation qui outrepassait largement les barrières sclérosantes qui emprisonnent l’immense majorité des êtres humains ; même ceux qui se prétendent totalement désinhibés…

La mygale vivait une grande partie du temps sur les épaules de la fillette et regardait la télévision en même temps qu’elle, démontrant éloquemment ainsi que deux êtres fondamentalement différents peuvent « partager » des attitudes, des gestes, des relations.

On peut donc « dialoguer » avec une mygale, même si le sens du mot doit être pris ici dans un sens très large.

Mais l’émotion prévaut, et c’est ce qui importe.

L’histoire de cette petite fille et de sa mygale de compagnie peut donner le sentiment d’être une anecdote sympathique ; sans plus.

Hélas, il suffit de se promener dans la rue, ou de regarder les informations télévisées pendant une demi-heure, pour réaliser immédiatement qu’il est apparemment beaucoup plus difficile de dialoguer avec certains êtres humains… qu’avec une mygale !

L’ostracisme, le rejet de l’autre et la haine des différences demeurent constants. Il est affolant de constater qu’une fillette peut établir une relation forte et pérenne avec une mygale à genoux rouges, alors que des millions d’êtres humains se haïssent tout simplement parce qu’ils refusent de connaître l’ « autre » et de dialoguer avec lui.

Nous serons neuf milliards en 2050 et le contexte environnemental et social sera considérablement plus difficile qu’en 2010.

Que faire ?

Observons les mygales et posons-nous une question toute simple : les différences doivent-elles nous enrichir ou nous opposer ?

L’avenir du Monde est dans la réponse que ces neuf milliards d’êtres humains donneront.

Qui veut parier sur le résultat ?

L’amour et la lucidité sur les bûchers de l’Inquisition

La vérité et l'amour finissent souvent sur le bûcher...

Il est toujours très dangereux d’avoir raison avant les autres…

L’Histoire de l’humanité grouille d’exemples de ce type qui démontrent tous éloquemment que la vérité fait peur.

La conséquence est toujours la même : l’opprobre, la dénonciation.

Puis la condamnation.

Dans certains cas ceci va très loin. Nous mettons ici en exergue deux cas qui nous touchent vraiment car leur expression de la vérité était justifiée, féconde ; utile.

Et ils périrent tous les deux sur le bûcher !

Ces deux précurseurs d’une vérité devenant inopportunément impie à leur époque sont Marguerite Porete et Giordano Bruno. Trois siècles les séparent, mais leurs destinées s’entremêlent et la symbolique qui prévaut ici demeure la même : le carcan des verrous intellectuels qui engluent notre liberté et notre imagination est toujours le même, il y a cinquante siècles ou en 2010…

Marguerite Porete était une femme exceptionnelle qui véhicula à travers ses écrits et sa vie une idée simple, lumineuse : l’absolue précellence de l’amour.

Majestueuse, envoûtante et sensuelle, cette revendication s’inscrivant dans une logique parallèle à l’ « amour courtois » fut décriée, vilipendée. Marguerite en mourût.

Il existe effectivement une étonnante affinité entre la mystique féminine des XIIe et XIIIe siècle -dont Marguerite Porete est un illustre exemple au même titre qu’Hadewijch d’Anvers, par exemple- et l’amour courtois.

Dans les deux cas, on retrouve un lien singulier qui, dans le premier cas, unit l’âme à Dieu, et qui, dans le second cas, unit la Dame au poète courtois.

Calqué sur le lien vassalique, cette osmose presque absolue s’identifie à une forme sophistiquée de fidélité qui se symbolise par un mot simple et rare à la fois : amour…

Mais revenons un instant sur le parcours étonnant de Marguerite Porete (1250-1310).

Vivant à Valenciennes à une époque de grande effervescence religieuse, Marguerite fit partie des béguines, un mouvement composé de femmes libres, d’âmes en quête d’Amour divin réfutant l’idée de toute autorité religieuse ou maritale. Elle publia un livre intitulé “Le miroir des âmes simples et anéanties” qui deviendra le témoin de la spiritualité béguinale et, d’une manière plus générale, de la mystique féminine parfois appelée « mystique nuptiale ».

Réalisant dans sa vie et dans son œuvre littéraire l’union suprême au Divin, Marguerite écrit pour ceux qui n’ont pas encore communié à cet « Amour à la fois proche et insaisissable ».

Elle nous invite à contempler notre âme à travers le miroir de l’Amour pour l’épurer de tout ce qui fait obstacle à l’épanouissement du divin en nous. A ce stade d’évolution, affirme Marguerite Porete, l’âme est « si brûlante en la fournaise du feu d’Amour, qu’elle est devenue feu, à proprement parler, si bien qu’elle ne sent plus le feu, puisqu’elle est feu en elle-même par la force d’Amour qui l’a transformée en feu d’Amour ».

On retrouvera ultérieurement cette métaphore chez Jean de la Croix.

Ainsi, en laissant son ego devenir lui-même « feu d’Amour », l’âme se découvre telle qu’elle est et a toujours été : unie à l’Amour. Totalement accomplie -presque enivrée- dans un Amour qui échappe à la raison, elle vole au-dessus de tous les repères, rituels, prières ou dogmes…

Naturellement, cette liberté de ton et cette approche totalement désinhibée par rapport aux fossilisations intellectuelles inhérentes à une vision étroite de la spiritualité, lui attirèrent les foudres des autorités ecclésiastiques

Voyant immédiatement dans ces propos une opposition farouche à la morale et une iconoclastie en germe, l’Inquisition condamna et brûla « Le miroir des âmes simples et anéanties » jugé hérétique en 1306. Mais Marguerite Porete continua à propager ses idées.

Transportée à Paris en 1310, elle fut condamnée pour hérésie et périt dignement sur le bûcher.

Presque trois siècles plus tard, l’Inquisition accomplit encore son horrible besogne en condamnant au bûcher l’un des plus grands philosophes de la fin de la Renaissance : Giordano Bruno.

Notre intention n’est nullement ici de reprendre la biographie du nolain qui participa (au même titre que Copernic et Galilée) à une révolution intellectuelle majeure : la prise de conscience par l’Homme d’une réalité simple : il n’est qu’un brimborion au milieu de l’univers.

Forte, prégnante et riche en développements futurs, cette idée déplût.

C’est le moins que l’on puisse dire…

Dans tous nos romans nous essayons d’annihiler les stupides blocages psychiques qui gangrènent nos espérances et notre intelligence. Aussi étonnant que cala puisse paraître, cette vision holistique du monde, des autres et de nous-même (qui apparaît très clairement dans notre nouveau roman : « Katharsis« ) provoque encore des réticences.

A la fin du XVe siècle cette lucidité sereine s’assimila à un sacrilège, un outrage. Un blasphème.

Revenons juste un instant à Giordano Bruno.

Né à Nola, près de Naples, en 1546, il fonde sa philosophie sur les travaux de l’astronome polonais Copernic et du philosophe néoplatonicien Nicolas de Cues que nous avons déjà évoqué à travers son concept de « coïncidence des opposés ».

S’appuyant sur les travaux de Copernic, il démontre éloquemment l’existence d’un univers infini et grouillant de monde et d’astres eux aussi infinis.

Cette « pluralité des mondes » se situait à l’exact opposé du géocentrisme qui prévalait jusque là. Cette approche novatrice lui valut de nombreuses inimitiés, puis des haines inexpugnables.

Sa vision d’un univers sans bord, sans frontière et sans fin bouscule tous les archétypes anciens issus de l’aristotélisme et de la religion. Cette bravade intellectuelle devint rapidement intolérable aux yeux d’un clergé qui sentait probablement poindre des aurores nouvelles qu’il redoutait.

Un procès s’éternisant sur de longues années (23 Mai 1592-17 Février 1600) commença sous l’égide (la férule pourrait-on dire) de l’Inquisition.

Le premier acte d’accusation se soucia principalement de ses positions théologiques considérées comme hérétiques. Mais ses activités philosophiques et scientifiques furent très rapidement mises en exergue : sa pratique de l’art divinatoire, sa croyance en la métempsychose et, surtout, sa vision d’un cosmos infini et dénué de centre.

Dans un premier temps, il se défendit habilement. Mais, en 1593, dix nouveaux chefs d’accusation entraînèrent Giordano Bruno dans sept années d’un procès interminable ponctué par une vingtaine d’interrogatoires.

Il fut torturé d’innombrables fois. Désireux d’en finir, le pape Clément VIII somma une dernière fois Bruno de se soumettre. Le philosophe nolain refusa.

La situation étant bloquée, Clément VIII ordonna le 20 Janvier 1600 au tribunal de l’Inquisition de prononcer son jugement.

Le 17 février 1600, sur le bûcher installé sur le Campo Dei Fiori, Giordano Bruno éleva probablement son regard vers ce ciel protéiforme et infini qu’il venait de dévoiler au monde.

En observant les destins tragiques de Marguerite Porete et de Giordano Bruno, une vérité jaillit immédiatement en nous. La mise en lumière de l’absolue prééminence de l’amour et de la pluralité des mondes symbolise une quête presque parfaite. Une quête qui ennoblit l’être humain.

Et les initiateurs de ces quêtes furent brûlés vif.

Comme le décrivait parfaitement Giordano Bruno : « Nous ne voyons pas les véritables effets, les véritables formes des choses ou la substance des idées, mais leurs ombres, vestiges et simulacres «  (Des fureurs héroïques).

Que faisons-nous en 2010, hormis nous repaître d’ombres, de vestiges et de simulacres ?

Or la fossilisation des idées nous guette à l’orée d’un millénaire crucial pour l’avenir de l’humanité.

Marguerite Porete et Giordano Bruno refusèrent cette défaite. Ils périrent atrocement pour ce courage rare.

Qui reprendra le flambeau ?

La rencontre…

Rencontre avec un insecte de la famille des membracides

Une vie humaine comporte généralement quelques moments exceptionnels (dramatiques ou très heureux) et des millions d’instants parfaitement anodins. Entre ces deux extrêmes se nichent d’autres séquences de la vie.

La plus émouvante est la rencontre.

Ce mot doit être compris ici dans son sens le plus large. Il s’agit bien sûr de la rencontre entre deux êtres -amicale, amoureuse ou simplement sensuelle- mais cet instant divin s’étend bien au-delà. On peut citer la rencontre avec un animal, avec un paysage grandiose, avec une œuvre d’art…

Nous traitons par ailleurs ce thème dans l’un des chapitres de notre nouveau roman : « Katharsis« .

Ce passage -qui à Venise pour toile de fond- surprendra probablement bien des lecteurs…

Quel que soit le contexte, cet instant particulier peut aisément devenir magique si l’on accepte d’y apporter un supplément d’âme. Cette expression implique que l’on se mette en situation de recevoir l’autre sans a priori, sans jugement, sans réticence. La découverte de l’autre (ou d’un paysage majestueux, d’un monument somptueux ou d’une œuvre musicale émouvante) déclenche immédiatement en nous une émotion particulière.

Cette émotion peut, dans certains cas, se métamorphoser en extase.

Une fois de plus, nous préférons donner ici la parole à des poètes qui synthétisèrent notre quête d’absolu en quelques mots simples.

Nous invitons d’abord le poète autrichien Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) qui s’efforça de transcrire les principes de la philosophie néoplatonicienne à travers une œuvre riche et variée.

Dans un texte écrit en 1907 (Les chemins et les rencontres), Hugo von Hofmannsthal précise : « la quête et la rencontre sont de quelque façon au nombre des mystères d’Eros. Sur nos chemins en lacet nous ne sommes pas poussés vers l’avant par nos seuls actes, mais toujours attirés par quelque chose qui, semble-t-il, toujours nous attend quelque part et reste toujours voilé. Il y a comme un désir amoureux, une curiosité d’amour, dans notre progression. A chaque rencontre solitaire se même comme une grande douceur, ne fût-ce que la rencontre d’un grand arbre isolé ou celle d’un animal de la forêt qui s’immobilise en silence et dont les yeux nous fixent dans l’obscurité ». Il poursuit : « La rencontre, et non l’étreinte, est la véritable et décisive pantomime érotique. A nul instant, comme lors de la rencontre, la sensualité n’est aussi baignée d’âme, l’âme aussi baignée de sensualité ».

Il conclut enfin : « La rencontre promet davantage que ne peut tenir l’étreinte. Elle semble inscrite dans un ordre supérieur des choses, celui-là même qui préside aux mouvements des astres et à la fécondation des pensées ».

La rencontre est donc avant tout le symbole d’un moment privilégié : celui où les sens et l’esprit se fondent ensemble.

Et de cette fusion naît parfois l’extase.

Nous donnons maintenant la parole au grand poète anglais John Donne (1573-1631). Dans un superbe poème justement intitulé L’extase, il précise : « C’est que chaque âme enclôt en soi tout un mélange, et l’amour, remêlant ces âmes mélangées, de deux fait une seule ». Il poursuit un peu plus loin : « Et lorsque l’amour ainsi fait mutuellement deux âmes s’infuser l’une à l’autre à la vie, l’âme qui en découle corrige les défauts qu’avait chacune seule… ».

La notion d’âmes s’infusant l’une à l’autre nous plaît beaucoup. Ceci démontre surtout que la juxtaposition des rencontres (qu’elles se prolongent ou non par une extase…) nous enrichit, élargit notre regard sur le Monde et nous exhausse passagèrement au-dessus de la lie du quotidien propre à la condition humaine.

C’est ce que nous définissons comme une vision holistique du Monde, des autres et de nous-même. Et la concrétisation de cette approche désinhibée de la vie passe… par la rencontre avec l’autre !

Sans jugement. Sans a priori.

Olaf Stapledon et « Cathédrales de brume »…

 

L'univers flamboyant...

Les premières personnes qui purent lire « Cathédrales de brume » -notre éditeur et l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet par exemple- résumèrent rapidement notre roman en précisant que son intrigue était originale et différait totalement des critères habituels propres à la science-fiction.

Cette analyse semble être corroborée par celles et ceux qui, depuis, ont lu « Cathédrales de brume ».

Naturellement, chacun essaie de faire des rapprochements avec d’autres auteurs. Logique…

Etrangement, l’unanimité s’est presque systématiquement faite autour d’un nom : Olaf Stapledon !

Comme nous ne connaissions ce romancier anglais que par son patronyme et non par son oeuvre, nous avons cherché à en savoir un peu plus sur cet écrivain dont le nom revient systématiquement lorsque l’on évoque l’intrigue et les atmosphères fantasmagoriques de « Cathédrales de brume ».

Voilà donc quelques informations prélevées sur wikipedia.

« William Olaf Stapledon (né le 10 mai 1886 près de Liverpool, décédé le 6 septembre 1950), était un philosophe anglais et un auteur de romans de science-fiction visionnaire ayant esquissé nombre de thèmes classiques explorés par la science-fiction du XXe siècle.

William Olaf Stapledon naquit en 1886 à Poulton-cum-Seacombe, dans le Cheshire, sur la péninsule de Wirral, non loin de Liverpool en Grande-Bretagne. Il commença ses études à la Abbotsholme School, puis au Balliol College d’Oxford, où il obtint un diplôme d’histoire moderne en 1909 et un master en 1913.

Après une courte période d’enseignement à la Grammar School de Manchester, il travailla dans les transports maritimes entre Liverpool et Port Saïd, de 1910 à 1913.

Pendant la Première Guerre mondiale, il servit dans la Friends’ Ambulance Unit en France et en Belgique, de juillet 1915 à janvier 1919. Le 16 juillet 1919, il épousa Agnes Zena Miller (1894-1984), une cousine australienne vivant à Sydney. Agnes lui donna une fille, Mary Sydney Stapledon (1920-), et un fils, John David Stapledon (1923-).

En 1925 Stapledon obtint un doctorat de philosophie à l’Université de Liverpool. Il écrivit à cette époque une Modern Theory of Ethics (Théorie moderne de l’éthique) qui fut publiée en 1929. Cependant, il se tourna rapidement vers la fiction pour présenter ses idées au grand public.

Son roman Last and First Men (Les premiers et les derniers) connut un grand succès, ce qui le convainquit de se consacrer pleinement à l’écriture. Il écrivit une suite et de nombreux autres romans associés au mouvement appelés aujourd’hui le transhumanisme.

A partir de 1945, Stapledon fit de grandes tournées pour présenter son œuvre, visitant les Pays-Bas, la Suède et la France. En 1948, il fit une conférence au Congrès des intellectuels pour la paix à Wrocław, en Pologne. Il participa à la Conférence pour la paix mondiale qui se tenait à New York en 1949 comme seul citoyen britannique auquel fut accordé un visa pour participer à cette rencontre.

En 1950, il s’impliqua dans le mouvement anti-apartheid. Après avoir passé une semaine à Paris, il rentra chez lui à Caldy où il mourut soudainement d’une attaque cardiaque.

Son œuvre influença directement des auteurs comme Arthur C. Clarke, Brian Aldiss, Stanisław Lem et John Maynard Smith et indirectement un grand nombre d’autres auteurs, fournissant une large contribution d’idées nouvelles au genre de la science-fiction (la plupart d’entre elles étant inspirées de lectures philosophiques).

Son idée d’empires englobant plusieurs galaxies inspira de nombreux auteurs de science-fiction comme Edward Elmer Smith, Alfred Elton van Vogt ou Isaac Asimov.

Bien que son œuvre ait été écrite avant l’apparition du mouvement appelé « transhumanisme » (1966), les thèmes de la condition transhumaine et du super-esprit composé de nombreuses consciences individuelles sont des thèmes récurrents dans son œuvre.

Son roman intitulé Créateur d’étoiles (Star Maker) contient même la première description connue de la célèbre sphère de Dyson. Freeman Dyson déclara que ce fut le roman qui lui en fournit l’idée première. Les derniers et les premiers (Last and First Men) propose également une description d’ingénierie génétique et de terraformation.

Son roman Sirius décrit également un chien dont l’intelligence égale celle d’un être humain, comme plus tard dans Demain les chiens de Clifford D. Simak.

Ce dernier roman fut tout d’abord refusé par son éditeur à cause de quelques scènes sexuellement explicites.

Ses œuvres de fiction représentent souvent une quelconque intelligence écrasée par un univers totalement indifférent. Ses romans présentent souvent des protagonistes tourmentés par le conflit entre leurs bas instincts et leurs hautes aspirations.

Les romans Les derniers et les premiers (Last and First Men, une histoire anticipée de l’humanité) et Créateur d’étoiles (Star Maker, une histoire esquissée de l’univers) en particulier furent encensés par des personnages aussi divers que J. B. Priestley, Virginia Woolf et Winston Churchill.

Leur philosophie rebuta en revanche C. S. Lewis, dont la Cosmic Trilogy fut écrite en réponse à l’amoralité qu’il percevait dans les romans de Stapledon. En fait, Stapledon était agnostique et hostile aux institutions religieuses, mais non aux aspirations religieuses, ce qui lui valut quelques différends avec H. G. Wells tout au long de leur correspondance.

Olaf Stapledon et son plus célèbre roman

Aucun de ses romans ou aucune de ses nouvelles n’ont été portés à l’écran, bien que George Pal acheta les droits pour Odd John (un roman qui propose l’arrivée de mutants supérieurs à l’homme qui remettent en cause les valeurs culturelles de l’humanité). Mais l’œuvre de William Olaf Stapledon semble trop diffuse et trop complexe pour permettre une adaptation cinématographique ».

Ce résumé de la vie et de l’œuvre d’Olaf Stapledon nous explique mieux le rapprochement, a priori incongru, que la majorité de nos lecteurs fait entre les univers d’Olaf Stapledon et ceux de « Cathédrales de brume ».

Nous laisserons donc à nos futurs lecteurs le soin de se faire leur propre opinion. Mais il est exact que les notions de philosophie (néoplatonicienne en ce qui nous concerne), de sensualité et de totale ouverture aux autres (même s’ils sont fondamentalement différents…) s’harmonisent parfaitement avec nos objectifs littéraires.

Et comme notre second roman : « Katharsis » met en exergue une vision holistique du Monde, des autres et de soi-même qui aurait probablement séduit Olaf Stapledon, cette logique perdurera longtemps encore…

L’hénologie apophatique n’est pas une maladie sexuellement transmissible…

Le visible n'est que l'épiphanie de l'invisible

Ce titre peut légitimement surprendre les internautes curieux et audacieux qui nous font l’honneur de visiter régulièrement nos deux blogs.

Les deux premiers mots n’évoquent pas systématiquement quelque chose de très précis.

Lorsque l’on aura correctement distingué l’hénologie de l’œnologie, on ne sera guère plus avancé…

Quant à l’adjectif apophatique, il nous entraîne aisément dans le dédale vertigineux des maladies infectieuses ou des sectes lucifériennes.

Brrr…

Nous allons faire simple en décrivant « simplement » ces deux notions qui font explicitement référence à la philosophie néoplatonicienne, philosophie antique qui baigne tous nos romans et avec laquelle nous revendiquons crânement une certaine connivence.

Il peut paraître étrange qu’un tandem littéraire unissant une star du X passionnée par la cosmologie et un amateur de Dark Metal féru de physique quantique s’intéresse à une branche de la philosophie qui eut son apogée entre le IIIe et le VIe siècle.

Vous allez rapidement comprendre les raisons de cet intérêt et son lien, presque naturel, avec la vision holistique du Monde que nous prônons à travers notre nouveau roman : « Katharsis ».

Mais revenons à nos moutons…

Comme son nom le révèle assez clairement, la philosophie néoplatonicienne se situe chronologiquement quelques siècles après la naissance de Platon (428 av J.C.).

Elle s’inspire étroitement de la pensée de l’illustre philosophe grec et peaufine ses analyses en orchestrant ses recherches autour de deux dialogues platoniciens majeurs : le Timée et le Parménide.

Le Parménide focalisa tous les efforts de Plotin et de ses successeurs, car cet écrit prémonitoire définissait les contours d’un concept métaphysique essentiel : l’Un !

Or l’hénologie (nous y voilà !) est la branche de la métaphysique qui se consacre à l’Un, par opposition à l’ontologie qui analyse l’Etre en soi.

Les principaux philosophes néoplatoniciens : Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclus et Damascius, s’efforcèrent de démontrer la prééminence absolue de l’Un et ses confluences avec le multiple.

Nous n’entrerons pas ici dans le détail ; un livre n’y suffirait pas…

On peut simplement préciser que ces synthèses effectuées par Plotin et ses épigones identifièrent quatre principes susceptibles de résoudre la complexe équation liant l’Un au multiple :

–          l’unité systématisante qui implique que toute multiplicité suppose une unité primordiale (l’Un néoplatonicien en étant le plus illustre exemple) qui lui donne sa structure,

–          le principe de transcendance qui précise que l’Un transcende la multiplicité qu’elle unifie à terme,

–          le principe d’immanence qui affirme que le multiple est contenu au sein de l’Un qui le transcende,

–          le principe de conversion qui précise, enfin, que la réalité plurielle ne peut se réaliser totalement que par un retour à l’Un.

Naturellement, la traduction religieuse de la quête de l’Un néoplatonicien conduisit à la mystique.

Les convergences sont étranges par ailleurs, car on retrouve des accents communs et des approches synergiques chez Plotin et Proclus (philosophes néoplatoniciens), chez Shankara (le grand penseur hindou qui est l’architecte du Védânta) et chez Maître Eckhart…

« Tout est Un » disait déjà Héraclite d’Ephèse… il y a 25 siècles !

Et l’apophatisme dans tout cela ?

Ce nom aux consonances barbares est généralement lié à la théologie, car on évoque souvent la « théologie négative » ou « théologie apophatique ».

Le principe est simple : le divin étant par définition indescriptible avec des mots humains, on l’appréhende mieux en le définissant… par ce qu’il n’est pas !

L’idée peut paraître baroque, voire incongrue. Mais il symbolise un moyen assez efficace d’approcher l’insaisissable ; l’invisible.

Or, comme le précisait René Char : « le visible n’est que l’épiphanie de l’invisible ».

Nous sommes parfaitement en accord avec le poète. Ce principe s’inscrit même en lettres d’or dans toutes les pages de nos romans…

C’est pour cette raison que la quête de l’Un néoplatonicien n’est nullement pour nous un gadget ou un désir stérile de retour aux origines. Cette quête étoffe et densifie la vision holistique du Monde que nous prônons avec obstination.

En effet, une approche « globale » du Monde et de nous-même implique :

–          l’acceptation d’une mise en abyme permanente. Ceci nécessite une approche totalement désinhibée de notre environnement et des êtres qui l’animent. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous travaillons ensemble et que notre duo littéraire fonctionne si bien…

–          une quête d’altérité qui brise et transgresse tous les tabous, toutes les barrières psychiques. Tous les carcans qui pèsent sur notre psyché et aveulissent nos énergies, nos capacités d’imaginer ; de construire…

–          une prise en compte de la fondamentale unicité du Monde et de notre univers. Cette réflexion « hénologique », et parfaitement néoplatonicienne, est totalement indépendante de toute croyance religieuse.

Ce dernier point est fondamental.

Le fait de croire en un Dieu unique, en plusieurs divinités, en un principe naturel primordial, ou d’être athée, n’a aucune importance ici. Seule compte notre volonté de regarder plus loin, plus haut. Plus large.

Une vision « panoramique » du Monde, des autres et de soi-même en quelque sorte.

D’éveiller enfin nos potentialités en les confrontant aux vrais défis de l’Homme : utiliser à 100% son cerveau et ses émotions afin d’exhausser nos ambitions bien au-delà de la lie du quotidien.

Pas facile il est vrai.

Mais l’enjeu est passionnant et la finalité est vitale.

Alors… on commence quand ?

Hypathie d’Alexandrie : la beauté torturée, l’intelligence assassinée…

Certains être humains ont un destin exemplaire (et parfois tragique) qui les positionne au-delà de la condition humaine. Leurs actions, leur idéaux, leurs prises de position, symbolisent alors la précellence absolue de la pensée sur la lie du quotidien.

La belle Hypathie d’Alexandrie se situe au Panthéon de ces êtres d’exception qui redonnent un peu de fierté à une espèce qui -en quelques décennies- s’obstine à détruire notre planète.

Née en 370 et fille du philosophe et mathématicien Théon d’Alexandrie, Hypathie reçue une éducation brillante dont elle fit le meilleur usage.

Nous signalons immédiatement ici le livre de notre ami Jean-Pierre Luminet :  Le bâton d’Euclide qui décrit avec élégance la vie d’Hypathie et son funeste trépas.

Peinture : Alma-Tadema

Peinture : Alma-Tadema

Il est toujours déroutant, lorsque l’on examine la situation précaire de centaines de millions de femmes vivant continûment sous la contrainte dans notre société dite moderne, de constater que, pendant l’Antiquité et le Moyen-âge, les femmes de l’aristocratie bénéficièrent très souvent d’un accès direct à la culture dans sa définition la plus noble et la plus ambitieuse.

Accès presque illimité par ailleurs, puisque certaines jeunes femmes particulièrement douées purent occuper des postes importants et enseigner des matières réputées difficiles, telles que l’astronomie, les mathématiques ou la philosophie.

Hypathie d’Alexandrie symbolise presque idéalement l’archétype de la femme comblée par les Dieux et dont les capacités intellectuelles peuvent légitimement faire rougir de honte tous les machistes.

Faisant rapidement preuve d’une très grande agilité d’esprit, Hypathie d’Alexandrie combina tout naturellement l’élégance de l’âme et l’élégance physique. Sa beauté subjugua ses contemporains et sa renommée s’accrue au rythme des démonstrations éloquentes de ses capacités à analyser et à enseigner.

Férue de mathématiques et d’astronomie, elle rédigea de nombreux ouvrages avec son père, dont un commentaire relatif à l’Almageste de Ptolémée et une critique des Eléments d’Euclide. Elle focalisa ses recherches sur les travaux d’Appollonius relatifs à la géométrie des sections de cône. Ces études, a priori confidentielles et quelque peu hermétiques, permirent d’importants progrès quant aux définitions des hyperboles, paraboles et ellipses, qui constituent encore le menu favori de nombreux lycéens et étudiants à notre époque.

Mais, indépendamment de ses nombreuses recherches scientifiques, elle se soucia aussi de philosophie et enseigna au Muséum. Elle put ainsi enrichir et commenter les textes de Platon, Héraclite, Plotin ou Aristote.

En 400 elle se retrouva à la tête de la prestigieuse école néoplatonicienne d’Alexandrie, démontrant ainsi l’excellence de ses analyses philosophiques et la finesse de son jugement.

Aucun de ses travaux n’ayant pu nous parvenir en raison de l’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie, nous pouvons toutefois glaner quelques anecdotes et détails éclairant sa vie.

Selon le philosophe Synésios de Cyrène, elle était louée pour sa grâce naturelle, sa disponibilité d’esprit et sa gentillesse. C’est ainsi qu’elle conseilla Synésios dans la construction d’un hydroscope (un instrument ressemblant à une clepsydre mais mesurant le poids de l’eau et non son volume), d’un astrolabe, ou pour l’élaboration de cartes géographiques fiables.

Dans le domaine philosophique, ses qualités pédagogiques et la profondeur de ses synthèses impressionnaient ses élèves. Rappelant régulièrement que l’Amour symbolise toujours notre recherche effrénée de l’archétype du Beau, Hypathie d’Alexandrie demeure très étrangement notre contemporaine, notre amie.

Notre sœur de cœur…

Hélas, sa vie s’acheva tragiquement en 415.

Néoplatonicienne, la fille de Théon était non chrétienne. Bien que ses relations avec les chrétiens d’Alexandrie fussent généralement amicales et sans ambiguïtés, cette particularité posa progressivement problème. Le fait qu’elle soit simultanément universellement appréciée et païenne, irrita profondément certains intégristes locaux qui préfigurèrent sinistrement ainsi les sombres heures de l’Inquisition qui déshonora l’Histoire du Monde à partir du pape Grégoire IX.

Cyrille, patriarche d’Alexandrie, excita la haine de certains de ses moines. Fanatisés, ceux-ci décidèrent de lyncher Hypathie, éradiquant ainsi le capital de sympathie que son enseignement véhiculait.

Après l’odieux massacre, le corps de la malheureuse fut traîné dans la ville et mis en morceaux à l’aide de fragments de tuiles.

La raison invoquée était que l’existence même d’Hypathie, brillante mathématicienne et philosophe enseignant le néoplatonisme,  constituait un réel danger pour le christianisme et un frein notoire à sa diffusion.

On peut aisément imaginer que le fait qu’elle soit une femme, et très belle d’après les échos de ses contemporains, ajouta encore à la haine de ces moines inféodés à des conceptions religieuses étroites et obtuses.

En guise de récompense, Cyrille fut canonisé ; puis promu Docteur de l’Eglise en 1882…

La mort révoltante d’Hypathie généra une kyrielle de séquelles inattendues et très lourdes de conséquences pour l’avenir de la région.

Inquiets après cette tragédie ressemblant étrangement à une exécution en règle, de nombreux mathématiciens et philosophes s’exilèrent et partirent pour la Perse ou pour l’Inde. C’est ainsi qu’Alexandrie cessa rapidement d’être le centre unanimement reconnu de l’enseignement de la Philosophie et de la Science, laissant progressivement la place à des cités et à des civilisations plus accueillantes, plus ouvertes à l’imagination créatrice et à la rigueur intellectuelle.

On peut citer ici les civilisations byzantine, sassanide, indienne ou chinoise.

Inéluctable désormais, le lent déclin de l’Occident s’affirmait un peu plus ainsi et, dans les domaines scientifiques en tout cas, il fallut attendre le début de l’ère industrielle pour assister à la résurrection de l’innovation scientifique et technique.

Indirectement, l’horrible trépas d’Hypathie d’Alexandrie occasionna un bouleversement colossal dont les ondes de choc se firent encore sentir 1 000 ans plus tard.

Etrange destinée…

Mais, au-delà de la mathématicienne géniale et de la philosophe païenne, il faut prendre en compte la femme et ses richesses intimes. Cultivée, radieuse et adulée par ses proches, Hypathie demeura un symbole d’humilité et manifesta très tôt son attachement à des valeurs humanistes simples qui trouvent fort peu d’échos chez nos contemporains.

Soucieuse d’un enseignement de qualité et responsable de ses actes comme de ses pensées, elle assuma sa vie de femme, de scientifique et de philosophe, sans jamais souiller son âme au contact impur des compromissions, des faux aveux et des repentirs hypocrites.

Comme l’écrit magnifiquement Charles Marie Lecomte de Lisle dans ses Poèmes antiques lorsqu’il évoque la vie d’Hypathie et son tragique destin :

« Elle seule survit, immuable, éternelle,

La mort peut disperser les univers tremblants,

Mais la beauté flamboie et tout renaît en elle,

Et les mondes encore roulent sous ses pieds blancs ! »

Quelle femme, quel homme aussi par ailleurs, dédaignerait une semblable épitaphe : la mort peut disperser les univers tremblants, mais la beauté flamboie et tout renaît en elle…

Bien au-delà du tombeau, bien au-delà des convenances et bien au-delà des stéréotypes faciles, cette appréciation du poète a valeur d’exemple. Elle confirme définitivement l’exceptionnelle stature de cette femme inspirée qui sut sublimer en elle les plus hautes valeurs morales et culturelles de son époque.

Et qui paya pour ce faire un prix exorbitant. Le prix de la honte.

Mais cette honte qui doit logiquement nous étreindre lorsque l’on songe à ce funeste épisode, se métamorphose lentement et nous conduit à une forme inattendue et radieuse de rédemption.

Hypathie fut injustement tuée. Hypathie fut atrocement mutilée par des hommes qui singeaient alors un combat divin aux motivations obscènes.

Hypathie nous force à réfléchir sur nous-même, car chaque jour qui passe réitère odieusement la sinistre besogne. Toutes les femmes martyrisées et méprisées en 2009 ne sont pas toutes des mathématiciennes.

Elles ne sont pas toutes des philosophes ou des astronomes de talent.

Elles ne ressemblent pas toutes à la sublime Hypathie d’Alexandrie qui conjuguait idéalement beauté, générosité et intelligence.

Mais aujourd’hui elles sont toutes sa sœur cadette.

Et il est vraiment temps que notre honte se transforme enfin en rédemption salvatrice.

Il faut faire vite. Très vite…