Nouvelle interview pour Mediapart : « Les métamorphoses d’Eros » et le « Projet Hypérion »

Le projet Hyperion » : la science-fiction vu par Gil et Oksana

11 septembre 2012 Par Yannick Comenge

 

ITW par Yannick Comenge et Hélène Loublier

 

 

Bonjour Oksana, Bonjour Gil,

 

Vous semblez tous les deux captivés par ces mondes de fiction. Que trouvez-vous chacun dans l’écriture de ces textes ?

 

Oksana :

Les contraintes de la vie forment des verrous intellectuels. Pour la fiction, c’est le contraire, elle ouvre l’esprit. Dans le monde du charme, j’aime jouer avec mon corps. La sensation qui me fait vibrer en écrivant, c’est de jouer avec la plume et mettre mon âme à nue.

Gil :

La science-fiction permet de débrider totalement notre imagination. Elle ouvre en quelque sorte le champ de tous les possibles. En imaginant des univers complets situés dans des mondes décalés dans le temps, comme dans l’espace, nous pouvons mettre en lumière des sensibilités extrêmes, des sensualités nouvelles, des transgressions à la limite du possible. On peut noter par ailleurs que dans l’un de nos deux prochains romans : « Zalmoxis » nous mettrons en scène des transgressions physiques et psychiques qui surprendront nos lecteurs. Façonner des mondes de fiction, c’est se projeter dans les replis les plus étonnants de notre « moi » intime tout en frôlant du doigt des êtres et des situations hors-normes. Cette opportunité est très féconde et nous apporte un réel plaisir. Lorsque ce plaisir est partagé par nos lecteurs, le roman devient multiple et chacun peut se l’approprier en recréant ses propres univers. La magie de l’écriture se métamorphose alors…

 

Pour quelles raisons avez-vous décidé d’écrire un essai comme « Les métamorphoses d’Eros » ?

 

Oksana :

Les Métamorphoses d’Eros reprend la thématique de Katharsis sous forme d’un essai. Selon la mythologie grecque, Éros est le Dieu de l’Amour, de la création. Celui qui rassemble, qui unit. Sur scène, un artiste crée une complicité avec son public. Il peut changer de costume et interpréter de nombreux personnages. Tout le monde aime y croire. C’est assez facile. A l’échelon de l’humanité, est-il impossible de concevoir un monde sans frontière ni race ? C’est à dire de privilégier le bien-être de tous, malgré nos différences ?

Gil :

Ecrire un essai implique une discipline de pensée qui diffère totalement de la logique propre à la création d’œuvres de fiction. Ici on est dans le concret. Ici on est dans la vraie vie. Après avoir écrit « Katharsis » et discuté avec Yves Paccalet qui a préfacé notre thriller écologique, nous avons réalisé que tous les indicateurs sont au rouge au début du XXIe siècle et que nous avions peut-être quelques propositions à faire. Les analyses faites par Yves dans son remarquable essai-pamphlet : « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! » ont donc souvent enrichies nos réflexions.

 

Quels sont les principaux thèmes abordés dans cet essai ? Y a-t-il une priorité dans ces choix ?

 

Oksana :

Le sort de l’humanité est notre fil conducteur. Nous tentons de définir la place de l’Homme par rapport à son environnement et nous valorisons la féminité à travers une vision non réductrice.

Gil :

Le thème central se résume ainsi : pourrons-nous vivre ensemble sans nous entredéchirer lorsque nous serons neuf milliards sur Terre et lorsque de nombreuses réserves naturelles indispensables à l’Homme seront en situation de pénurie ? Si on observe la situation actuelle avec un minimum de lucidité, la réponse est tout simplement dans le titre de l’essai d’Yves Paccalet. Nous proposons donc de donner enfin à la femme le rôle qu’elle aurait toujours dû avoir et que notre société rechigne à lui donner. Nous proposons aussi de remplacer progressivement le principe de domination qui prévaut actuellement en le remplaçant par le principe d’association. Enfin, nous prônons une « vision holistique du Monde » qui prendrait en compte toutes les facettes de la vie. Ceci signifie essentiellement le respect de la Nature et une quête d’altérité qui valorise les différences, toutes les différences.

 

Au cœur de ce livre il y a un grand projet humanitaire : le « Projet Hypérion« . Pouvez-vous nous en parler ?

 

Oksana et Gil :

Comme beaucoup d’autres livres sur le sujet, notre essai contient beaucoup d’analyses et de propositions. Mais nous souhaitions matérialiser cette « vision holistique du Monde »  qui est au cœur des « Métamorphoses d’Eros » à travers un grand projet qui permettrait de concrétiser cette approche tournée vers les autres : https://oksanaetgil.wordpress.com/2011/12/14/le-projet-hyperion-extrait-de-notre-essai-les-metamorphoses-deros/

Ce projet humanitaire est né juste après le tremblement de terre qui a ravagé Haïti. Comme tout le monde, nous avons constaté la lenteur des secours et le grand désordre qui a suivi pendant de longues semaines. Le « Projet Hypérion » est donc la matérialisation d’une force logistique toujours prête à intervenir et qui se structurerait en sept bases judicieusement disséminées à travers la planète. En cas de tremblement de terre ou d’inondations catastrophiques, ceci permettrait de sauver de nombreuses vies en intervenant efficacement dans les vingt-quatre heures, et non plusieurs jours plus tard. En cas de catastrophe immédiate (tsunami par exemple) ces « bases Hypérion » pourraient permettre à des milliers de réfugiés d’avoir très vite accès à des cellules de survie évitant les drames sanitaires, psychiques et matériels qui suivent toujours ces tragédies. Les grandes catastrophes n’étant, heureusement, pas la situation habituelle sur Terre, les professionnels de ces bases et leurs moyens d’intervention seraient alors à la disposition des Nations-Unies pour toutes les opérations urgentes à mettre en œuvre en cas de famine ou d’autres séquelles des guerres. On peut signaler enfin que les effets désastreux et prévisibles du réchauffement climatique pour certaines régions du Monde s’inscriraient parfaitement dans le « cahier des charges » des « bases Hypérion ».

 

Comment pourrait-on concrétiser ce projet ? Est-il vraiment réalisable ?

 

Oksana :

La fiction d’aujourd’hui peut devenir la réalité de demain. Pourquoi pas ! Nous arrivons au terme de nombreuses ressources naturelles sur notre planète. Il y a de plus en plus de bouches à nourrir et il faudra forcément faire des choix. Le projet Hypérion apporte des réponses concrètes et un raisonnement utile qui s’appuie sur une logique différente. Bien sûr qu’il est réalisable ! Combien de fois, peut-on constater que les choses pourraient être faites de façon plus juste, mais que pour une « histoire de gros sous », il en est autrement ? C’est avant tout un vrai et courageux pouvoir de décision qui peut faire grandir ce genre de projet.

Gil :

La concrétisation du « Projet Hypérion » fait l’objet d’un chapitre entier de notre essai. Dans l’état actuel des choses, sa réalisation semble difficile car l’indifférence probable de plusieurs grands pays et l’impact financier ne militent pas en sa faveur. Mais si l’on tient compte du fait que : sauver quelques centaines de vies chaque année et apaiser les souffrances de dizaines de milliers de sinistrés a probablement du sens, certains de ces égoïsmes locaux, nationaux ou internationaux, pourront être combattus. Quant au coût, il faut se remémorer que rien faire ou agir trop tardivement est toujours très onéreux. L’exemple catastrophique du cyclone Katrina sur la Nouvelle-Orléans en Août 2005 en constitue un triste exemple. En raison d’une intervention lente et désordonnée, il a coûté au moins 80 milliards de dollars !

Nous ne sommes pas candides et imaginons aisément que de nombreuses personnes nous dirons que « ce n’est pas possible ». Mais si une seule proposition de ce « Projet Hypérion » est ultérieurement retenue, et si elle permet de sauver quelques vies, notre objectif sera atteint et nous n’aurons pas travaillé inutilement à ce grand projet humanitaire.

 

Lien vers l’article :

http://blogs.mediapart.fr/blog/yannick-comenge/110912/le-projet-hyperion-la-science-fiction-vu-par-gil-et-oksana

 

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