
Une chronique d’Ereshkigal :
Terme souvent employé depuis quelques années, la résilience est généralement définie comme un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre dans le malheur et à se reconstruire d’une façon socialement acceptable. Émouvant, cruel et optimiste à la fois, Ereshkigal est un étrange roman mêlant certaines réalités historiques à une science-fiction onirique qui emporte le lecteur dans des dédales insoupçonnés.
L’intrigue se déroule principalement en 1352, c’est-à-dire à la fin de l’épouvantable épidémie de peste qui décima une partie de l’humanité au milieu du XIVe siècle. Deux personnages principaux vont être confrontés à un drame si total, si absolu, qu’ils auront le sentiment d’être déjà morts. Cependant, ce récit n’est pas une lente descente aux enfers devant logiquement s’achever par le suicide d’un bourreau et d’une victime. Invisible et insaisissable au début, un puissant ressort finira par les animer. Ils dépasseront leurs peurs et leur affolante quête de leur propre mort. C’est à cet instant que la résilience prendra son essor en sublimant la boue et l’horreur d’une humanité félonne afin de les métamorphoser en joyaux du cœur et de l’esprit qui seront susceptibles de porter secours à d’autres malheureux. La narration est parfois cruelle, implacable même. Mais l’or brillant et chaleureux d’un devenir éclairé par l’espoir apparaitra peu à peu en filigrane.
Ce roman est aussi un récit de science-fiction avec la présence, évanescente et pertinente en même temps, de créatures immatérielles qui vont faire office de fil d’Ariane au sein du labyrinthe de leurs émotions, souvent violentes et contradictoires.
Un récit qui se poursuit longtemps après la lecture de la dernière page car il révèle simultanément un épisode tragique de l’histoire du monde tout en explosant la carapace des certitudes réconfortantes que l’on utilise trop souvent afin de se protéger des abîmes qui grondent en nous.
Lien vers la chronique : https://www.babelio.com/livres/Oksana-Ereshkigal/1506207?fbclid=IwAR3JRAk1jZMmKt6vt1gkPcIgGktZ0R1FeDvNn-XCmNnQMXn2kqcuVnLwLQo

